Les ratios financiers de l’agglomération se dégradent, la dette risque d’exploser : la fin de l’année et l’année 2021 s’annoncent plus que compliquées pour l’agglomération. Sans augmentation des impôts il va falloir tailler dans le vif, réaliser des économies et abandonner certains projets comme le téléphérique.
La nouvelle équipe de la Métropole ne va pas avoir la tâche facile dans les prochaines semaines notamment lors de l’élaboration du budget 2021. La dérive de certains investissements (Com’et et Mobe notamment), les dépenses nouvelles engagées avec la crise sanitaire et le manque de recettes mettent sérieusement à mal les finances de l’agglomération. Lors de la séance du conseil métropolitain tenu jeudi soir, 24 septembre, à La Source le vice-président aux finances Michel Martin a mis en garde ses collègues avec des projections financières potentiellement catastrophiques.
Face à une masse d’investissements programmés (544 millions sur le mandat), face à une baisse des recettes fiscales (9,5 millions) et des recettes transports (8 millions) le budget 2021 n’est aujourd’hui pas équilibré. Au fil de l’eau la dette augmenterait de 160 millions d’ici à fin 2021. Une dérive dangereuse d’autant plus que la crise sanitaire engendre de nombreuses dépenses (déjà 3,8 M€). Pour rentrer « dans les clous » les élus vont donc devoir faire des choix et couper dans les dépenses.
Un véritable gâchis
« Les arbitrages seront douloureux soutient l’ancien président Lemaignen des projets seront abandonnés ou reportés, d’autres seront priorisés et échéancés ». Première victime : le projet de téléphérique au-dessus des voies SNCFà Fleury pour desservir le quartier Interives. « Ce projet n’était plus adapté? explique le président Christophe Chaillou, nous avons d’autres priorités plus urgentes ». Pourtant ce téléphérique de 17 millions, voulu par Olivier Carré et Charles-Éric Lemaignen mais qui n’avait plus de défenseurs, était un élément indispensable à la réussite et à l’attractivité de la Zac Interives.
Sans téléphérique comment relier ces deux morceaux de Fleury : une passerelle de 400 mètres au-dessus des voies ferrées, un pont, une trémie souterraine ? Le flou total ! Ce que n’ont pas manqué de questionner l’ancien président de la Métropole et Matthieu Schlésinger pour qui l’abandon du téléphérique remet en cause l’aménagement d’Interives. Et cela d’autant plus que ce téléphérique a déjà coûté cher : près de 4 millions d’études, sans compter les indemnités de renoncement qui devront être versées aux entreprises lauréates. Un véritable gâchis.
Conseil de la Métropole orléanaise, le 24 septembre 2020. Photo Magcentre
La Métropole divisée
D’autres reculs devraient être annoncés dans les prochaines semaines. D’ici là, la Métropole s’est mise en ordre de marche en remaniant son bureau notamment après les injonctions de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique qui avait pointé des risques de conflits d’intérêts de certains élus.
Faute des transports qu’il convoitait, M. Lemaignen hérite ainsi des « grands équipements, des connexions métropolitaines et des parkings en ouvrage », tandis que Romain Roy reçoit la charge des transports. L’élection de ce bureau remanié a permis de mettre en évidence les divisions internes. Considéré comme « pestiféré » par la nouvelle majorité PS-LR le maire d’Olivet, Matthieu Schlésinger, est ainsi le membre du bureau le plus mal élu : 46 vois seulement sur 89…
Jean-Jacques Talpin
Grouard en a rêvé, Chaillou l’a fait !
Avec l’attelage baroque Grouard-Chaillou nous sommes entrés dans l’ère de la cohabitation métropolitaine. Ce duo peut être jugé légitime et pertinent si les deux parties en présence sont équilibrées.
Aujourd’hui la question fait débat après les premières déclarations de Christophe Chaillou qui semble installer ses petits pieds dans une pantoufle trop grande en reprenant une partie du programme orléanais de Serge Grouard : adieu donc au téléphérique, aux bus électriques, au transfert de certains équipements culturels orléanais comme le Mobe vers la Métropole.
Le règne Carré est certes fini mais il faut aller au-delà pour en détricoter patiemment les fils. Olivier Carré, peut-être visionnaire, peut-être dispendieux, voyait sans doute un peu grand avec son téléphérique pourtant soutenu par Charles-Éric Lemaignen. Mais pour un coût alors jugé acceptable (17 millions d’euros) il donnait « de la gueule » à ce projet Interives en solutionnant joliment la question du franchissement du faisceau ferroviaire. Donc pas question de « téléphérique Carré ». Et pas non plus de réseau de bus 100% électrique qui coûterait 100 millions d’euros.
Christophe Chaillou évoque le coût insupportable de tous les projets engrangés lors de la mandature Carré, soit près de 550 millions d’euros dont une bonne partie non financée. Olivier Carré a-t-il rêvé en voyant trop grand, voulait-il dépenser sans compter les deniers publics ? Mais n’était-il pas secondé par Michel Martin un financier jugé hors pair qui devait le conseiller et qui l’a laissé inscrire ces projets sans sourciller. Michel Martin, fidèle de Serge Grouard, aurait-il « enfumé » Olivier Carré pour mieux le « planter » aujourd’hui ?
Christophe Chaillou chargé de faire le « sale boulot » à la place de Serge Grouard reprend aussi le programme de la droite sur la gratuité des bus qui évoluerait vers une « tarification solidaire ». Et ce n’est sans doute que le début tant il faut effacer Olivier Carré des tablettes métropolitaines. On attend donc une réaction de Christophe Chaillou pour montrer qu’il n’est pas le « petit télégraphiste » de Serge Grouard mais un vrai président de Métropole.
J.-J.T.