Magcentre avait relaté, le 27 septembre dernier, les mots qu’aurait prononcé le président du Conseil départemental de Loir-et-Cher Nicolas Perruchot, envers les électeurs du département. Le discours avait alors fait des vagues dans la presse locale. Le débat rebondit désormais avec des accusations de divulgation des sources.
Point d’actualité quotidien de Nicolas Perruchot, président du Conseil départemental de Loir-et-Cher, depuis le début de la crise sanitaire de la Covid-19 (source facebook).
Ce qui ne devait être qu’un déjeuner de travail entre gens de la majorité départementale est devenu Règlements de compte à Ok Corral dans le Loir-et-Cher. Blois n’est peut-être pas Tombstone mais cela y ressemble de plus en plus, avec Nicolas Perruchot dans le rôle de l’un des frères Earp ou des frères Mac Laury, selon les versions !
Comme dans un Cluedo politique où l’on ne cherche plus à savoir qui est l’assassin et qui a tué avec un couteau dans la salle de bain mais qui veut plomber le président du Conseil départemental. Dans les couloirs de l’assemblée départementale on pose des questions, apporte des réponses plus ou moins claires et précises et désigne son ou ses coupables.
Tout cela sur fond d’informations tronquées ou pas, ou de divulgation des sources, ou pas. Que Nicolas Perruchot ait prononcé les phrases qui lui sont reprochées est une vérité que personne ne conteste désormais. Lui-même en convient même s’il considère que c’est un montage. Version plus ou moins démentie ou plus ou moins confirmée par la nouvelle conseillère exclue de la majorité Christina Brown qui assure que « il l’a bien dit (…) et plus encore ! ».
Au sujet de la captation et de la diffusion de l’enregistrement une plainte a été déposée. Elle devait être ciblée sur une « atteinte à la vie privée et espionnage ». La plupart des acteurs de la réunion l’aurait signée « sur un coin de table, sans la lire … » nous a-t-on précisé. Mais alors quel est ce mal qui perturbe tant la quiétude des nuits ligériennes du président du conseil départemental 41, hormis une communication peu inspirée et empêtrée dans ses dénégations ? On est loin du Lauréat de la Marianne d’or 2020 obtenu cet été, en partie, grâce à sa communication durant la pandémie.
Canard enchaîné, Nouvelle République et Nicolas Perruchot pas d’accord
Le souci est actuellement de savoir si, comme l’écrit Le Canard Enchaîné dans son édition du 21 octobre, La Nouvelle République du Loir-et-Cher, par le truchement de l’un de ses journalistes a indiqué, ou pas, la provenance du fameux enregistrement – qu’elle n’a pas utilisé, à l’inverse de nombreux médias nationaux quelques jours plus tard – et si Nicolas Perruchot n’aurait pas repris cette information pour lui dicter sa ligne de défense. Une divulgation des sources qui serait un sacré coup de couteau dans le code de déontologie des journalistes.
Si du côté de la presse quotidienne régionale (PQR) on s’indigne et clame l’entier respect de son code de morale professionnelle force est de constater que le libellé de la plainte contre X déposée pour le compte du département est explicite : « Monsieur le président en exercice du conseil départemental reçoit un appel téléphonique du directeur de la rédaction de la Nouvelle République, lui disant être en possession d’un enregistrement sonore de la réunion de petit déjeuner de la majorité du 7 septembre 2020. Il est nécessaire de préciser que le correspondant local de la Nouvelle République du Loir-et-Cher informait le président en exercice du conseil départemental que l’enregistrement litigieux lui aurait été remis par… » (Nous ne divulguerons ni nom, ni fonction).
Arrêt sur Image a mené une enquête et titré Rififi entre le Canard enchaîné et la Nouvelle République pour illustrer son propos. Il en ressort que les journalistes du Canard Enchaîné campent sur leur position, que la Nouvelle République ne démord pas de la sienne et que Nicolas Perruchot a bien mis en cause quelqu’un qui lui aurait été désigné. Tous les recoupements réalisés auprès des uns et des autres démontrent qu’il va être difficile à la vérité de sortir entre paroles des uns et paroles des autres. Dans un monde où l’on entend mais n’écoute que trop peu, où la compréhension est une option en plus du pack originel, démêler le vrai du faux s’avère fort compliqué.
À moins que tout cela ne soit qu’une application par Nicolas Perruchot du Théorème Pasqua : « Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien. »
Fabrice Simoes