Amélie Nothomb : « La jeunesse est un talent, il faut des années pour l’acquérir »

Chaque année, quand la rentrée littéraire se profile, la plus française des écrivaines belges revient avec un nouveau roman, le vingt-neuvième en 2020. Après « Soif » l’an passé Amélie Nothomb a pris place à l’étal des libraires avec « les Aérostats », un clin d’œil à la jeunesse. « La jeunesse est un talent, il faut des années pour l’acquérir » a-telle placé en exergue de son opus. Une étudiante en philologie donne des cours à un jeune lycéen dyslexique persuadé qu’il ne sait pas lire. Une ode délicate à la littérature, aux interprétations que chacun peut se forger en lisant ses chefs d’œuvre et à son côté formateur. L’an passé les Goncourt ne lui ont pas remis leur prix. « Elle vend trop », chuchotent entre eux les éditeurs. Serait-elle trop populaire, pas assez littéraire au sens littéral du terme ?

Amélie Nothomb en 2015

Il n’empêche la première édition de « Les Aérostats » fut tirée à 200 000 exemplaires par les éditions Albin Michel, qu’elle était épuisée à la mi-septembre et que la deuxième édition a suivi le même chemin. C’est donc qu’Amélie Nothomb faite baronne par le roi des Belges, touche un lectorat fidèle qui ne diminue pas.

Les romans d’Amélie Nothomb se lisent vite et même très vite. Ils sont fluides et donnent une grande place aux dialogues. Est-ce dire qu’on les oublie aussitôt ? Certainement pas. L’auteure impose sa personnalité et sa version de la légèreté.

Invitation à la lecture des chefs d’œuvre :

Mine de rien, sans appuyer, elle invite à la lecture. « En fait, l’acte de lire est tellement créateur qu’il n’y a pas plus romanesque que de voir des jeunes gens se donner des conseils de lecture. On voit qu’ils vivent intensément le texte. C’est un sentiment très fort que j’ai toujours en moi. » dit-elle dans presque tous ses interviews.

La littérature peut sauver, transformer, démontre-t-elle avec ce roman. Pie, son héros va devenir un très bon élève grâce à la littérature qui le sauve. Il comprend mieux le sens de sa vie et s’éveille à l’amour, mais pas seulement comme on le constate à la fin du roman. Pour corser l’histoire, Ange, son jeune professeur, se trans forme en même temps que son élève. Elle devient de plus en plus séduisante. Elle rend fou deux hommes, l’un de seize ans, l’autre de cinquante.

Peut-on ne pas être d’accord avec l’idée et le constat que « L’Iliade et l’Odyssée », « Le Diable au corps », « Le Rouge et le Noir », « La Métamorphose » sont des chefs-d’œuvre comme d’autres d’ailleurs ? Ils détiennent une telle force qu’ils traversent les siècles. Il ne faut pas craindre de mettre nos jeunes au contact de telles œuvres, elles ne sont pas plus difficiles à lire qu’un roman d’Amélie Nothomb.

F.C.

« Les Aérostats »

Amélie Nothomb

Albin Michel 180 pages ; 17,90 euros

 

 

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