Enfin un rendez-vous annuel de jazz qui se maintient malgré les conditions difficiles ! Jazz au Moulin, à la MJC d’Olivet (Loiret), sera la seule manifestation de jazz de l’année, puisque ni les Rami, d’habitude couplées avec Jazz au Moulin, ni Jazz or Jazz n’auront lieu. Public réduit mais belle ferveur, cette première soirée de jeudi 15 octobre a proposé deux duo presque antinomiques.
Gabriel Lemaire (saxo) et Yves Arquès (piano) – Photo Claudelle
Gabriel Lemaire et Yves Arquès ont ouvert le concert. Saxos/clarinette et piano, qu’en fait on n’aura pas beaucoup vraiment entendus. Car Gabriel met en avant le bruit de son souffle dans l’instrument et Yves joue du piano sans (presque) enfoncer les touches. Duo qui joue sur la retenue, la finesse du son, qui cherche une substantifique moelle dans le dépouillement allant jusqu’au silence.
L’aventure est risquée. Elle demande un gros, très gros investissement de l’auditeur. Qui cherche un peu en vain la communication. Pas de mélodie, pas de rythme. Donc pas d’histoire, sauf celle que l’auditeur apporte, s’il est tant soit peu rompu aux exercices d’intériorité. On cherche en vain un sens, au moins une expression, le refus, l’anti-quelque chose, une réflexion en creux sur la musique. Mais rien n’accroche.
Alors se laisser promener par les sons ? Le chemin est si ténu qu’on est déboussolé par l’errance. Faire entendre le son du souffle est une belle idée. Mais se limiter à cela est un peu frustrant. Surtout, on le sait pour les avoir entendus dans d’autres formations, que ces deux musiciens sont excellents.
Louis Sclavis et Bruno Ducret – Photo Claudelle
Un autre duo plus tonique a fait la deuxième partie. Louis Sclavis, bien connu à Orléans pour avoir été très présent pendant Jazz or Jazz 2017, entre autres, est venu jeudi soir avec Bruno Ducret, un jeune violoncelliste. Étonnant accord d’instruments, mais en fait presque naturel, tant leurs sonorités sont proches ! Louis a surtout joué de la clarinette basse, avec son incroyable technique de respiration qui lui permet de jouer tout en soufflant.
Sans batterie et sans contrebasse, ils se remplaçaient pour assurer le tempo, et que ce soit le violoncelle joué au doigt ou les claquements de la clarinette, le beat était assuré. Et quelques moments à l’unisson on prouvé le parfait accord des deux instruments, créant un seul son nouveau et puissamment émouvant. En alternant des morceaux composés par l’un ou par l’autre, on s’est promené dans du jazz, avec notamment une magnifique envolée de Louis parti dans une impro remarquable, du plus ancré dans le folklore, des rappels de musique contemporaine.
L’ensemble très écrit n’empêchait pas des moments d’improvisation pour ces deux musiciens rompus au fonctionnement du jazz. Un Delta, petite suite magnifique, a clos le concert. Pas tout à fait : un bis a permis à Bruno de lancer un gospel caverneux et torturé tout à fait sidérant, montrant une fois de plus son talent.
Dans le respect total des mesures actuelles, il faut louer le travail de la MJC du Moulin pour assurer cette manifestation. Gérard Bedu à la programmation continue de choisir avec minutie des musiciens rares pour construire de belles soirées. En ces temps qui courent, le fait est remarquable !
Bernard Cassat
Jazz au Moulin
Maison des Jeunes et de la Culture
Le moulin de la Vapeur
127 rue Marcel Belot, 45160, Olivet
Une programmation proposée par Gérard Bedu
Vendredi 16 octobre 2020 à 20h30
Soirée deux concerts : Julie Bonnafont/Stéphane Montigny & Sylvain Darrifourcq
Manuel Hermia/Valentin Ceccaldi
Samedi 17 octobre octobre 2020 à 20h30
Soirée deux concerts : Sophia Domancich/Lila Tamazit
Manu Lorcat/Régis Savigny
Réservation obligatoire au 02 38 63 66 60 / TP : 12€ / TR : 6€ / Pass 3 soirées : 20€
Port du masque obligatoire