Après la poussée verte des municipales, les écologistes lorgnent à présent vers les conseils régionaux avec la formation de binômes. Ainsi, dans le Centre-Val-de-Loire, Betsabée Haas et Charles Fournier unissent leurs forces afin de créer un large mouvement pour sensibiliser et rassembler un maximum de citoyens autour de la transition écologique… sous toutes ses formes.
Les écologistes Hélène Menou, Charles Fournier, Betsabée Haas, Gilles Deguet le 11 juillet 2020 à Orléans © SD
C’est à bord du bateau-lavoir sur les quais de Loire à Orléans, le 11 juillet 2020, que des écologistes de la Région ont présenté leurs ambitions pour les élections régionales de mars 2021 (dont le report, envisagé fin juin par Emmanuel Macron, ne semble plus d’actualité). Des écolos qui entendent bien surfer sur la vague verte des municipales : “On est dans une période intéressante”, estime Gilles Deguet, élu écologiste de la Région : “Quelque chose est en train de changer, on a actuellement plus d’adhésions (au sein d’Europe Écologie Les Verts). Notre conviction depuis dix ans est que la Région est le bon échelon pour mener à bien les politiques de la transition écologique”, avec la désignation en interne d’un binôme paritaire, autour de Betsabée Haas et Charles Fournier.
Un binôme de candidats aguerris pour les élections régionales
Un duo mixte qui ne doit rien au hasard. Ainsi Betsabée Haas, soprano tourangelle, passionnée d’écologie depuis toujours est adhérente d’EELV depuis 2015. Elle a fait ses premières armes aux législatives de 2017 sous la bannière EELV en Indre-et-Loire, avant de rejoindre un an après le mouvement citoyen des “Cogitations Citoyennes”, noyau de la liste d’Emmanuel Denis “Pour Demain Tours 2020” qui a emporté la mairie le 28 juin dernier. Elle est aujourd’hui adjointe du quartier Tours ouest, déléguée à l’Environnement, à la biodiversité en ville, à la gestion des risques et à la préservation du patrimoine fluvial et des ressources aquifères.
De son côté, Charles Fournier, natif de Sologne et pur produit de l’éducation populaire, connaît bien le conseil régional. Il y a en effet occupé les fonctions de Vice-président du groupe écologistes au sein de l’ assemblée régionale de 2010 à 2015, puis de Vice-président de la Région Centre-Val-de-Loire, délégué à la transition écologique et citoyenne et à la coopération jusqu’à aujourd’hui.
Charles Fournier et Betsabée Haas, binôme candidat aux régionales de 2021 © SD
Sans fanfaronnerie, ce duo considère “avec humilité, des doutes mais aussi des espoirs qu’en 2021 les planètes peuvent s’aligner pour rendre cette victoire de l’écologie politique possible”.
Charles Fournier défend son bilan et se dit “prêt” à présider le Centre-Val-de-Loire
Il faudra toutefois attendre le 20 septembre pour que la direction nationale d’EELV désigne le candidat de chaque région mais en Centre-Val-de-Loire le choix se porte déjà sur Charles Fournier grâce notamment de sa longue expérience au sein du conseil régional (il vient d’ailleurs de céder sa place de président du groupe des Ecologistes au sein de la région à Benoît Faucheux pour se consacrer pleinement à l’animation du mouvement écologiste).
Charles Fournier en profite pour citer quelques exemples d’actions des écologistes régionaux : dynamisation de la démocratie permanente avec une tournée d’un an dans la région, efficacité énergétique de l’habitat avec la création d’une banque régionale, un plan en faveur de l’agriculture biologique, la COP Régionale dont il est l”initiateur et enfin le Printemps Citoyen avec plus de 100 projets concrétisés seulement à l’automne à cause du coronavirus.
“Le peuple de l’écologie est grand”
Mais aujourd’hui avec “l’urgence absolue de la crise climatique pour les 10 ans à venir” il faut aller plus loin et plus vite. Selon Charles Fournier, “sans écologie, il n’y aura plus d’économie”. Et de plaider pour une économie circulaire à construire avec les citoyens : ” Le peuple de l’écologie est grand et pour gagner il faut s’appuyer sur les 23 bassins de vie de la Région” mais aussi…sur des alliances politiques, “sans faire une soupe de logos”, poursuit le candidat. Et une alliance à faire à gauche avec…François Bonneau.
Ce qui ne sera pas une mince affaire puisque ce dernier est déjà candidat pour briguer un troisième mandat à la tête de la Région. D’où la volonté de Charles Fournier de “discuter avec tout le monde” et un message limpide : “Je me présente pour gagner, non par prétention, mais parce que c’est maintenant que l’écologie politique doit réussir. Mon expérience est utile mais elle est insuffisante seule. Je veux la mettre au service de notre réussite collective et des changements du monde.”
Une méthode claire et un programme novateur et ambitieux
Les écologistes sont formels : “C’est d’abord le projet puis l’union. Le mouvement citoyen que l’on veut créer n’est pas un nouveau parti mais le dépassement du nôtre. (EELV). Notre priorité, c’est le dépassement de l’économie”. Et de citer les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile, qu’il faut selon les écologistes “encourager à se convertir à d’autres activités” et être pour cela “une région audacieuse”.
Leur programme tient en cinq points : être “une collectivité de proximité, répondre à la crise économique et sociale par la transition écologique, exercer une réelle solidarité à travers des services publics transformés et consolidés notamment en milieu rural, une transformation de la démocratie en décidant des changements avec les gens et enfin répondre à “l’urgence climatique partout, en s’attaquant à tous les sujets et à la réalité de la vie des gens”). Une profession de foi que résume ainsi Betsabée Haas : “On veut faire de la politique autrement. Comme à Tours où on a donné envie aux gens de voter pour nous par une attitude différente et en tenant compte des citoyens.”
Les leçons des municipales
Justement, les membres régionaux d’EELV ont tenu une réunion de parti samedi après-midi à Orléans pour faire le bilan des réussites mais aussi des échecs aux municipales et notamment dans la capitale de Région. Tout en insistant sur le fait que “les écologistes sont arrivés au premier tour en tête des partis de gauche”, Charles Fournier reconnaît toutefois qu’à Orléans “l’union s’est faite de façon un peu forcée pour le second tour avec un manque de capacité à agir ensemble. Sans oublier les handicaps “d’une couverture médiatique nationale et locale moindre et d’une abstention incroyable ! “( 68%). En tout cas, la campagne des régionales est bel et bien lancée même si elle ne commencera vraiment qu’en septembre.
Sophie Deschamps