Agacés par les nombreux incidents qui affectent le trafic bus et tram de la Métropole orléanaise, des militants communistes dont l’élue Dominique Tripet, viennent de lancer un algorithme recensant l’ensemble des alertes. Leur but : dresser un état des lieux des dysfonctionnements afin d’obtenir un audit sur le service rendu par TAO (groupe Keolis), le délégataire de service public en charge des transports.
La ligne B du tram à Orléans, rue Jeanne d’Arc. Photo : Wikimedia
« Le tableau que vous dressez est un petit peu noir, quand même. » Quand l’élue communiste métropolitaine, Dominique Tripet, interpelle le président socialiste, Christophe Chaillou, au cours du conseil métropolitain du 24 septembre dernier, ce dernier semble ne pas mesurer l’ampleur des perturbations auxquelles sont confrontés quotidiennement les milliers d’usagers du réseau tram et bus de TAO (groupe Keolis).
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« À cause d’une perte d’exploitation liée au confinement, la Métropole va verser cinq millions d’euros à Keolis, mais sans demander de comptes, sans contrôle de la qualité du service rendu », explique Dominique Tripet. « Nous demandons un audit précis et, pour avoir une base objective, nous avons mis en place un algorithme qui capte l’ensemble des alertes incidents émises par le délégataire. »
Lancé le 27 septembre, cet algorithme a détecté 126 alertes et 238 départs de bus annulés en moins d’une semaine. « Quand TAO signale un incident, nous relevons la ligne, le caractère de l’incident, la date et l’heure », explique Schahin Karagoz, responsable des Jeunes communistes du Loiret. « Parfois, ce sont les internautes eux-mêmes qui signalent un incident sur les réseaux sociaux ou en nous envoyant un mail à l’adresse dédiée [problemetao@gmail.com] ». Aucune donnée n’est validée sans intervention humaine, une précaution qui permet de s’approcher au plus près de la réalité de terrain et d’éviter les doublons.
Un constat et une situation que le délégataire semble prendre au sérieux. « On a des difficultés à couvrir l’ensemble des services, il y a pas mal de courses supprimées », reconnaît Fabrice Mayer, directeur opérationnel du réseau TAO. « Nous sommes dans des proportions qui ne nous satisfont pas du tout au regard de notre cahier des charges ». En plus d’un matériel vieillissant, le délégataire affirme, en toute transparence, qu’il peine à recruter. « Nous avons mis en place un plan d’action sur ces deux axes, personnel et matériel roulant », assure le directeur. « Il nous faut recruter et former plus massivement ; ceci en améliorant notamment les conditions de travail et en luttant contre l’absentéisme ». Fabrice Mayer envisage, pour les lignes où les problèmes sont récurrents, de faire appel à un prestataire extérieur, même s’il sait la difficulté du moment à trouver des chauffeurs disponibles.
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Avant que l’algorithme ne soit mis en place, Dominique Tripet s’était inscrite aux alertes TAO pour les lignes 2, 7 et la ligne A du tram. En quelques jours, ce sont 75 incidents qui ont été signalés via son application mobile. « Il faut savoir que les conséquences de ces suppressions et de ces retards sont nombreuses pour les gamins des écoles qui se trouvent stigmatisés », souligne-t-elle. « Ils sont parfois obligés de prendre le bus précédent et d’arriver très en avance à l’école. Ce n’est pas une situation normale. » Dominique Tripet vient parallèlement d’interpeller le préfet du Loiret à propos de « la sécurité des voyageurs, des personnels, des matériels défectueux et de la sécurité sanitaire ».
TAO, de son côté, assure qu’elle regarde ce comptage d’incidents avec intérêt. « Nous avons naturellement nos propres statistiques mensuelles, mais nous allons regarder ces résultats et pourquoi pas les commenter », explique Fabrice Mayer.
Fin 2021, le délégataire de service public devrait voir une trentaine de bus thermiques remplacés par des électriques, la facture des matériels roulant étant réglée par la Métropole.
En 2018, quelque 35 millions de voyages ont été comptabilisés sur la Métropole, une fréquentation qui était en hausse de 4,9 % par rapport à 2017.
Mourad Guichard