Entourée de ses tambourins de lumière, c’est avec les bras grand ouverts que la chanteuse Anita Farmine accueille le public ce samedi après midi dans le hall du Théâtre d’Orléans, invitée par la Scène Nationale à venir reprendre ses concerts interrompus depuis sept mois, pour remplacer celui prévu pour le Festival Jazz à l’Evéché annulé en juin dernier.
Et la voix d’Anita va droit au cœur de l’assistance, s’appuyant sur une mélopée originale, elle envoûte par sa tessiture forte et généreuse avec ce léger grain qui lui donne toute son originalité. Sa voix souffle un vent oriental au rythme d’une mélodie persane avant d’introduire avec tout le talent de ses quatre musiciens, un rock jazzy qui saute par dessus les frontières musicales dans un mélange des sources dont les compositions d’Anita illustrent la fécondité de sa création. Hommage à son père aussi dont la voix enregistrée ouvre la poésie des textes dans les deux langues, comme ce “Naboshan man” repris par le public pour dire “sans toi mon cœur serait froid, je ne serai pas” comme un Que serai-je sans toi farsi: l’émotion poétique servie par le génie musical de l’artiste.
Puis, extrait de son nouveau CD, Anita chante “Azadi”, hymne à la liberté, alors, bien sûr, elle voudrait parler de la souffrance des femmes iraniennes, mais elle n’oublie pas qu’aujourd’hui la France est touchée par la même intolérance avec l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty Et quand elle reprend sa chanson très folk, cette fois en anglais, “Seasons are dancing”, le son de la grande Joan Baez frissonne dans nos têtes.
Le public de ce deuxième Samedi de la Scène Nationale salua l’artiste debout, heureux de retrouver, le temps de cette musique qui l’avait comblé, le bonheur d’un concert d’une artiste orléanaise qui nous ouvre au monde et à la vie.
Gérard Poitou