“Abou Leila”, un film sur les années terriblement noires de l’Algérie

Samedi 11 juillet, l’Asla (Association solidarité Loiret Algérie) et le cinéma des Carmes se sont associés pour présenter en avant-première le film Abou Leila, et inviter son jeune réalisateur algérien Amin Sidi-Boumédiène. Aux frontières du western, du road movie et du film surréaliste, il aborde la violence de la guerre civile des années 90. En immergeant le spectateur dans un effroi éprouvant.

Lyes Salem et Slimane Benouari

En 1994, en Algérie, deux hommes quittent Alger en voiture et s’enfoncent dans le désert. On devine plus qu’on ne comprend qu’ils partent à la recherche d’un criminel terroriste nommé Abou Leila. Mais l’un des deux hommes est malade, physiquement mais surtout mentalement, pris de délires de plus en plus importants qui tous mettent en scène la violence.

Le road movie dans le désert emprunte aussi des voies rêvées pour explorer l’esprit traumatisé de S, alors que le deuxième personnage, Lofti, tente de l’aider. Avec des délires de plus en plus sanglants, le film nous fait vivre des expériences extrêmes. Le scénario s’éclaircit à la fin, mais au fond peu importe qu’il y ait une histoire rationnelle.

L’horreur de la guerre civile

On sait que la guerre civile qui s’est installée en Algérie dans les années 90 a été terrible. Policiers, islamistes, militaires, groupes armés se sont entre-tués, entraînant dans des massacres épouvantables la population civile. Amin Sidi-Boumédiène, le réalisateur d’Abou Leila, était alors adolescent. « Je voulais exprimer ce que j’ai ressenti à cette époque : la peur, l’ennemi invisible qui rôde, le contexte violent qui donne l’impression d’être sans fin. »

Un parti-pris jusqu’au-boutiste

Ce premier long métrage n ‘explique pas, en effet. Avec des images presque surréalistes, il entraîne le spectateur dans une orgie de violence qui traduit ces années où les hommes sont devenus des bêtes sauvages. Ce parti pris de parler de l’horreur de cette époque à travers un personnage devenu fou parce qu’il ne la supporte pas, poussé jusqu’aux limites du supportable, construit un film puissamment original, mais aussi qui atteint vite ses limites. La radicalité du réalisateur peut se retourner contre son propos : trop c’est trop.

Le sens de l’image, la maîtrise des éléments narratifs, l’aisance dans le montage et la rage de filmer font de Sidi-Boumédiène un réalisateur extrêmement prometteur, même si, pour ce premier film, il s’est peut être fait dépasser par ses choix narratifs.

BC

Abou Leila

Réalisateur, scénario, montage : Amin Sidi-Boumédiène

Acteurs : Slimane Benouari, Lyes Salem, Samir El Hakim, Fouad Megiraga, Hocine Mokhtar

Au cinéma des Carmes à partir de mercredi 15 juillet

 

Commentaires

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  1. Trop c’est trop? L’auteur n’avait ni la volonté ni les moyens de mettre en scène les horreurs de la guerre civile. La première scène plante le décor et cela suffit. Ensuite par quelques touches il évoque le substrat d’une société où tradition et violence font bon ménage ( sacrifice du mouton, père qui menace ses enfants de les égorger s’ils ne sont pas sages). Il n’y a en tout et pour tout que trois scènes de violences introduites par une montée très lente dans les délires de S vers le paroxysme de la sauvagerie tout en jouant sur la suggestion du hors champ ou du masque dans le champ ( coups de portière de voiture). Ce qui est absolument remarquable tout au long du film, c’est la bande son particulièrement travaillée avec des bruits subliminaux. Elle distille tout au long du film la peur, comme le dit l’auteur, de l’ennemi invisible qui rôde. J’ai pu m’entretenir en aparté avec l’auteur et il a confirmé l’attention portée à la bande son qui selon lui est essentielle pour la réception du film.

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