Vers une Sécurité Sociale de l’Alimentation ?

Le 6ème Festival des Alternatives Alimentaires est maintenu cet automne à Orléans sous une forme réduite avec deux manifestation les 27 octobre et 3 novembre 2020, dont les horaires sont modifiés à cause du couvre-feu ( voir article). Pour le collectif d’associations et de citoyens qui organise cet événement, il est important de parler cette année de l’impact de la pandémie sur nos pratiques alimentaires, avec plus que jamais la nécessité d’un accès à une nourriture saine pour toutes et tous et de revenus décents pour ceux qui nous la procurent. [MISE A JOUR]

Présentation du 6ème Festival des Alternatives Alimentaires d’Orléans, Sylvie Nicolle, François Guiton, Marie-Dominique Dupont © SD

Ce FAA (Festival des Alternatives Alimentaires), créé en 2014 s’est fait connaître  en manifestant chaque année sur le parvis du théâtre en faisant la promotion d’autres modèles agricoles et alimentaires que ceux de l’agro-industrie défendus à Orléans par l’Openagrifood. Mais cette année, c’est l’idée (nationale) d’une Sécurité Sociale de l’Alimentation qui a retenu l’attention de ses membres.

Un projet qui s’appuie sur un constat renforcé par la crise sanitaire, à savoir d’un côté une précarité alimentaire accrue et de l’autre des agriculteurs qui n’arrivent plus à vivre de leur métier, sans oublier l’urgence environnementale. Mairie-Dominique Dupont, co-organisatrice de ce festival, y voit d’ailleurs « la continuité du thème de 2019 qui était “Des agricultures en transition et des alternatives à la grande distribution” avec l’idée de favoriser et multiplier les initiatives locales ».

Pour François Guiton, co-organisateur de ce festival, cette réflexion autour d’une sécurité sociale de l’alimentation « repose sur l’idée d’avoir des producteurs ou des transformateurs conventionnés suivant des principes généraux décidés nationalement comme base pour organiser la coopération entre les territoires mais affinés ensuite localement, à l’échelle des cantons par exemple ». Une petite échelle qui permettrait aux habitants de définir eux-mêmes ce qu’ils souhaitent en termes d’alimentation. Un projet ambitieux et vertueux qui bien sûr ne se fera pas du jour au lendemain. François Guiton reconnaît que « cette démarche va prendre du temps car elle va demander beaucoup de dialogue et de concertation ».

Il existe toutefois des amorces de cette approche d’une offre alimentaire bio, locale et vertueuse pour les producteurs et l’environnement avec les AMAP et les Paniers Bio du Val de Loire pour ne citer qu’eux. Des initiatives qui marchent très bien mais restent modestes face aux géants de l’agroalimentaire. Car même si des Français et Françaises ont changé leurs habitudes d’approvisionnement durant le confinement, en achetant notamment des paniers bio à la ferme – Sophie et Laurent Ducrocq maraîchers bio du “Potager gourmand” à Pierres en Eure-et-Loir ont vu leurs ventes décoller durant le confinement avec la possibilité désormais de commander en ligne – après le 11 mai 2020, beaucoup de personnes ont repris le chemin du supermarché.

Au cœur des villages, les marchés résistent à l’agroalimentaire. Photo Magcentre

Une pandémie qui permet de pointer également les besoins actuels de notre société : « Le Covid remet en avant l’importance du lien social, analyse Mairie-Dominique Dupond. Avec  le masque et les manifestations annulées, il y a aujourd’hui un manque de lien social. Et je pense que cette idée de Sécurité Sociale de l’alimentation peut répondre à ce besoin d’échanges et de liens qui n’existent pas dans les grandes surfaces ou sur Internet. »

C’est pourtant ce modèle de la grande distribution qui perdure comme l’indique Sylvie Nicolle, autre co-organisatrice de ce festival : « Vers Saran, il y a un énorme magasin discount qui est en cours de construction et qui va faire concurrence aux autres enseignes de la grande distribution, il y a entre eux une guerre terrible. » Sans oublier que les jeunes agriculteurs ont beaucoup de mal à s’installer aujourd’hui à cause de la grande taille des fermes. Mais là aussi des alternatives existent comme l’association nationale “Terre de Liens” très bien implantée dans notre Région et dont le but est de préserver les terres agricoles, de faciliter l’accès des paysans à la terre et de développer l’agriculture biologique et paysanne, tout en impliquant les élus des collectivités locales. 

Un film-documentaire La part des autres pour faire évoluer les mentalités

Le plus difficile est de faire bouger les mentalités. C’est pourquoi le Festival propose le mardi 27 octobre 2020 le film-documentaire La part des autres de Jean-Baptiste Delpias et Olivier Payage, au cinéma les Carmes à Orléans à 18h20, avec une fin du débat à 20h20 (attention, l’horaire a changé à cause du couvre-feu). Un film qui interroge l’aide alimentaire qui «s’installe dans la durée, mettant à mal les fonctions sociales, conviviales, citoyennes de l’alimentation. Dans un même temps, le système agricole ne parvient pas à faire vivre tous ses producteurs, tout en surproduisant.»

Un documentaire qui selon Sylvie Nicolle « montre bien qu’au départ la surproduction agricole était utilisée pour l’aide alimentaire mais maintenant c’est récupéré par l’agro-industrie qui fonctionne en circuit fermé ». La projection sera suivie d’un débat avec Mathieu Dalmais, agronome, membre d’Ingénieurs sans frontières et auteur de conférences gesticulées ainsi que Jean-Claude Balbot, paysan et membre des Réseaux CIVAM.

Le Festival FAA propose enfin une conférence à Orléans le 3 novembre 2020 à Canopé (ancien CRDP) à 19h (là aussi l’horaire a changé avec une fin du débat à 20h30) “Pour une écologie réelle, une sécurité sociale de l’alimentation” donnée par Bernard Friot, sociologue et économiste, chercheur à l’IDHEC et membre du Réseau Salariat.

Autant d’occasions données par cette manifestation militante de venir s’informer, mais aussi dialoguer et échanger sur notre alimentation d’aujourd’hui et de demain, qui comme aime à le rappeler Marie-Dominique Dupont « est une activité vitale de l’humanité qui ne devrait  pas tomber dans la charité ». 

Sophie Deschamps

Le programme complet de ce 6ème Festival des Alternatives Alimentaires est à découvrir… ici

 

 

 

 

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