L’hôpital de Blois est prêt à affronter le pic de l’épidémie prévu le 15 novembre prochain dans le cadre du plan blanc. Son équipe de direction a présenté une organisation flexible et partenariale le 6 novembre dernier, lors d’un point presse.
Delphine Yager, directrice de Cabinet, Olivier Servaire-Lorenzet, directeur du Centre hospitalier de Blois et le docteur Luc Dalmasso, président de la CME du CHB lors du point presse du 6 novembre 2020. ©Jean-Luc Vezon
Avec seulement cinq personnes en réanimation et 15 malades hospitalisés, la situation sanitaire à l’hôpital de Blois est bien moins lourde qu’aux CHU de Tours et d’Orléans (voir encadré ARS ci-dessous). Globalement, le Loir-et-Cher fait d’ailleurs partie des 10 départements français les moins touchés par la pandémie. (1)
Bulletin d’information de l’Agence régionale de santé au 6 novembre 2020. Source ARS
« Les indicateurs sont satisfaisants. Nous sommes sereins, confiants et déterminés car les pouvoirs publics nous laissent la marge de manœuvre pour nous organiser en fonction du terrain. Nous avons un temps d’avance sur l’épidémie », déclare Olivier Servaire-Lorenzet, directeur du CHB et président du Comité stratégique du Groupement hospitalier de territoire (GHT) 41.
Comme ses confrères, le fonctionnaire de santé se cale sur la modélisation de l’institut Pasteur pour organiser la réponse sanitaire la plus opérationnelle. Ce dernier prévoit ainsi un pic épidémique mi-novembre date à laquelle 70 % des lits du service de réanimation seraient occupés. En attendant, pas d’affolement à Blois où 90 % des hospitalisations concernent des patients non Covid. Les prises en charge des pathologies chroniques et des cancers continuent donc normalement.
« Nous avons prévu une montée en charge progressive et adaptée si la situation devait se tendre avec la mobilisation potentielle de 130 lits en médecine sur le GHT de Loir-et-Cher (Blois, Vendôme, Romorantin, Saint-Aignan). 60 seraient disponibles potentiellement à Blois dont 12 en réa avec 6 lits Covid », précise Olivier Servaire-Lorenzet.
Outil de gestion, la déprogrammation d’opérations non urgentes reste bien sûr possible. « Nous pouvons passer de 8 à 4 salles d’opérations mais nous jouons aussi sur la durée d’hospitalisation dans les services Covid qui est désormais de 8-10 jours contre 3 semaines lors de la 1ère vague », explique Luc Dalmasso, président de la Commission médical d’établissement (CME) et du collège médical du GHT 41. Et d’ajouter : « Des parcours individualisés en lien avec la ville, l’hospitalisation à domicile (HAD), les Services de suite et réadaptation (SRR) et les praticiens de ville sont mis en place pour une continuité des soins au domicile. »
Solidarité et entraide
L’établissement blésois travaille également « en bonne intelligence » avec la Polyclinique. Trois patients ont dû reste été transférés le week-end dernier dans cet établissement privé qui peut potentiellement ouvrir 20 lits Covid. Dans le pire des cas, un transfert de patients est enfin envisageable au centre hospitalier de Tours (Orléans est saturé).
La question des moyens humains reste d’actualité. Il faut en effet deux fois plus de personnels pour s’occuper des patients Covid+ que dans un service traditionnel (2). Concrètement, les patients Covid ont ainsi été répartis dans les services (à raison de 2). Parallèlement, une cellule de renfort a été mise sur pied prévoyant l’aide des étudiants de l’institut en soins infirmiers. L’assignation des personnels n’est donc pas d’actualité même si la direction reste vigilante compte tenu de l’absentéisme et des cas Covid.
Ajoutons qu’une cellule d’urgence médico-psychologique est opérationnelle pour prendre en compte la souffrance des équipes et que le CHB peut compter sur l’arrivée de sept nouveaux médecins recrutés récemment (gériatre, chirurgien, psychiatre, anesthésiste-réanimateur…). Olivier Servaire-Lorenzet et Luc Dalmasso concluent la conférence de presse en remerciant tous les personnels et soignants mais aussi de l’encadrement mobilisé H24 depuis le début de la seconde vague.
Jean-Luc Vezon
(1) décès depuis septembre, taux d’incidence de 273 / 100 000 (450 dans le 37).
(2) une infirmière et une aide-soignante pour 14 patients normalement mais seulement 2 pour 7 dans un service Covid.
Renforcement de la politique de dépistage
Le directeur de l’hôpital a annoncé l’acquisition d’un automate PCR encore plus rapide qui rentrera en service lundi 9 novembre. Il permettra de réaliser 72 tests (100 potentiels) avec des résultats dans les 4 heures. Cet équipement est par ailleurs mis à disposition de la Polyclinique. Côté stocks en équipement de protection (EPI), le CHB dispose en quantités suffisantes de masques FFP2, gants, surblouses et réactifs (« qui restent un point de vigilance »). « Je m’inscris en faux à la suite d’un article paru dans la presse locale qui affirme le contraire », tempête Olivier Servaire-Lorenzet en saluant « l’union sacrée de la communauté médicale ».