La protection des blaireaux a fait l’objet ce 1er juillet 2020 d’une audience publique au tribunal administratif d’Orléans. Celui-ci doit en effet se prononcer sur le bien-fondé et la légalité d’un arrêté municipal pris en 2019 par la maire de Valaire, petite commune du Loir-et-Cher, afin protéger les blaireaux de son territoire. Une quarantaine de militants de la cause animale ont manifesté devant le tribunal pour soutenir l’élue dont l’arrêté est une première nationale.

Manifestation de soutien à la mairie de Valaire pour son arrêté de défense des blaireaux © SD
Dès 8h45, ce 1er juillet, une quarantaine d activistes de plusieurs partis politiques et d’associations de défense des animaux ont déployé leurs banderoles pour soutenir l’arrêté de Catherine Le Troquier, maire de Valaire voté en conseil municipal le 13 septembre 2019, pour interdire sur sa commune le déterrage et la mise à mort des blaireaux. Une pratique légale mais cruelle appelée vénerie sous terre que l’élue qualifie “d’horreur légale”.
Saisi en référé par la préfecture du Loir-et-Cher, le tribunal administratif d’Orléans qui a suspendu l’arrêté l’estimant trop général a tenu ce 1er juillet une audience publique pour répondre à cette question : le maire d’une commune est-il compétent pour intervenir dans la réglementation de la chasse ?

Catherine Le Troquier (en jaune) et ses soutiens le 1er juillet devant le tribunal administratif d’Orléans. © SD
En effet, le préfet est le seul compétent pour la police de la chasse. Toutefois un maire peut intervenir dans le cadre de ses pouvoirs de police générale quand il y a un trouble public créé dans une commune par une situation particulière. Dans le cas présent, la maire invoque des circonstances sanitaires, environnementales et de dignité humaine pour justifier cet arrêté. Toutefois le rapporteur public a estimé au début de l’audience que “la préservation de la biodiversité n’entre pas dans les pratiques de police générale d’un maire” et que donc Catherine de Troupier “n’est pas compétente pour prendre un tel acte de police administrative”.
Une défense de l’arrêté en quatre points
Evidemment, la défense ne l’entend pas de cette oreille. Dans sa plaidoirie, Louis de Redon, avocat de l’élue, a insisté sur l’origine animale de la crise actuelle du coronavirus qui “n’aurait jamais eu lieu si on avait laissé la nature tranquille” ajoutant “un risque faible s’est réalisé” faisant le lien avec la possible contamination d’un chien par un blaireau supposé porteur de la bactérie de la tuberculose du bovin au cours d’un déterrage : “On détruit toute une famille sous prétexte d’aller chercher un animal malade.”
Pour l’avocat, c’est aussi une question de dignité humaine : “On ne peut plus accepter cette chasse cruelle qui engendre une forte souffrance à cet animal sensible, sociable et intelligent” mais mal aimé et pour son malheur classé comme gibier. Maître Louis de Redon a enfin rappelé qu’un groupe de 60 parlementaires s’est déjà engagé à interdire la vénerie sous terre, avec le soutien d’un collectif de 66 vétérinaires spécialisés dans la faune sauvage. Pour lui cet arrêté est donc “de bon sens, limité et proportionné”.
Un animal aux rayures noires et blanches défendu par des partis politiques et des associations

Défense du blaireau © SD
Après l’audience, Catherine Le Troquier a retrouvé ses soutiens devant le tribunal administratif. Des militants d’associations dont AVA, et Sologne Nature Environnement et de partis politiques dont le Parti Animaliste mais aussi EELV et la France Insoumise ont à nouveau dénoncé ensemble avec force cette chasse “barbare et d’une autre époque”. Le Parti Animaliste a ainsi rappelé que le blaireau est comme d’autres animaux sauvages protégé par la Convention de Berne. D’ailleurs, la France est l’un des seuls pays d’Europe à autoriser encore cette chasse purement “récréative” puisqu’en dépit des recettes que l’on peut trouver sur internet, il est très peu consommé.
Enfin, c’est le 15 juillet que l’on saura si cet arrêté est abrogé ou au contraire maintenu.
Sophie Deschamps
Le Loir-et-Cher est décidément un département très mobilisé dans la protection des blaireaux. En effet, le conseil municipal de Chaumont a adopté le 25 juin un vœu demandant solennellement à Elisabeth Borne, Ministre de la transition écologique et solidaire, de proposer au gouvernement une loi d’abolition de la vénerie sous terre du blaireau. Un vœu qui va être présenté dans d’autres communes de l’agglomération blésoise, notamment Blois, Vineuil, Valencisse, Villerbon…