Après le prêt d’ordinateurs et l’accès aux bibliothèques universitaires pour les étudiants ayant des problèmes de connexion Internet, l’université d’Orléans lance un dispositif d’aide à l’acquisition d’un ordinateur. Une mesure qui suscite plusieurs critiques.
Capture d’écran du site de l’Université d’Orléans.
À l’instar d’autres institutions régionales, l’Université d’Orléans vient, à son tour, de lancer un dispositif d’aide à l’achat d’ordinateurs pour les étudiants “en difficultés financières”. Il intervient en complément du prêt de matériels amorcé tardivement à l’issue du premier confinement (350 appareils à terme) alors que les étudiants confinés vivaient, depuis plusieurs semaines, dans une extrême précarité.
« Nous cumulons plusieurs types d’aides en fonction de l’évolution de la situation sanitaire », explique Florence Abrioux, vice-présidente sortante en charge de la vie des campus. « Il faut comprendre que nous rencontrons plusieurs types de problèmes auxquels nous répondons ; des étudiants dépourvus d’ordinateurs ou en panne, en passant par des problèmes de connexion. D’où ces trois actions proposées. Prêt d’ordinateurs sur une période temporaire, accès à deux bibliothèques universitaires, à Orléans et à Bourges, pour s’assurer une connexion et désormais une aide à l’achat d’un ordinateur neuf ou d’occasion », poursuit Florence Abrioux.
Une aide de 100 à 400 euros…
Cette aide 100 à 400 euros fonctionne sur présentation d’une facture au nom de l’étudiant. Peut en bénéficier « tout étudiant régulièrement inscrit à l’université » qui rencontre des « difficultés financières », selon le formulaire en ligne. Si les étudiants boursiers sont prioritaires, l’université assure que « les autres dossiers pourront être évalués ». Même ceux des étudiants extra-Européens auxquels on demande un titre de séjour régulier ? « Nous demandons ce document comme dans toutes les autres universités », assure Florence Abrioux.
Pourtant, au lendemain de son entretien avec Magcentre, la fac d’Orléans retirait cette disposition, pour la plus grande satisfaction du syndicat étudiant UNEF qui avait déjà publié une pétition « pour qu’aucun étudiant ne soit pénalisé par la crise ». « L’université n’a pas vocation à vérifier la régularité des étudiants, affirme Marielle Brame, présidente de l’UNEF Orléans. Jeudi matin, on a eu l’information selon laquelle le titre de séjour serait retiré de ces demandes. »
Une situation qui rappelle les demandes d’autres documents confidentiels durant le premier confinement ou bien la différenciation des frais d’inscription pour les étudiants extra-communautaire, mesures qui avaient fait l’objet d’un puissant rétropédalage de la part de la gouvernance universitaire.
… une aide qui ne fait pas l’unanimité
Sur le fond, cette aide à l’achat ne fait pas, en interne, l’unanimité. « Tous les étudiants n’ont pas les moyens d’acheter un ordinateur, même avec cette aide. Quand on n’a pas d’argent, on n’a pas d’argent !, résume Corinne Leveleux-Teixeira, administratrice sortante. Le prêt d’ordinateurs est une solution efficace. Nous avons une Fondation qui pourrait jouer un rôle pour mobiliser des partenaires en ce sens. J’ai l’impression que l’université n’a rien anticipé durant l’été, malgré les enseignements du premier confinement. »
La majorité présidentielle sortante se veut rassurante quant au devenir des étudiants confinés durant cette deuxième vague. « On a un plan de secours évolutif en cas de confinement plus sévère », confie Florence Abrioux, assurant que les autorités ne naviguaient pas à vue. Durant le premier confinement, ce sont plus de 2000 étudiants, dont une majorité d’extra-communautaires, qui s’étaient retrouvés pris au piège dans leur chambre, sans revenu et totalement dépendant des distributions alimentaires organisées par des personnels bénévoles de l’université.
Mourad Guichard