La crise sanitaire que nous traversons est particulièrement difficile pour celles et ceux qui vivent dans la rue ou sous les ponts. Des associations se préoccupent heureusement du sort de ces personnes. C’est le cas notamment de la Maraude du Colibri créée en 2018 par le travailleur social Yves Bodard suite à ses Maraudes du jeudi. Le but, lui, est toujours le même : venir en aide aux sans-abri sans oublier les produits d’hygiène qui leur font souvent défaut. Avec parfois des coups de main qui font chaud au cœur comme cette remise de kits d’hygiène ce lundi 5 octobre à Saint-Jean-de-la-Ruelle.
Yves Bodard, Maraude du Colibri © SD
L’histoire est belle et mérite d’être racontée. En effet, Yves Bodard est contacté en février 2020, donc juste avant le confinement par des jeunes adultes sourds de l’Institut Régional des jeunes sourds (l’IRJS) de Saint Jean de la Ruelle(Loiret). Ces derniers souhaitent monter un projet autour des personnes en grande précarité : « Leur idée était de sortir ces personnes de leur différence, de leur handicap en les amenant à faire des petits tracts pour les distribuer au voisinage. En résumé, les sortir de leur isolement en les incitant à créer du lieu social. » Un projet qui se concrétise en deux temps : « Nous avons tout d’abord rencontré des adultes jeunes sourds au sein de l’Institut avec leur interprète et une éducatrice. J’étais accompagné de deux personnes qui ont connu la rue, pour qu’il y ait un moment de partage. Suite à cela, les jeunes sourds en formation ont souhaité mettre en place une collecte de produits d’hygiène. L’idée était qu’ils viennent les distribuer ensuite avec moi lors d’une maraude ».
Les maraudeurs du Jeudi© Mag Centre
Le confinement et les gestes barrière en décident toutefois autrement : « Pour ne pas mettre ces jeunes en danger, on a différé tout ça. » Mais loin de renoncer ils décident alors de procéder autrement : « Ils se sont rapprochés du coup des mamans de la maison de quartier de Saint-Jean-de-la-Ruelle. Elles connaissent mon travail parce que j’ai monté il y a un an une action avec les jeunes du conseil municipal stéoruellan et les dames avaient fabriqué au sein de l’atelier couture les kits qui contiennent les produits d’hygiène pour les sans-abris. D’où ce partenariat entre les jeunes et les mamans. Donc ce lundi à 14h30, il y a eu la remise officielle de ces kits d’hygiène conditionnés que l’on distribuera lors des prochaines maraudes. » Yves Bodard espère que les jeunes sourds pourront participer à cette distribution mais pas avant décembre : « C’est difficile dans le contexte actuel, parce que la maraude c’est un temps où l’on distribue mais aussi un temps d’échange et un moment convivial. Donc, on n’est pas forcément pressés de distribuer le produit de la collecte parce que ça a vraiment du sens de le faire avec eux. »
masques © 37°
La difficulté d’avoir un masque quand on vit dans la rue
Toutefois même si les masques ne sont pas présents dans ces kits d’hygiène au départ, Yves Bodard en ajoute à l’intérieur grâce à des couturières qui lui en ont fabriqué deux cents : « Dès que je peux, je glisse un masque et un petit flacon de gel hydroalcoolique. Du gel fourni par le député (Modem) du Loiret Richard Ramos mais aussi par les services préfectoraux de la cohésion sociale. Je le reconditionne dans des petits flacons pour en donner à un maximum de personnes. »
Des masques que les sans-abris ne peuvent bien sûr pas laver eux-mêmes quand ils sont en tissu , mais il y a des solutions : « On les oriente par exemple vers les permanences du Secours Catholique. Les SDF peuvent laver leur linge là-bas donc leurs masques aussi. Mais la réalité c’est qu’ils ont des masques qui sont juste un alibi pour ne pas avoir d’amende. Quand j’en distribue, il y a le côté préventif mais c’est aussi le fait de leur éviter une amende de 135 euros. Car pour l’instant la qualité des masques n’est pas contrôlée. Donc c’est à la fois, leur éviter des amendes mais aussi pour les sensibiliser un minimum à l’utilité des gestes barrière. »
Sophie Deschamps