Un événement attendu depuis longtemps par les habitants de Saint-Denis-de-l’hôtel (et au-delà!) a eu lieu le week-end dernier : l’ouverture au public de la maison de Maurice Genevoix « Les Vernelles » Ce lieu est connu des habitants qui ont frayé avec l’écrivain ou ses descendants (et ils sont encore nombreux!) et bien identifié par ses lecteurs, car les Vernelles, la Loire, la région… habitent bon nombre de ses écrits.
Les Vernelles 45 Saint Denis de l’hôtel.© AC Chapuis
L’événement n’était pas neutre, car il en précède un autre, très médiatique, qui va se produire le 11 novembre : la « panthéonisation » de Maurice Genevoix. Pour l’occasion, la famille et l’association des amis a proposé aux Vernelles un moment magique en trois dimensions : visiter la maison où l’écrivain a résidé et écrit, découvrir le paysage ligérien qui faisait partie de son quotidien, entendre un spectacle d’évocation « De Loire et de gloire » par Vincent Barraud, comédien et Julien Larere-Genevoix, petit fils de l’écrivain.
Les Vernelles
C’est un nom qui fait rêver, dont on a pu soulever le rideau grâce au livre de Sylvie Genevoix, fille de Maurice, dans lequel, photos à l’appui, elle présente la maison avec ses souvenirs émus et emplis d’affection pour son père et le lieu qu’il a acheté avec l’argent gagné lors du prix Goncourt en 1925.
La maison est à l’identique de ce qu’elle était au temps de l’écrivain. Elle est vivante par les souvenirs, mais animée aussi par les petits enfants qui l’ont conservée, et qui l’habitent régulièrement. C’est une maison qui vit, pas un musée, et quelle émotion de voir le bureau de Maurice Genevoix conservé à l’identique, son fauteuil, ses objets, ses productions… !
Le bureau de Maurice Genevoix tel que l’écrivain l’a laissé à sa mort en 1980 ©AC Chapuis
Cette visite révèle des aspects méconnus de l’écrivain. On connaît sa passion pour la nature, la faune, la Loire, la Sologne..on connaît moins ses talents de peintre, ses qualités d’observateur rigoureux de la nature et des animaux, ou son humour notamment quand il présente son auto portrait sous les traits d’un cerf des grands bois…
Julien Larere-Genevoix parle de son grand-père avec respect et émotion, lui qui l’a connu « à travers cette maison faite pour la vie joyeuse » et dans la poursuite des travaux de sa mère pour la promotion du véritable Maurice Genevois, « homme d’amitié, pas de réseau », insiste-t-il
Une évocation à deux voix
Un chapiteau monté pour la circonstance accueille ensuite le public pour une splendide évocation de l’homme et de l’écrivain. Son petit fils raconte en toute simplicité l’histoire de son grand père, à travers les épisodes de sa vie (son enfance à Châteauneuf-sur-Loire, la mort de sa mère, la guerre de 1914, l’académie française) ou ses expériences (la pêche en Loire, ses amis, ses personnages comme le célèbre Raboliot..) Ce récit est ponctué de la lecture scénarisée de textes choisis, interprétés avec justesse et brio par Vincent Barraud comédien.
« Ceux de 14 » entrent au Panthéon avec leur porte-parole
En conclusion, notre hôte rappelle l’entrée prochaine au Panthéon : un honneur, une reconnaissance, mais avant tout, souligne-t-il avec insistance, un hommage à tous ces jeunes qui sont partis en 1914 pour la grande guerre « Avec lui, s’ouvre la porte de « ceux de 14 », ces jeunes sacrifiés pour notre liberté »
Julien Larere Genvevoix présente un tableau de son grand-père intitulé « Auto portrait » ©AC Chapuis
Un beau message pour un public concerné et attentif, venu en nombre (1000 personnes comptabilisées sur les trois séances du week-end), pour rencontrer « l’enfant du pays ».
Les oreilles indiscrètes pouvaient d’ailleurs glaner ici et là les témoignages de visiteurs qui tenaient à signaler leur appartenance à cette (belle) histoire : j’ai bien connu..je suis souvent venu..je me souviens…
Un week-end placé sous le signe de la rencontre où l’homme public, l’écrivain, l’académicien a très vite laissé la place à l’ami, le proche, le familier, et à tout le moins à homme de cœur.
Anne-Cécile Chapuis