[Billet]
Au “ni droite-ni gauche” des marcheurs de la République, les élus de la Métropole orléanaise ont répondu par une étonnante, et pour le moins inattendue, union sacrée de la gauche et de la droite. Serait-ce un ballon d’essai de futures alliances en vue des présidentielles, on peut en douter, d’autant qu’entre temps, il y a les élections régionales où le PS aura fort à faire pour maintenir sa crédibilité face à la poussée écologique constatée lors des dernières municipales, sauf à Orléans évidemment .
Serge Grouard applaudissant le Président Chaillou
Non ce tandem Grouard-Chaillou ne risque pas vraiment de faire des émules et restera sans doute une curiosité locale voulue par l’éminent stratège des Républicains, qui se voyait déjà remplaçant son ami Fillon, mal en point dans la course à la présidentielle. Non, ce qui marque cette alliance contre nature, c’est cet étonnant discours d’ouverture de mandature qui découvre avec stupéfaction que les caisses de la métropole sont vides et qu’un gigantesque déficit estimé à 160 millions d’euros se profile à l’horizon imposant un sévère et immédiat coup de frein aux dépenses . Belle occasion pour la droite de faire avaler son chapeau à une gauche réputée dépensière qui devra ainsi ranger au placard ses engagements de campagne devenus soudainement irréalistes.
L’incapable prédécesseur
Mais le véritable incapable, c’est le prédécesseur, “le cumulard maire et président” de la Métropole qui avec sa folie des grandeurs et ses “dépenses inconsidérées” (et parfois injustifiées) a creusé le trou sans fond. C’est de bonne guerre en politique lors d’une alternance, sauf que là, il n’y a pas d’alternance ! Ce sont les mêmes qui ont voté, le président Christophe Chaillou en tête, pour le Com’et dont on découvre soudain un trou dont on ne sait pas trop s’il dépassera les 40 millions d’euros , nos élus auraient-ils mal lu le dossier ? Le MOBE dont le coût passe subrepticement de 5 à 15 millions d’euros avec deux ans de retard n’a-t-il pas été signé par le maire Serge Grouard ? Le téléphérique des Aubrais abandonné après deux ans de retard laissant un dédit de 7 millions d’euros sur un coût prévisionnel de 17 millions d’euros n’a-t-il pas été promu par Charles-Eric Lemaignen, alors président de l’Agglo et maintenant vice-président en charge des “grands équipements” (dont le projet Comet)!
La palme revient sans doute à notre adjoint aux finances, Michel Martin, réputé gérer ville et métropole en bon père de famille, qui semble soudain découvrir l’ampleur du désastre alors qu’il était lui-même adjoint aux finances d’Olivier Carré et qu’il a également voté toutes les dépenses inconsidérées de son président: peut-être lui a-t-il tordu le bras ? Quelle entreprise pourrait aujourd’hui reconduire dans ses fonctions une telle incompétence ? Ajoutons, et la coupe sera pleine, l’incongrue promesse électorale du candidat Serge Grouard de verser une aide exceptionnelle aux commerçants orléanais, qui découvre, une fois élu que cette aide est illégale.
La liste OSE (ou ce qui l’en reste) osera-t-elle assumer son opposition et dénoncer cette stérilisation du débat politique par un argument budgétaire, argument d’autant moins recevable que comme le rappelait récemment le préfet Pouëssel, le plan de relance post-covid de 100 milliards d’euros destiné à soutenir l’économie concerne aussi les collectivités locales qui auront l’ambition d’innover et d’investir ? Mais cet argent venu d’en haut n’a peut-être pas une bonne odeur pour certains élus…
Spectateurs écœurés d’un tel désastre politique, il faudra sans doute beaucoup de conviction aux Orléanais pour que l’envie de voter leur revienne.
GP