par Jean-Paul Briand
La prochaine élection présidentielle américaine aura lieu à la fin de l’année. Officiellement le résultat de cette élection ne sera proclamé que le 2 décembre 2020, suivi par l’investiture du nouveau Président des Etats-Unis le 20 janvier 2021. Pourtant cette nomination, résultat d’un long et complexe processus électoral, sera sans doute connue dès le 3 novembre.
La plus grande démocratie du monde élit son président au suffrage indirect
Tous les 4 ans, depuis 1789, le mardi qui suit le premier lundi de novembre, soit le 3 novembre pour cette année 2020, tout américain de plus de 18 ans pourra voter. Il cochera, le plus souvent électroniquement, le nom du ticket présidentiel qu’il souhaite. Ce ticket associe président et vice-président d’un des deux partis qui dominent la vie politique des Etats-Unis. Pour les éléphants républicains ce sera Donald Trump avec pour vice-président l’ultra-conservateur évangélique Mike Pence, son actuel vice-président. Pour les ânes démocrates, le candidat présidentiel est Joe Biden et sa colistière Kamala Harris.
L’éléphant et l’âne sont les symboles respectifs pour les Républicains et les Démocrates inventés par le caricaturiste Thomas Nast (https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Nast). Pourtant, le 3 novembre prochain, les électeurs américains, au cours d’un seul tour de scrutin, n’éliront pas directement le prochain président mais leurs représentants : les « grands électeurs ». En effet, si les bulletins de vote portent bien les noms des candidats à la présidence, les votants ne les élisent pas directement. La plus grande démocratie du monde élit son président au suffrage indirect.
Le Collège électoral déterminera le « ticket présidentiel »
Le 3 novembre 2020, dans les 50 états, auxquels s’ajoute le Washington District of Columbia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Washington_(district_de_Columbia), soient 51 scrutins au total, le vote populaire désignera les personnalités qui constitueront le Collège électoral. Même si chaque état peut choisir son système de nomination, les futurs grands électeurs sont habituellement nommés directement par les partis politiques. Ils n’ont pas d’autre mandat électoral et ne doivent pas travailler directement pour les Etats-Unis. Les grands électeurs n’ont rien de commun avec les 535 membres des deux chambres du Congrès américain.
Donald Trump et Mike Spence
Pour chaque état, il y a autant de grands électeurs que de sénateurs (2 par état) et de ses représentants élus à la Chambre des Représentants, dont le nombre est proportionnel à la population. Le district de Columbia bénéficie depuis 1961 de 3 grands électeurs. Au total, pour tous les Etats-Unis, le Collège électoral est constitué de 538 grands électeurs. Pour qu’un candidat gagne l’élection présidentielle, il doit donc obtenir les voix de la moitié plus une du Collège électoral, soit 270 voix. Le 14 décembre 2020, le Collège électoral déterminera le « ticket présidentiel ».
Les résultats des swing states sont déterminants
Les États-Unis sont une fédération d’états. A l’issue des 51 scrutins populaires du 3 novembre 2020, les voix seront décomptées au niveau de chaque état fédéré. Lorsqu’un parti politique arrive en tête dans un état, tous les grands électeurs de ce parti sont élus, indépendamment du pourcentage de voix obtenu. C’est le système du « winner take all ». Même si l’élection du président, en tant que telle, n’a lieu qu’à la mi-décembre, le nom du prochain président sera probablement su dès le 3 novembre. En effet, les grands électeurs qui ont gagné les élections populaires respectent, à de rarissimes exceptions près, le vote populaire. Ils donnent leur voix pour le candidat pour lequel ils ont été élus. Certains états votent toujours de la même façon. L’issue du scrutin y est connue à l’avance.
Ainsi les « Blue States » comme le Minnesota, la Californie ou l’état de New-York votent habituellement pour le candidat démocrate alors que les « Red States » comme le Dakota du nord, le Dakota du sud, le Texas, l’Alabama ou le Kentucky choisissent le candidat républicain. Le district de Columbia est démocrate. A contrario, pour certains états, les « swing states », comme la Floride, l’Ohio ou la Caroline du nord, les résultats sont incertains. Les résultats des « swing states » sont donc déterminants.
Primaires et caucus
Bien avant le rendez-vous du 3 novembre 2020, dans chaque état, les partis désignent de plus, des délégués par un processus de caucus ou d’élections primaires particulièrement compliqué. Au terme des caucus et des primaires les délégués des partis organisent une convention nationale durant laquelle « le ticket », qui représentera leur parti, est sélectionné. Le choix du vice-président obéit à deux critères : il ne doit pas résider dans le même état que le candidat à la présidence et il est représentatif d’une autre tendance. Les caucus, réservés aux seuls militants, sont en vigueur dans une dizaine d’états. Ils consistent à organiser des assemblées pour débattre du choix des délégués et du ticket. Deux types de primaires existent :
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Les primaires « ouvertes » qui autorisent tous les électeurs, démocrates ou républicains, à participer, indépendamment de leur affiliation partisane ;
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Les primaires « fermées » ne permettent qu’aux membres du parti de voter.
Pour les Démocrates, la course à l’investiture a été laborieuse. Au départ il y avait 24 candidats, puis au caucus de Iowa (https://www.leparisien.fr/international/primaire-democrate-aux-etats-unis-comment-fonctionne-le-caucus-de-l-iowa-03-02-2020-8251524.php), qui est traditionnellement le premier rendez-vous de la course à l’investiture démocrate, ils n’étaient plus que onze. La pandémie de Covid-19 a obligé les Démocrates à tenir leur convention nationale de la mi-août sans la grande kermesse habituelle mais en ligne. L’ancien vice-président de Barack Obama, Joe Biden, a été désigné pour le poste de président et la sénatrice californienne, Kamala Harris, pour celui de vice-présidente. Pour le parti Républicain, les primaires et les caucus ne furent que des formalités : Donald Trump briguant un second mandat.
Le quarante sixième président des Etats Unis
Le mercredi 20 janvier 2021, nommé « Inauguration Day», la personnalité ayant obtenu les voix du plus grand nombre de grands électeurs prononcera les paroles : « Je jure solennellement que j’exécuterai loyalement la charge de président des États-Unis, et que du mieux de mes capacités, je préserverai, protégerai et défendrai la Constitution des États-Unis ». Il deviendra alors le quarante sixième président des Etats Unis.
JPB