Jusqu’au 11 novembre, le Château de Valençay (36) accueille les lauréats du 10e Festival international de photographie culinaire. Après Paris et Monaco, prônant “l’audace”, cette exposition ouvre des perspectives illimitées sur la création photographique, et mériterait ses 3 étoiles au guide Michelin !
Depuis sa création en 2009 par Jean-Pierre PJ Stephan, le FIPC est l’unique manifestation mondiale grand public et professionnelle qui met en avant le travail de ces artistes internationaux photographes plasticiens dont l’univers de réflexion est celui de notre alimentation.
Un sujet trivial ? Pas tant que cela, tant cet univers peut être riche de créativité, propice à nombre d’inventions et de recherches techniques ou graphiques.
“Notre société est celle de l’image. La photographie, qui remplace la chose écrite, invite à réfléchir, rêver et parfois saliver quand il s’agit de photographie culinaire. On mange désormais avec les yeux“, disent les organisateurs et initiateurs. Le château de Valençay, connu pour être celui du goût, ne pouvait passer à côté de cela. Et c’est ainsi qu’il accueille jusqu’en novembre les oeuvres retenues de ce festival, après Paris et Monaco. Cela aurait du se faire au printemps, mais le covid-19 ne l’a pas vu ainsi….
Le millésime 2019 du Festival est placé sous le signe de l’Audace. “De l’audace naît l’excellence, la créativité. La curiosité est la source de l’audace“. Ici, plus de représentation basique des aliments et des plats connus, mais une extrapolation, ou couleurs et matières composent un met succulent qui intègre parfois sans frémir quelques provocations à peine érotiques et totalement sensuelles, telles les oeuvres d’Antony Cottarel,(prix spécial Chefs world summit) qui vous feront voir les carottes, les abricots et les pêches sous un angle très particulier.
“Les photographes festivaliers du millésime 2019 sauront sortir de leur zone de confort pour nous surprendre avec des images innovantes et ambitieuses pour faire du FIPC 2019 la vitrine mondiale de l’image culinaire de référence“, anticipaient les organisateurs. Sans conteste. tout comme ils avaient déjà sut le faire en 2017 pour la 8e édition, déjà présentée à Valençay, mêlant haute couture et gastronomie, ou pour celle de 2016, sur un thème plus sobre, la table.
Pour cette édition anniversaire (10e), le FIPC a pour parrain Romain Meder, chef exécutif triplement étoilé du restaurant Alain Ducasse, Plaza Athénée Paris. “Conscient d’une nécessité absolue d’aller vers une alimentation plus en accord avec la nature, plus saine, meilleure pour la santé et plus respectueuse, Romain Meder a conçu une cuisine de « palace » audacieuse autour de la trilogie poissons, céréales et légumes“. Audacieuse ? Tout un programme.
Pourquoi à Valencay ? “Quoi de plus symbolique que d’accueillir ce festival dans la demeure du Prince de Talleyrand, qui faisait de sa Table et de son prestigieux cuisinier Antonin Carême des atouts décisifs pour mener à bien la politique extérieure de la France“. C’est donc la troisième fois que ce festival s’expose au Château de Valençay, présentant aux visiteurs 25 photographes du monde entier illustrant l’Audace en 3 images chacun.
Cela fait donc 75 photographies aux couleurs et univers très différents qui se répartissent entre l’aile est du 1er étage et les murs des cuisines du château, au sous-sol. 25 auteurs qui ont su jongler avec les matières, les couleurs, ajoutant un trait d’humour ou une pincée de spiritualité, incluant ou non des humains, valorisant toujours l’aliment, extrapolant, utilisant des techniques simples ou complexes, jouant avec l’infographie ou simplement avec la mise en scène, et sachant surprendre à chaque fois, même dans des univers très différents.
Certes, rien à voir avec ce que l’on fait avec un smartphone. Nous ne sommes pas ici dans le reportage ou la recherche de l’instantané. Peu de comparaison avec la photo de sport, sinon, pour certaines, la même recherche de l’instant quand le choix a été fait de représenter un mouvement. Souvent, il faut parfois plusieurs heures à l’auteur, après conception, pour matérialiser son idée, pour affiner un éclairage, avant d’appuyer sur le déclencheur. Mais c’est aussi cela la photographie, et c’est là que l’on reconnaît en l’artiste un homme de goût.
Jean-Luc Bouland