De nombreux proches et artistes ont rendu hommage, ce mardi, en la chapelle Saint-François de Saint-Jean-de-Braye, à Daniel Leclercq, sculpteur et artiste orléanais décédé mercredi 23 septembre à Paris des suites d’une longue maladie. Au cours d’une cérémonie empreinte de ferveur, ouverte sur une profonde sarabande de Haendel, des paroles de reconnaissance ont été adressées à ce sculpteur dont le talent et le souffle n’ont eu de cesse de surprendre et de toucher. Comme un dernier geste de l’artiste, cette cérémonie s’est déroulée au cœur d’une chapelle où se trouve “Crucifixion”, œuvre de 2016 de l’artiste. Le corps du Christ y est larme ou lave incandescente griffée à même la sève de l’arbre de la croix.
“Un compagnon de quête heureux”
Daniel Caspar, président de
l’association Couleur Vinaigre aura évoqué de manière émouvante et vibrante
“l’épicurien” et le
“stoïque au corps fragilisé”, l’allure, le sourire, le visage et les inquiétudes de l’homme :
“Salut Daniel, c’est Daniel… nous nous saluions ainsi…. C’était au téléphone souvent pour confirmer les dates et les heures des vernissages… Aujourd’hui, nous aimerions te parler encore pour organiser d’autres rendez-vous. Je ne sais pas si tu nous entends mais tes amis sont là. Tu as été toutes ces années un compagnon de quête heureux d’en découdre avec nos propositions étranges, heureux dans la création, toi qui savais utiliser toutes les techniques de la sculpture, terre, cuivre, fer, plâtre, cire bronze, résines. Celles nées de ton humour, mais aussi de tes angoisses. Tu as touché au génie, je pense surtout à ta récente boite d’allumettes agrandie au point que leurs rangées brûlées étaient devenues des silhouettes humaines martyres, ton hommage aux victimes de la Shoah, maintenant visible au Cercil d’Orléans“. “La blessure de cette absence”
Abel Moittié, président de l’association des Amis de Roger Toulouse, personnalité dont Daniel Leclercq avait souhaité qu’il prenne la parole lors de cette cérémonie d’adieu, a fait part de sa profonde émotion et salué la mémoire de
” l’homme sensible et généreux qui va tant nous manquer, ce créateur au sens majuscule du terme qui touche le cœur et qui surprend l’esprit.”
“Il était calme, pudique délicat, un homme vrai, un homme heureux qui nous laisse triste de le quitter” dit-il encore.
Benoit Gayet, président des
Artistes Orléanais aura quant à lui de nouveau évoqué
“la blessure de cette absence”, salué l’artiste qui aimait partager ses visions de l’art et créé des œuvres dont les Artistes Orléanais auront à cœur de préserver et magnifier l’écho.
Daniel Leclercq par Sylvie Desmoulin
“Le Boris Vian de la sculpture”
Pour éclairer la présence de Daniel Leclercq, délicat, attentif et respectueux du travail de chacun, nous avons demandé à
Sylvie Desmoulin, membre des Artistes Orléanais qui a réalisé ce beau portrait en pied de Daniel Leclerc auprès de Calvin saisi dans l’atelier de Mardié, de s’exprimer :
“Nous sommes évidemment très tristes, en deuil de la personne, de l’ami et également de toutes les œuvres auxquelles il n’a pu donner le jour et qui étaient encore dans ses projets. Pour moi, Daniel, c’est le Boris Vian de la sculpture, avec son humour décalé dans la représentation, et même dans ce qu’il pouvait représenter de pire, je pense ici à la représentation des fours crématoires de la Shoah ou à d’autres sujets comme son gisant qui représentait la mort autrement. Daniel était un homme austère, extrêmement sincère en amitié, généreux dans l’enseignement de son art, très exigeant pour lui-même et apportant un soin du détail extrême dans tout que qu’il faisait.”
Et Sylvie Desmoulin, qui admire notamment comment Daniel Leclercq a célébré le poète Gaston Couté, d’ajouter qu’elle aimait cette façon qu’avait le disparu “d’aller droit au but ” et “sa fulgurance dans la grâce et le dérisoire”.
Jean-Dominique Burtin