Ce 2 novembre, le débat d’orientations budgétaires 2020 a été précédé d’une minute de silence à la mémoire de Samuel Paty mais aussi d’interventions virulentes sur les deux affaires en cours.
Le 2 novembre 2020, lors du débat d’orientation du Conseil départemental de Loir-et-Cher, une minute de silence est observée en hommage à Samule Paty, professeur d’histoire-géographie, assassiné par un terroriste le 16 octobre 2020. ©Jean-Luc Vezon
« En France, on n’attaque pas l’école. En France, on n’assassine pas les profs. Dans notre pays, on respecte les professeurs. On ne les insulte pas. On ne conteste pas leur enseignement. L’école, c’est le bastion le plus sacré de notre république. C’est le lieu où la République prend tout son sens », déclare Nicolas Perruchot, président du conseil départemental de Loir-et-Cher dans son propos précédant la minute de silence en hommage à Samuel Paty suivie par les élus réunis à l’hôtel de département ce 2 novembre 2020.
Comme annoncé, Nicolas Perruchot propose que l’un des 27 collèges gérés par le département soit baptisé du nom du professeur d’histoire, Samuel Paty, décapité devant son établissement par un terroriste islamiste le 16 octobre dernier. Les représentants des groupes de la majorité (UPLC), du Modem et Loir-et-Cher Autrement (LCA) ont entériné le choix du collège blésois des Provinces.
« Nous ferons valider cette proposition par les élus et la DASEN » indique Nicolas Perruchot en souhaitant ardemment que « la violence cesse et que l’on trouve des solutions pour que les communautés vivent ensemble ».
Les affaires s’invitent au débat
C’est Benjamin Vételé, conseiller départemental d’opposition de Blois qui lance les hostilités déclarant à propos de l’enregistrement (à son insu) de Nicolas Perruchot le 7 septembre dernier : « Vos propos injurieux affaiblissent le Loir-et-Cher. Vous n’avez pas apporté la preuve des manipulations. Les faits sont avérés. Les Loir-et-Chériens attendent vos excuses. »
L’élu Génération.s a enchaîne sur l’affaire de faits et « comportements machistes, virulents même violents », tombant possiblement sous le coup de la loi, commis envers les conseillères Christina Brown et Isabelle Gasselin par un conseiller. Il s’en est pris une nouvelle fois violemment au président Perruchot : « Ces faits graves, qui ont entraîné une enquête de police, révèlent votre faute politique. Vous n’avez ni agi ni écouté vos collègues. »
Isabelle Gasselin, conseillère au conseil départemental du Loir-et-Cher, vient de porter plainte contre un collègue masculin pour comportements violents vis-à-vis des femmes. ©Jean-Luc Vezon
Benjamin Vételé aurait pour sa part souhaité la mise en place d’une cellule de recueil de la parole et la mise en retrait du collègue incriminé. Il a conclu son propos de façon polémique : « le Loir-et-Cher veut être un département rural, chic et connecté. Mais, c’est le département des 3 M : « manipulation, mensonge et machisme. »
Face à ce déluge de diatribes, les réactions de soutiens ne tardent pas. Pour l’UPLC, Catherine Lhéritier rappelle que le département est une assemblée paritaire, respectueuse de ses membres avec plusieurs femmes vice-présidentes ou conseillères déléguées. « Depuis 5 ans, l’ambiance est sereine et constructive », déclare l’élue, rappelant que Nicolas Perruchot a saisi le procureur de la république (il a déposé deux plaintes contre X pour atteinte à la vie privée et espionnage) et qu’il convient « de le laisser faire son travail ».
Isabelle Gasselin et Christina Brown portent plainte
Les deux élues ont finalement déposé plainte auprès du procureur de la République de Blois. « Ce comportement est abject. De tels faits ne doivent pas rester impunis. C’est la raison pour laquelle, j’ai porté plainte avec Christina Brown. Nous devons être solidaires entre femmes et oser témoigner » déclare Isabelle Gasselin, conseillère départementale de la Sologne. En visio depuis son domicile, Christina Brown affirme « qu’elle ne pouvait pas subir et se taire ». Évoquant « des brimades, des méthodes totalitaires » ou encore un bureau qui aurait été vidé, l’élue de Selles-sur-Cher, exclue des LR, remercie aussi le MoDem pour son soutien. C’est désormais à la justice de démêler cette affaire aux relents de règlements de comptes politiques.
Vice-présidente en charge des solidarités, Monique Gibotteau réplique elle-aussi avec fermeté : « Isabelle Gasselin et Christina Brown ne sont pas nos porte-paroles. Je milite contre les violences aux femmes depuis 2006. Elles ne sont jamais venues m’en parler. Je n’étais pas au courant. J’aurai réagi. Pour ma part, je n’ai rien subi ».
Présidente du groupe Loir-et-Cher Autrement, Geneviève Baraban n’a pour sa part « jamais observé de propos machiste à l’encontre des femmes bien au contraire ». « Je suis effarée sur le fond comme sur la forme ; j’attends que la vérité se dévoile complètement et que l’on sorte de se climat de défiance ». Et d’ajouter qu’en cas de plainte, « il faudrait que le département se porte partie civile ».
Président du groupe UPLC, Pascal Bioulac dénonce quant à lui « un enregistrement lors d’une réunion de travail privée » et souhaite que le dépôt d’une plainte clarifie la situation.
« N’est pas procureur qui veut »
Mis en cause, Nicolas Perruchot se place sur le terrain judiciaire puis politique pour répondre à Benjamin Vételé : « J’ai signalé ces faits délictueux au procureur. N’est pas procureur qui veut. Le rendez-vous se fera devant les électeurs lors des prochaines élections. Je remarque cependant que des proches de vous ont appelé à ma démission ».
Jean-Luc Vezon