On sait la tragique histoire des républicains espagnols en 1939, quand Franco gagne la guerre civile. Dans le flot de réfugiés, un homme de 29 ans, Josep Bartoli, dessine ce qu’il voit, ce qu’il vit. Aurel, dessinateur de presse, est tombé sur son histoire et ses dessins. Avec Jean-Louis Milesi, ils ont construit un scénario, et surtout une approche, pour raconter ce Josep.
Le jeune homme et son grand père – Photo Dulac
Dessinateur de presse et de reportages graphiques, Aurel a eu besoin d’un homme de cinéma pour construire un projet complexe. Il a rencontré Jean-Louis Milesi, scénariste et réalisateur qui connait les rouages de ce genre de projet. Il s’agissait là de raconter la vie de Josep Bartoli, dessinateur catalan qui a vécu toute cette période terrible de la Retirada, la retraite des républicains vaincus et décimés par Franco. Près de 500000 personnes sont passées en France dans des conditions effroyables.
Un scénario qui bouscule la chronologie
Aurel et Milesi ont choisi de scénariser cette épisode historique. Le véritable sujet du film, la puissance du dessin comme outil de témoignage, a structuré leur travail. L’idée de la transmission, autant des dessins de Bartoli que de l’histoire complexe de l’Espagne, leur a fait inventer un personnage de garçon au joli coup de crayon. C’est son grand père mourant, chez qui un dessin l’a toujours attiré, qui lui raconte. Alors policier et gardien des camps dans lesquels les Espagnol étaient parqués, il a fait des horreurs, mais a été touché par ce dessinateur solitaire et désespéré.
Josep dessiné par Aurel
Un rescapé dessiné par Josep
Josep, un dessinateur dessiné
En confrontant son style de dessins colorés au graphisme précis et très expressif de Josep Bartoli, Aurel déroule ainsi la vie de cet homme. Ses propres dessins sont dans la tradition des bd actuelles, même si les animer et les colorier a demandé un travail beaucoup plus important que de « simples » planches. Surtout que tout est soigné. Ces images dans la brume, au début du film, sont absolument prenantes. Il a créé une quinzaine de personnages qui existent autant par leur graphisme que par les voix qui les incarnent. Plus qu’un dessin animé, c’est un film d’animation, avec une vraie originalité dans les mouvements, dans le rythme des images, dans la progression de l’histoire. Et dans l’introduction de dessins de Josep, ces personnages tracés au trait, d’une main sûre, seuls ou en situation, avec en plus parfois des éléments de caricaturiste, la grande faucheuse ou un squelette.
Des témoins majeurs de leur temps
Josep va survivre aux camps, s’enfuir au Mexique ou il rencontre Frida Khalo qui lui fait découvrir la couleur, puis aller travailler à New York. C’est là que l’histoire se termine, le jeune dessinateur riche des paroles de son grand père et du fameux dessin complétant une expo du travail de Josep. Scénario simple et intelligent qui laisse toute liberté aux dessinateurs pour s’exprimer. Du début à la fin, on est tenu par cette animation inhabituelle. Et le pari est gagné : le dessin peut devenir un cri, le crayon une arme et les dessinateurs des témoins majeurs de leur temps.
Bernard Cassat
Josep
Réalisateur et directeur artistique : Aurel
Scénariste : Jean-Louis Milési
Musique originale : Silvia Pérez Cruz
Avec les voix de : Sergi Lopez, Gérard Hernandez, Bruno Solo, François Morel, Valérie Lemercier, Alain Cauchi, David Marsais, Sophia Aram
Distribution : Dulac Distribution
1h14
Avant première en présence du scénariste Jean-Louis Milesi lundi 5 octobre à 19h30 au cinéma des Carmes Orléans