Le 5 novembre dernier, participant à la commission d’enquête parlementaire sur l’impact, la gestion et les conséquences de l’épidémie de coronavirus Jean-Pierre Door député LR du Loiret, ancien maire de Montargis, cardiologue, interroge sans détour le ministre de la Santé Olivier Véran : « Que pouvez-vous me dire sur la surmortalité invisible qui est occultée par le Covid-19, je pense aux cancers, je pense aux maladies cardio-vasculaires et autres ?», avant d’ajouter : «On a des certificats de décès que j’ai pu constater dans la mairie à laquelle j’appartiens, à savoir des personnes très âgées qui sont décédées, marquées Covid-19. Or, il n’y a jamais eu de Covid-19 chez ces patients. Donc, c’est le médecin qui a marqué Covid-19… on ne sait pas pourquoi. Il y a une surmortalité qui existe dans les certificats médicaux […] ».
“Une surmortalité invisible”
Jean Pierre Door 2018
Il faut croire que notre député, ancien maire et médecin, était mal renseigné. Et les réseaux sociaux s’emparent aussitôt du sujet en faisant valoir qu’un maire et encore moins un ancien maire ne peut pas consulter les certificats de décès. Ceux-ci se présentent sous une forme scellée, ce qui les rend inaccessibles aux services municipaux. Les seules informations consultables sont en effet d’ordre administratif.
Contraint de s’expliquer, Jean-Pierre Door a reconnu : « Je n’ai pas eu accès aux certificats, j’ai dû confondre, je parlais en fait d’un permis d’inhumer. C’est lors du dépôt du permis d’inhumer que les familles m’ont alerté en disant qu’il était écrit Covid-19 sur le certificat de décès, alors que ces personnes n’avaient jamais eu la Covid-19 ».
Suspicieux, le député du Loiret s’interrogeait tout simplement sur « une surmortalité invisible » qui rapporterait une prime aux hôpitaux ce qui est totalement faux. A la suite de cette belle sortie, Le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (Cépi DC) rappelle sur son site que, lorsqu’une personne décède, «le médecin remplit les deux parties du certificat et scelle la partie médicale. En cas de certification papier, le certificat est transmis à la mairie. En cas de certification électronique, seule la partie administrative du certificat, imprimée ou dématérialisée, est transmise à la mairie». Dans les deux cas, les causes de la mort ne sont pas accessibles au personnel municipal, aussi haut placé soit-il.
Des propos basés sur des on dit
Dès lors, sur quoi se fonde Jean-Pierre Door pour affirmer que des patients non décédés du Covid-19 ont été classés parmi les victimes de l’épidémie ? Penaud, le député du Loiret a dû reconnaître n’avoir pas consulté directement les certificats de décès, et s’être contenté de propos rapportés.
Contacté par plusieurs media l’ancien maire de Montargis a expliqué : « Plusieurs témoins me l’ont affirmé. Enfin, moi je ne suis plus maire, mais je fréquente encore la mairie et c’est le maire adjoint qui m’en a parlé. D’autres témoins me l’ont aussi écrit. Enfin, une infirmière libérale m’a confirmé que ça se faisait.» Autrement dit, la rumeur, rien que la rumeur.
La surmortalité invisible une réalité ?
« Loin de moi l’idée de nier la surmortalité liée au Covid. Mais je me demande ce qu’il en est des pathologies invisibles. C’est-à-dire, que sait-on des autres décès liés à d’autres pathologies ? Il faudrait vérifier, comme lors de la canicule en 2003. Il me paraît normal d’alerter là-dessus.» A-t-il ajouté. Une façon comme une autre de se rattraper aux branches.
En réponse, lors de la commission d’enquête, le ministre de la Santé, Olivier Véran a répété qu’en Ehpad, lors de la première vague de l’épidémie, «s’il y avait un cas Covid dans l’Ehpad et donc une épidémie identifiée dans l’Ehpad et qu’un décès était suspecté Covid, on l’identifiait Covid, on ne faisait pas de PCR post-mortem. Par contre, s’il y avait quelqu’un qui mourait d’une autre cause, d’un cancer ou d’une autre pathologie, et qu’il n’y avait pas lieu de suspecter un Covid, il n’y avait pas indiqué Covid».
Françoise Cariès