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Date initiale de publication 1° février 2020
Dès aujourd’hui et jusqu’en juin (prolongée jusqu’au 30 octobre), grâce au Fonds du patrimoine et à une campagne de mécénat participatif, le musée des Beaux-Arts d’Orléans qui a pu acquérir quatre-vingt onze dessins identifiés de Jean-Marie Delaperche, découverts comme par magie sur le marché de l’art à Paris en 2017, présente l’exposition “Jean-Marie Delaperche (1771-1843) un artiste face aux tourments de l’Histoire”.
“Les arts aux mains des tyrans” (1815)
Un riche parcours à la belle scénographie
Cette magnifique exposition révèle l’œuvre de cet artiste orléanais mais aussi la grande place qu’occupe sa mère Thérèse Laperche, femme dans l’arène de l’art, et Constant Delaperche, sculpteur et frère du dessinateur. Le mystère Delaperche, Thérèse Laperche, Jean-Marie et Constant, Rêves de succès à Moscou, Engagement politique, Les années douleur , Liberté des arts ou Portraitistes à l’assaut sont quelques-uns des chapitres du parcours de cette exposition de toute beauté, artistique et scientifique. Elle s’inscrit dans le précieux écrin d’une scénographie de Nathalie Crinière et Maëlis Chevillot qu’accompagnent en frontons d’alcôves de délicats graphisme dorés de Tania Hagemeister.
Ici,
Olivia Voisin, directrice des Musées d’Orléans et commissaire de cette exposition sur laquelle elle travaille depuis la découverte des dessins en avril 2017, signe la présence d’une magnifique aventure de l’art, une aventure qui n’arrive qu’une fois par siècle. La révélation sensible et passionnante de l’œuvre d’un génie du début du XIX siècle oublié et digne des plus grands artistes néo-classiques..
Hors des sphères officielles et sans signer ses œuvres
Pour Olivia Voisin, tout a commencé
“par un hasard qui n’en n’était pas un” lorsqu’elle découvre dans une galerie parisienne des feuilles plus somptueuses les unes que les autres et qui soulèvent la
“jubilation” lorsqu’elle apprend que Laperche est un artiste orléanais (en atteste son acte de baptême dans le registre de la paroisse Saint-Paul d’Orléans). Indiscutablement, c’est une grande aventure de l’histoire de l’art qui est sur le point de revenir au jour. Durant trois ans, menant des recherches, fouillant les archives, interrogeant ici et là des spécialistes , la directrice construit, développe, et magnifie l’exposition autour des dessins retrouvés. “
Lorsque l’on cherche on trouve dans tous les sens ” reconnaît-elle, submergée, avec encore de la passion illuminant un regard chargé de souvenirs et de désir de futur, de suite à apporter.
La philosophie d’un regard porté sur la vie
Que nous présente en fait cette exposition ? L’œuvre d’un peintre de l’histoire mais surtout un témoignage fort et très puissant , la philosophie d’un regard porté sur la vie, celui d’un élève de David qui sort des sentiers battus.
Dès l’entrée de l’exposition quelques lignes attestent de tout cela: “Delaperche est avant tout par le peu de traces égrainées sur son chemin en dépit d’une longue vie, comme s’il n’avait été qu’une ombre mélancolique traversant en témoin silencieux l’Ancien Régime, les années de la Révolution, l’Empire , la Restauration et la Monarchie de juillet. Comme son frère , il a préféré sa liberté au diktat de la critique, travaillant hors des sphères officielles et refusant de signer ses œuvres”.
Thérèse Laperche et Jean-Marie, libres et engagés
Copie de l’autoprtrait de Jean-Marie Delaperche vers 1810
Dans cette exposition, une belle place est accordée à la mère de Jean-Marie Delaperche, artiste qui reçut les conseils de
Desfriches. Voici ceux qu’elle prodiguait de manière touchante à Jean-Marie vers 1785-1788: “Il
n’y a pas de meilleur maître que la nature. Copiez-la fidèlement et vous ferez des merveilles. Copiez la tout bonnement, simplement, je ne crains pas de dire servilement. Enfin, faites exactement ce que vous voyez et rien de plus.”
Quant à Jean-Marie, celui qu l’on trouve toujours aux confins de la peinture et du dessin et qui se révèle comme “un peintre de l’allégorie”, qui n’est pas un chroniqueur mais “un peintre de l’histoire” comme le souligne Olivia Voisin, il écrit quant à lui ceci: “J’ai toujours pensé qu’un tableau historique était une espèce de poème et non pas une gazette. Il est accordé la même liberté aux peintres qu’aux poètes. Je n’ai donc pas de représentation de ce fait affreux par lui-même avec tous les détails qui l’ont accompagné”. Tel ce qu’il dit à propos de son dessin intitulé Les cent jours, en 1815.
Au chapitre de la liberté des arts, Jean-Marie Delaperche écrira encore, le 12 décembre 1830: “L’horizon est chargé de nuages précurseurs de tempêtes, et le calme et la paix seuls conviennent aux arts. Heureux qui peut,loin de toute agitation faire valoir son champ et élever en paix ses enfants. Si les arts surgissent, ne nous éloignons pas avec eux”.
D’œuvres en œuvres subtilement disposées
A découvrir ici le merveilleux dessin “Tous les âges passent sur l’aile du temps” de 1817, “Les Cent Jours la Chûte de Napoléon” de 1815, pièce où il se livre à une réflexion sur la tyrannie. Voici encore le musical et plus ancien document conservé intitulé “Le Charlatan”” (1795-1800), “Les adieux de Louis XVI à sa famille” vers 1815, “Les arts aux mains des tyrans “ en 1815, “Le temps amène la réflexion et confond la frivolité ” vers 1817. Dans le même temps, Delaperche, “si prolifique dans le malheur “, évoquera plus fraîchement que “La sagesse soulage adolescence de la blessure de l’amour”.
Olivia Voisin, le souci du détail
Dans cette exposition figurent aussi des portraits, des reconstitutions de frises de Constant, un écran tactile permettant de lire les chants traduits et illustrés du Jugement dernier, manuscrit de Constant Delaperche illustré par Jean-Marie. Belle idée encore de pouvoir écouter sous une douche sonore le long texte que Jean-Marie de Delaperche écrivit au dos de dessin évoquant Les Cent jours.
A la plume et à l’encre, en noir et blanc, au crayon graphite et à la pierre noire , au lavis brun et gris avec rehauts de gouache, une seule fois à l’aquarelle se révèle subtilement l’enthousiasme, la puissance et “le naufrage poignant d’une vie“.
Jean-Dominique Burtin.
Un ensemble exceptionnel
Le public est ici invité à découvrir un ensemble exceptionnel en grande partie réalisée en Russie ou l’artiste vit de 1804 à 1824, accompagné d’une soixantaine d’œuvres (peintures, sculptures, dessins, gravures, archives) provenant d’institutions prestigieuses à l’instar du Château de Versailles, du musée de l’Armée, des musées des Beaux-Arts de Reims et de Tours, des archives Ruinart et de collections privées qui permettent de découvrir une famille au destin dramatique.
Un catalogue esssentiel
Invitation précieuse à la visite
Superbe ouvrage riche de 374 pages et richement illustré intitulé “Delaperche (1771-1843), un artiste face aux tourments de l’histoire” accompagne cette exposition. Ce livre d’art, catalogue publié chez Snoeck qui présente de manière détaillée les oeuvres présentées est placé sous la dircetion d’Olivia Voisin. On y retrouve , outre les écrits de cette dernière, les contributions de Mehdi Korchane, Sidonie Lemeux-Fraitot, Anne-Véronique Raynal, Guillaume Nicoud, Dominique d’Arnoult, Corentin Dury, Pierre Stépanoff, Jérôme Farigoule. Cet ouvrage est disponible au prix de 39€ à la boutique du Musée des Beaux-Arts.
Souvenirs
A l’occasion de cette exposition les amateurs d’art peuvent trouver toute une gamme de produits dérivé, badges, magnets, tote bag . Sans oublier les cartes postales et digigraphies réalisées par Les Amis des Musées d’Orléans.
Informations pratiques.
Exposition du 1er février au 14 juin 2020, Prolongée jusqu’au 30 octobre
Musée des Beaux-Arts , 1, rue Fernand Rabier (entrée publique rue Paul Belmondo).
Du mardi au samedi de 10 heures à 18 heures, nocturne le vendredi jusqu’à 20 heures.
Le dimanche de 13 heures à 18 heures. Fermé les 1er et 8 mai.
Tarifs: 6€ (3€ TR). Pass musée annuel: 15€ – duo: 25€.
Gratuit le premier dimanche de chaque mois.
Photos JDB