Le 2 juillet dernier, trois chefs d’entreprise, Xavier Niel, Marc Simoncini et Jacques-Antoine Granjon, et le journaliste militant Hugo Clément ont émis la proposition d’un référendum d’initiative partagée (RIP) autour de la cause animale, avec le soutien de 57 associations de défense des animaux et de l’environnement.
Les chevreuils causent d’importants dégâts dans les cultures. ©Jean-Luc Vezon
Le RIP est une procédure définie à l’article 11 de la constitution permettant aux citoyens de faire changer la loi. C’est un instrument de démocratie participative qui est une forme particulière du processus législatif français, associant les électeurs à une proposition de loi, via un recueil de soutiens. Le RIP nécessite deux étapes/ être déposé par 185 députés ou sénateurs minimum et recueillir plus de 4 millions de signatures (correspondant à 10 % des électeurs inscrits) en neuf mois.
Six mesures sont présentées dans ce RIP :
- La sortie de l’élevage intensif (accès à l’extérieur obligatoire pour toute nouvelle exploitation, interdiction totale de l’élevage en bâtiment fermé sans accès à l’extérieur, à horizon 2040)
- L’interdiction de l’élevage en cage (à horizon 2025)
- La fin de l’élevage pour la fourrure (à horizon 2025)
- L’interdiction de la chasse à courre, du déterrage et des chasses dites « traditionnelles », telles que la chasse à la glu
- L’interdiction des expérimentations sur les animaux si une alternative est possible
- L’interdiction de l’utilisation d’animaux sauvages dans les spectacles de cirque ou de parc
Hubert-Louis Vuitton, président de la Fédération française des chasseurs de Loir-et-Cher (FDC41), de la Fédération régionale des chasseurs de Centre-Val de Loire (FRC CVL), vice président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et vice-président de l’Office français de la biodiversité, voit dans le RIP un réel danger pour la biodiversité et l’entretien des espaces naturels.
Hubert-Louis Vuitton, président de la fédération régionale des chasseurs du CVL et vice-président de la FNC. ©Jean-Luc Vezon
Vous dîtes que le projet de RIP est nocif pour le monde cynégétique, pourquoi ?
Hubert-Louis Vuitton : Derrière ces six questions touchant le bien-être animal se cache en fait une remise en cause de la chasse dans son ensemble. La vénerie du cerf et la vénerie sous terre sont d’abord visées par ce texte mais au-delà ce sont bien les chasses traditionnelles qui sont attaquées sans aucune raison valable. C’est une partie de notre patrimoine culturel, de notre monde rural qui est dans le viseur des extrémistes de la cause animale déconnectés de toute réalité. Si le RIP venait à passer, les conséquences seraient dramatiques pour l’économie de la chasse.
Où en sont les signatures de parlementaires ?
H-L.V. : À ce jour, 142 parlementaires ont signé le projet de RIP. Notre région est heureusement en retrait avec une seule signature, celle de Stéphanie Rist, députée LREM du Loiret. Je tiens à remercier l’ensemble des parlementaires de la région CVL de ne pas cautionner cette proposition dangereuse. Je compte sur eux pour inciter Mme Rist à revenir sur son choix. J’ajoute que les violentes attaques et menaces des extrémistes sur les réseaux sociaux en disent long sur leur projet à moyen terme : interdire toute forme de chasse. En refusant le dialogue, ces adeptes de l’écologie punitive montrent leur vrai visage, celui de l’intolérance.
Les fédérations de chasseurs accompagnent les agriculteurs pour replanter des haies. ©Jean-Luc Vezon
Quelles stratégies adoptez-vous face au projet du RIP pour défendre la chasse ?
H-L.V. : Nous devons défendre toutes les méthodes de chasse : sous terre, sur terre ou au vol car il n’y a pas qu’une seule chasse. Non, les chasseurs ne sont pas des assassins mais les premiers défenseurs des espèces et de la biodiversité ! Au quotidien, ils entretiennent et aménagent les espaces naturels de nos campagnes. Il est aussi prouvé que sans les chasseurs, il y aurait moins d’animaux sauvages. Ce message de responsabilité, c’est celui de la FNC dans sa communication mais aussi des fédérations qui agissent pour faire de la pédagogie et changer l’image de la chasse. Cela se réalise au travers notamment nos nombreuses actions (plantations de haies, gestion de milieux naturels…) et d’éducation à l’environnement. Les chasseurs sont conscients qu’ils ont la nature en partage et que les prélèvements doivent être raisonnables.
La saison de chasse 2020-2021 qui a débuté le 27 septembre dernier, est-elle impactée par la Covid-19 ?
H-L.V. : Tout se passe bien sur nos territoires avec comme mot d’ordre la sécurité en action de chasse et la courtoisie envers les autres utilisateurs de la nature. Notre priorité est aussi de prélever le maximum de sangliers dont les dégâts sont considérables sur les cultures et, je le rappelle, intégralement payés par les chasseurs. La facture est d’ailleurs de plus en plus lourde pour nos fédérations. Concernant les validations du permis, elles sont en légère baisse, c’est sans doute l’effet de la crise sanitaire. Je demande surtout aux gestionnaires de respecter scrupuleusement les mesures anti-Covid et de se tenir informé de toute évolution de la réglementation au cours de leurs parties de chasse. À titre personnel, je déconseille, les grands repas de chasse « enfermés ». Chaque président doit prendre ses responsabilités.
Propos recueillis par Jean-Luc Vezon