Une exposition hors du commun se tient à Beaugency, dans l’église Saint Étienne, au plein cœur de la ville et de la belle place du marché.
Exposition “Réminiscences” St Etienne de Beaugency.© Anne-Cécile Chapuis
Cette exposition a une histoire.
Elle est organisée par l’association Valimage qui, soutenue par l’état, la région et la ville, accueille depuis de nombreuses années des artistes en résidence. Les plus grands noms se succèdent chaque année, apportant leur style et leur savoir faire, dans une rencontre avec les habitants et amateurs d’images. Le public fidèle ne manque pas les rendez-vous annuels où sont présentés le travail des professionnels aux côtés de celui des stagiaires qui ont pu profiter de leurs conseils de façon rapprochée.
Un miroir à double face
2020 est une année particulière pour l’association. En effet, après dix ans d’expériences, elle a souhaité poser un regard différent sur les rencontres de l’art et de l’image.Elle a proposé à six artistes ayant été en résidence à Beaugency lors de ces dix dernières années, de venir évoquer leur passage dans la cité.
Une démarche à double sens puisqu’à la fois ceux-ci évoquent leur expérience mais en même temps ils la re visitent, posant eux-mêmes un regard en flash back sur les réalisations passées.
D’où le titre de « Réminiscences », au pluriel bien sûr, pour un passé actualisé, des émotions ré affirmées, des ressentis re-surgis d’un futur antérieur…
Ainsi, le public bénéficie de ces évocations, parlantes et émouvantes pour ceux qui ont été les témoins des séquences passées, mais touchantes aussi pour qui franchit la porte de St Etienne pour la première fois.
Tout d’abord, il est saisi par le lieu, une jolie église du XIe siècle transformée en lieu culturel au XXe siècle, aux dimensions harmonieuses qui permettent une mise en scène des plus chaleureuses. Ensuite, la diversité des six regards fait vivre la ville de Beaugency, avec l’arrivée par la Beauce par Hugo Miserey, avec ses habitants par Alain Eglinton, avec ses lumières et sons, par Catherine Rosa, avec la centrale nucléaire qui émerge des paysages d’herbes folles par Bruno Grasser, avec ses paysages et maisons par JiSun Lee et bien sûr avec la Loire, par Claire Willemain
« Time village » JiSun Lee. ©photo Anne-Cécile Chapuis
Un pari osé
Le pari était osé, de faire ainsi co habiter 6 artistes d’horizons, de nationalités et de styles différents (sans parler des contraintes logistiques qu’ont du gérer les bénévoles de Valimage!) mais le résultat vaut le détour.
Le visiteur est invité à franchir le seuil de cette belle église fraîche et accueillante ; il lui faut aussi prendre son temps pour passer d’un univers à un autre car ici se côtoient les photos type polaroid sur cahier d’écolier avec les images animées sur ordinateur, le village miniature avec le flot de la Loire venu de très haut, les photos de nuit avec les grands formats exposés grand soleil sur la façade…Un univers de contraste qui révèle la diversité de Beaugency autant que la pluralit é de l’art.
Une agréable découverte d’été
Prendre son temps, comprendre la démarche, lire les propos des artistes qui posent un regard critique sur leur production en deux temps, font de cette exposition une histoire« ni tout à fait la même ni tout à fait une autre » qui mérite une agréable pause estivale et culturelle des plus enrichissante !
Anne-Cécile Chapuis