“Teatime in Louville” : frissons de jazz et classique ardent !

 

A noter qu’au côté de ces deux instrumentistes conjuguant les couleurs de l’harmonium, du taragot (clarinette troublante des pays de l’Est), du chalumeau, de la sansula, de l’euphonium et du melodica, le batteur de jazz japonais Hidéiko Kan apporte sa rythmique d’une finesse féline et sans faille.

Sur ce CD de composition personnelles, à l’exception de trois titres à savoir “Breakfast in Bagdad” du guitariste de Youn Sun Nah, “Egyptian Fantasy” de Sidney Bechet, “Yerkenk Barenk” un traditionnel des pays de l’Est, il se révèle un amour de la musique de Louis Sclavis et de Steve Reich à l’oscillant répétitif. S’ouvrant sur un tourbillonnant et fameux “Breakfast in Bagdad” à la fois celtique et résolument jazz, poursuivant sur le déchirant sourire du titre “Affreux-Cubain “, pièce où ces improvisateurs ne cessent de retomber collectivement sur leurs pattes avec une décoiffante audace, l’opus nous gratifie par la suite d’un merveilleux climat fleurant bon le soleil couchant sur les dunes avec “When Louis meet Steeve”. 

Bref, voici le temps de neuf plages captivantes, dont on se gardera de déflorer l’intégralité des doux arômes du jazz et du classique, un instant musical tel un souffle de poésie, une déclaration de tendresse, une boite à musique et à magie, une fugue dansante à la sensibilité joyeuse et de feu.

Pour la belle histoire, rappelons que Marie Faucqueur, cette organiste radieuse devant parfois s’adapter à la liturgie, sait ce qu’improvisation veut dire. Soulignons aussi que cette artiste qui donne à l’harmonium une mordante profondeur d’accordéon fut une belle élève du conservatoire d’Orléans (y compris à la trompette dans la classe de Jean-Paul Leroy).

 

Tout cela avant d’embrasser une carrière de compositrice de musicienne et de professeur qui la fit un temps enseigner, par passion, à l’école d’orgue de Saint-Péravy-la-Colombe. Comme quoi un ange peut faire naître, entre nuées et blés, de diaboliques et superbes partitions.