Ce samedi 17 octobre, Journée mondiale pour l’élimination de la pauvreté, sera l’occasion pour le gouvernement d’annoncer “des mesures fortes“. En région Centre-Val de Loire, des initiatives précises sont en cours, mais impactées par les conséquences de la lutte contre la pandémie.
La pauvreté a plusieurs visages, est changeante, mutable, atteignant les populations sans distinction d’âge et de sexe. Au delà des débats de société et des visions politiques divergentes, les états se doivent d’en enrayer le développement, quand ils ne peuvent à court ou moyen terme l’éradiquer à la source. Certes, une telle journée ne se célèbre pas, mais doit marquer surtout la prise en compte d’une réalité, et mettre en lumière des mesures concrètes, au delà des discours d’intention. Tel est le rôle des gouvernements, mais pas seulement.
C’est sur le terrain, au niveau local, que les actions sont les plus importantes, car adaptées aux besoins des personnes concernées. Ainsi, précisait cette semaine Pierre Pouëssel, préfet de la région Centre-Val de Loire, “lors de maraudes, à Orléans, cette année, depuis ma nomination, comme en Occitanie lors de mon précédent poste, j’ai pu me rendre compte des besoins réels des personnes vivant dans la rue, et des raisons pour certaines de refuser d’aller dans des foyers“. Ainsi, d’aucuns n’ont accepté un hébergement que si leur chien pouvait les accompagner, générant la création de chenils dans certains établissements, pour ne citer que cet exemple là.
De G à D : Didier Aubineau, Directeur général adjoint jeunesse sport et cohésion sociale, Jean Yves Douchez, Haut commissaire à la lutte contre la pauvreté, Pierre Pouëssel, préfet de région et Pierre Garcia, DIRECCTE.
Une précarité multiforme
Mais la lutte contre la précarité va bien au delà des personnes sans foyer, à leur accueil, à leur hébergement temporaire et à leur réinsertion dans une vie sociale décente. Elle doit aussi s’attacher à la prévention, principalement envers les jeunes de 16 ans et plus issus de quartiers déjà défavorisés qui, sortis des obligations de scolarité, doivent être accompagnés pour éviter de sombrer dans la délinquance, ou dans la misère. Cela concernera aussi des victimes de violences conjugales se retrouvant un jour à la rue, ou d’autres cas moins prévisibles.
“Avec les mesures contre la pandémie, certaines personnes qui jusqu’ici étaient considérées comme ayant une situation stable, se sont retrouvées en limite de précarité“. Un propos illustré par un chiffre cru : pendant le premier semestre 2020, la hausse de précarité sur la région aurait augmenter en moyenne de 10%, avec des variations évidentes entre les départements, et entre zones rurales et urbanisées.
En région, l’Etat apporte surtout des fonds, des aides, et met en place des systèmes, faute de fournir en nombre des effectifs dédiés. Tout se fait principalement par l’intermédiaire des collectivités locales, départements et communes, et par le relais d’associations. “En tout, c’est un demi-milliard d’euros que l’Etat apporte sur la région pour financer des actions concrètes“. Ces actions sont réalisées avec le soutien de pas moins de 25 partenaires, entre Education nationale et organisations professionnelles, services sociaux et fédérations syndicales et autres organismes bancaires, telles l’U2P, l’UNAPL et la CRESS, les principales devant faciliter un accès à l’emploi, donc à une source de revenus.
Solidarité à tous niveaux
Parmi les mesures déjà entreprises, on citera la “qualification des accueils de jours, des petits déjeuners dans les écoles, de la cantine à tarification sociale, des points conseils budgets, l’obligation de formation pour les 16-18 ans“. Au niveau régional, le soutien aux initiatives associatives ou locales concerne déjà 48 projets, dont deux déjà bien structurés, en partenariat avec la FAS et l’URIOPSS “pour faire suite à nos travaux sur la lutte contre les invisibles afin de renforcer les réponses à la situation des familles monoparentales, dont les femmes seules avec enfants dans le Berry“.
Le 26 octobre prochain, l’Etat signera le premier volet du partenariat avec la Région à l’occasion du Comité régional de lancement de l’obligation de formation des 16-18 ans. Un second volet interviendra à destination des lycéens dans les semaines suivantes.
Une pandémie aggravante
La liste est longue des actions menées, tant la précarité est diverses dans ses formes. Et, à côté des actions prévisibles, avec la crise sanitaire vient s’ajouter un troisième pilier aux réponses sur le terrain : celui des besoins essentiels du quotidien, en particulier en matière d’aide alimentaire. Une action qui n’est pas des moindres et qui fait face, comme l’a révélé par exemple le cas des Restos du coeur, à une situation inédite. L’appui sur les structures associatives dépend beaucoup de bénévoles, ces bénévoles se recrutent beaucoup parmi les retraités, et les retraités de plus de 65 ans sont aujourd’hui considérés comme “des personnes à risque” face au Covid. Ce qui ajoute à la complexité des aides à fournir, au delà du soutien financier réel apporté.
Jean-Luc Bouland