“Diplopie”, l’autre exposition photo du Frac Orléans

La diplopie (ou double vision ; du grec diploos : « double » et ôps : « vue ») est la perception simultanée de deux images (vision double) d’un objet unique. La vision double peut se déplacer horizontalement, verticalement ou en diagonale. La diplopie peut négativement influencer l’équilibre, les mouvements et les capacités de lire chez un individu. (Wikipédia)

Rassurez-vous, ce trouble de la vision n’est pas à proprement parler le sujet de cette exposition de photos de la ville de Rabat réalisées par l’artiste italienne Giovanna Silva. Pourtant dès que l’on prend le temps de contempler ces photos, que ce soit dans la petite salle qui lui est consacrée au FRAC, mais plus encore sur les grands tirages exposés sur les quais de Loire, le choix systématique d’un format vertical que l’on appelle ordinairement “portrait” surprend dès l’abord par la contrainte imposé au regard dans sa verticalité inattendue pour ces photos urbaines.

Une diffraction

Mais plus encore, s’agissant de photos d’architecture, une sorte de diffraction s’opère dans chaque image entre une bribe architecturale, un morceau choisi par sa géométrie plus ou moins rigoureuse, une sorte d’à plat frontal qui mure le regard sans point de fuite, ou plutôt d’échappatoire, et une irruption, une éruption de la vie dans ce décor ordonné, quadrillé, avec l’inscription d’une branche d’arbre, de cageots vides, d’une auto déglinguée, de vieux chiffons ou d’une photo perdue sur le mur. Et la diplopie est soudain bien là, entre ces deux morceaux du réel pourtant contiguës visuellement mais que rien ne rattache ontologiquement. Subrepticement, l’artiste va nous interroger sur le rapport entre l’architecture et la vie, sur ce contrôle de la vie, “ce cadre de vie”, que cherche à imposer le bâti à l’activité humaine en particulier et à la vie en général.

Un au delà de la représentation du réel photographique qui ne manque pas de troubler le regard du visiteur attentif.

GP