A l’Aseck, la lutte contre les kilos est accompagnée

L’obésité n’est pas un phénomène marginal et le confinement amplifie ses risques. Près de la moitié de la population est en surpoids. Aux cotés de la Ligue contre l’Obésité, qui a alerté le gouvernement sur le sujet, des organismes en région se préoccupent à l’année de ce problème, à l’image de l’Aseck ou de Fedmind.

L’obésité est une maladie et doit être traitée comme telle“, assène Christelle Lefevre, la présidente de l’Aseck, la seule association du Loiret en ce domaine, implantée à St-Jean-de-Braye. Elle-même ancienne victime de l’obésité, cette cadre de la Croix Rouge à Paris a pris récemment la suite de la fondatrice de cette association créée en 2014, en liaison avec le docteur Abou Mrad, et s’investit totalement dans la cause. “Il ne faut pas prendre l’obésité à la légère. Cela ne doit pas être un sujet de moquerie ou de dénigrement. C’est un vrai problème de santé“.

La raison d’être de l’Aseck (association Ensemble contre les kilos) est d’accompagner les personnes obèses volontaires pour entreprendre une opération bariatrique (1), destinée à réduire les besoins alimentaires. “Il arrive que toute une vie, nous combattons nos kilos en trop ! D’échec en échec, il devient difficile de surmonter, ce qui nous entame profondément. Des solutions existent, telle que l’éducation thérapeutique. L’opération bariatrique, le cas échéant et en dernier recours“.

Cette décision ne peut pas se prendre à la légère. “Il en existe trois sortes, principalement, dont une irréversible. L’accompagnement doit se faire avant, pendant et après l’intervention“, précise-t-elle. Cet accompagnement se fait notamment au sein de l’association par des réunions mensuelles avec des “patients experts“, des personnes qui ont déjà eu cette opération, qui partagent leurs expériences, et profitent de celles des autres en s’entraînant, pour éviter l’échec.

Chaque mois, l’Aseck propose des ateliers ou conférences réunissant membres et “patients experts”. (Photo Aseck)

60 000 opérations bariatriques en 2 ans

Nous sommes conscients que cela ne fonctionne pas toujours. Perdre du poids, ce n’est pas uniquement surveiller ou réguler son alimentation. Cela joue au quotidien sur nombres de facteurs, tout autant psychiques que comportementaux. Quand vous avez été habitué à vivre avec plusieurs dizaines de kilos en trop, vous ne vous réadaptez pas comme ça. Certaines ont du mal à se reconnaitre dans leur glace, à accepter leur nouveau corps. Et, les premiers temps, vous avez tendance à vous mouvoir avec vos habitudes d’avant“. L’association compte aujourd’hui 25 adhérentes, majoritairement des femmes, mais ce n’est qu’un faible chiffre par rapport aux opérations réalisées. “Ces deux dernières années, il y a eu une moyenne de 380 interventions au CHR d’Orléans et plus de 60 000 au niveau national“.

Le sujet ne doit donc pas être pris à la légère. “L’obésité doit être réellement considérée comme une maladie chronique et récidivante. C’est une souffrance interne qui doit être prise en compte. C’est tout une éducation thérapeutique à étudier. D’où l’importance d’être accompagné même après l’opération bariatrique. Rien n’est acquis“.  Les réunions de l’Aseck ont lieu tous les premiers week-end du mois. Si celle de novembre, covid oblige, s’est faite par zoom, celle d’octobre avait eu lieu en présentiel, animée par Sophie Pouchoul, une conseillère en image, pour un atelier “Prendre soin de soi (maquillage, habillement, etc)“. En avril, justement, une conférence avait été programmée sur le thème “Covid 19 et obésité“, animé par Monique Romon. Car le confinement nuit à la lutte contre la perte de poids, comme l’a rappelé au gouvernement mi-octobre la Ligue contre l’Obésité, implantée à Montpellier, qui fédère au niveau national différents organismes luttant contre cette maladie.

Christelle Lefevre (au centre) et deux responsables de l’Aseck (Photo Aseck)

L’obésité rend vulnérable

Elle tenait à rappeler “au locataire de l’Elysée que le gouvernement s’est déjà trompé une fois en réduisant fin août la liste des critères de vulnérabilité. Une erreur de gestion de la crise. En mai dernier, à la sortie du confinement, un décret de l’État permettait aux malades chroniques de bénéficier d’un certificat d’isolement. (…) Au cours de la première vague de la Covid-19, les personnes souffrant d’obésité ont payé un très lourd tribut à la pandémie. Toutes les études françaises et internationales ont démontré, et ce à plusieurs reprises, que deux tiers des patients admis en réanimation souffraient d’obésité et que cette pathologie doublait le risque de mortalité”. Un appel qui, heureusement, a été entendu.

Christelle Lefevre ne veut pas limiter son combat contre l’obésité à la seule présidence de l’Aseck. Elle s’est rapprochée de Maïwenn Janovet, qui créa voilà quelques année l’association des obèses anonymes et qui, actuellement, au Lab’O, à Orléans, développe une plate-forme spécifique pour aider les personnes obèses, intitulée Fedmind. La force et l’originalité du programme Fedmind, explique cette dernière, “vient de l’ensemble de trois points inséparables pour un meilleur accompagnement : la psychologie, l’éducation nutritionnelle et l’activité physique adaptée. Là où les programmes classiques se concentrent sur l’alimentation et le sport, voire parfois un seul de ces deux axes, Fedmind apporte une solution complète en traitant à la fois les causes et les conséquences du surpoids“.

On pourrait en dire beaucoup sur l’obésité et sur ses conséquences, physiques comme psychologiques. Mais une chose est certaine, c’est en assimilant pleinement que c’est une maladie, et que cela se soigne que l’on avancera. En bannissant toute discrimination envers celles qui en sont victimes, de ce que l’on nomme la grossophobie, et qui ne fait qu’accroître les affections psychologiques des personnes concernées. D’où la nécessité d’un accompagnement des personnes qui veulent y mettre un terme. 

Jean-Luc Bouland

(1) Il existe 4 méthodes fréquemment pratiquées :  l’anneau gastrique ajustable (AGA); la gastrectomie longitudinale (GL) ; le bypass gastrique (BPG);la dérivation biliopancréatique (DBP). La gastroplastie verticale calibrée (GVC) tend à ne plus être utilisée.

 

 

 

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