Après la comparaison mettant en cause les électeurs du département et les écoliers du primaire, le président du Conseil départemental du Loir-et-Cher se retrouve au cœur d’une double polémique dont il se serait bien passé. L’une concerne une présomption d’agressions à caractères sexuels de l’un des membres de la majorité loir-et-chérienne, l’autre est un problème de déontologie journalistique (voir Loir-et-Cher#2)…
Christina Brown, conseillère départementale de Selles-sur-Cher. Photo CD41
Cela commence, cela se fait parfois entre gens de même orientation politique, comme un règlement de compte d’après ou d’avant échéances électorales. Et puis cela se transforme en une bouillie politico-judiciaire mal venue. Si on ajoute une communication pas tout à fait appropriée, cela éclaire d’un jour nouveau la politique au niveau du département de Loir-et-Cher. Le classique « Dieu me garde de mes amis, mes ennemis je m’en charge » devient alors la preuve que Dieu ne s’occupe pas beaucoup de politique …
C’est tout d’abord un communiqué de l’UPLC (Union pour le Loir-et-Cher) qui regroupe l’ensemble des élus de la majorité départementale LR et centre Droit, envoyé sur la messagerie de notre confrère de la Nouvelle République qui indiquait que Christina Brown, conseillère départementale pour le canton de Selles-sur-Cher depuis 2015, était exclue de l’Union.
Même jour, mais un peu plus tard, c’était au tour de Christina Brown de communiquer avec le journal local. Cette fois l’élue annonçait que « fidèle à mes convictions de droite et ma fidélité au parti Les Républicains dont je suis la secrétaire départementale depuis deux ans, c’est avec regret que j’ai décidé de quitter le groupe politique UPLC auquel j’ai adhéré depuis 2015. En effet, les futures élections départementales ont mis à jour des pratiques peu orthodoxes que je ne peux cautionner, notamment des comportements machistes, virulents même violents vis à vis des femmes de la part de certains conseillers sans aucune réaction de l’exécutif... »
Et d’évoquer les propos précédents de Nicolas Perruchot au sujet des Loir-et-Chériens : « Suite aux récentes parutions dans la presse concernant le président du conseil départemental, et même si je ne cautionne pas la méthode utilisée, je regrette que Nicolas Perruchot ne se soit pas simplement excusé des propos qu’il a tenu. Je pense avoir toujours été loyale et avoir toujours œuvré dans l’intérêt commun et surtout dans l’intérêt de nos concitoyens qui méritent notre considération. »
Un signalement déjà déposé, une plainte devrait suivre …
Isabelle Gasselin, Conseillère départementale de la Sologne, 6e vice-présidente chargée des collèges. Photo CD41
Le lendemain des ces échanges qui marquait la fin de l’entente cordiale un peu entamée déjà lors de la campagne des municipales à Selles-sur-Cher, c’étaient les responsables LR du Loir-et-Cher qui auraient adressé une missive à Christian Jacob, président du groupe au niveau national, pour préciser qu’ils suspendaient l’élue selloise de ses fonctions de secrétaire départementale.
La situation est forcément délicate pour un département où les LR ont comme fer de lance de la reconquête un Guillaume Peltier bien empêtré dans une gestion de crise évolutive. D’autant que, dans le contexte du #balancetonporc, une deuxième élue départementale est venue apporter plus que son soutien à Christina Brown… Elle aussi aurait eu à subir des gestes déplacés de l’un de ses confrères élus majoritaires !
Si les faits envers Christina Brown remonte au début de son mandat, en 2015, pour Isabelle Gasselin, 6e vice-présidente du conseil départemental, en charge des collèges et autre élue qui évoque le problème, les faits ne datent que de l’été dernier. Sur sa page Facebook elle demande même « À toutes les femmes qui ont subi comme nous d’un Conseiller départemental actuellement en place, n’hésitez pas, contactez moi. Qu’il ne s’agisse pas d’une agression comme je l’ai vécu, mais de seins touchés ou encore d’un fessier, il n’a pas le droit de le faire.Tout témoignage nous sera utile pour qu’il ne soit plus en état de nuire aux femmes ! »
Devant l’accumulation de ces actes potentiellement répréhensibles, le président Perruchot aurait déposé un signalement, au début du mois, auprès du procureur de la République. Ce dernier, selon France 3, a confirmé qu’une enquête préliminaire était ouverte… Par ailleurs si aucune plainte n’a été déposée pour le moment, selon nos informations, elle ne devrait pas tarder.
Surtout que toutes les conseillères départementales, 15 comme ces messieurs, ne sont pas sur une longueur d’onde identique. D’un côté, celui de la majorité, on voudrait mettre en avant la qualité du travail effectué depuis toutes ces années et ne pas confondre un sujet individuel justiciable, qu’il conviendrait de ne pas minimiser, avec de « prétendues » manifestations machistes ou misogynes qu’aucune d’entre elles n’auraient constatées… De l’autre, on préférerait l’expression de la solidarité envers les femmes victimes de violences, élues de l’assemblée départementale inclues…
Fabrice Simoes