Mardi soir au Théâtre d’Orléans, 21 castors se sont affrontés

Mardi soir à la Scène nationale d’Orléans, c’était trois en un. Trois pièces de danse pour un même groupe de jeunes étudiants-danseurs venus de Poitiers. De très beaux moments, un peu de flottement parfois, un soutien musical de poids et une équipe peu habituelle de jeunes sur scène.

Le Théatre Auditorium et l’Université de Poitiers ont lancé en 2016, 2017 et 2018 une proposition d’atelier. Gaëlle Bourges, Mickaël Phelippeau et Marlène Saldana et Jonathan Drillet y ont répondu et chacun a monté une pièce pour clore l’atelier par un spectacle.

Ils ont décidé de le rejouer, regroupant les trois moments en un spectacle global qu’ils ont présenté mardi soir à Orléans.

Les castors, c’est les autres !

C’est Castors (puisque tout est fini) qui a entamé la soirée. Les vingt deux (vingt et un, un danseur belge n’ayant pas pu venir), portant des têtes de castor, ont illustré des discussions sur les animaux, sur les autres, présentées comme une émission de radio. Malgré une scénographie bien cadrée, l’ensemble est resté vague. Les mouvements d’ensemble assez rares, la dispersion dans des coins de la scène, une certaine mollesse, un manque de rythme n’inclinaient pas à rentrer dans la danse. Pourtant la musique (le Zarathustra de Strauss à l’ouverture, rien que ça!) voulait imposer. Mais le travail de chacun retenait l’attention, la déclinaison individuelle de gestes collectifs questionnait.

Un défilé de danse

La pièce mise en scène par Mickaël Phelippeau , 22, portait justement sur l’individu et le groupe. La scénographie, ces passages de gauche à droite des danseurs qui revenaient et recommençaient, n’était pas nouvelle. Mais la déclinaison que faisait chaque danseu-r-se des mêmes gestes, et le regroupement parfois de petits groupes, créaient de très beaux moments de spectacle.

Et puis Front contre front, la pièce conçue par Gaëlle Bourges à propos d’un chapiteau moyenâgeux de Poitiers, était sans doute la plus aboutie. Une forêt de carton/colonnes permettait des jeux de présence-absence, la réunion de couples de danseurs était intéressante, la nudité des corps comme celui des sculptures, la simplicité du dispositif et pourtant son efficacité composaient un spectacle esthétiquement intéressant. Les gestes de danse au vocabulaire simple mais direct fonctionnaient.

Cette « troupe » de jeunes, pas forcément danseur-euse-s mais tous intéressés par cet art, formaient un groupe intéressant parce qu’inhabituel. Leur audace, leur naturel, leur enthousiasme ont emporté la mise.

Bernard Cassat