Réunis au département le 29 juin pour leur rencontre biannuelle avec le Medef 41 et les branches professionnelles, les parlementaires du Loir-et-Cher ont pris note des inquiétudes de plusieurs secteurs économiques et de l’urgence nécessité d’un vrai plan de relance. Notamment concernant la fermeture du site de Daher.
Les parlementaires du Loir-et-Cher, réunis au département le 29 juin 2020 ont pris note des inquiétudes de plusieurs secteurs économiques et de l’urgence nécessité d’un vrai plan de relance. ©Jean-Luc Vezon
Parlementaires, département et Medef 41 à l’unisson, pourrait-on dire. Les députés Guillaume Peltier (LR), Stéphane Baudu (LREM) et Pascal Brindeau (UDI), le sénateur J-P Prince (UDI), Nicolas Perruchot président républicain du département mais aussi les représentants des différentes branches du Medef 41 (métallurgie, hôtellerie-restauration, BTP, automobile…) ont tous plaidé pour une relance forte à l’image de celle de l’Allemagne (avec notamment une baisse de la TVA), lors de leur rencontre biannuelle du 29 juin.
« Nous allons connaître un recul du PIB de l’ordre de 10 % en 2020 en raison d’une crise sanitaire exogène et d’une décision inédite de ralentir l’économie (…) Parce que la France s’est arrêtée plus vite et plus fort que ses voisins, la reconstruction doit être forte et séquencée » déclare Paul Seignolle, président du Medef 41 dans son propos d’accueil.
La relance de la consommation en incitant notamment les Français à utiliser leur épargne constituée pendant la crise (55 milliards sur les huit premières semaines du confinement) était donc au centre des échanges. Tout comme, la consolidation des trésoreries et des fonds propres en permettant par exemple l’étalement du remboursement des charges reportées.
Au-delà, les entreprises souhaitent une véritable refondation de l’économie et un redémarrage de l’investissement dans les collectivités locales. « A long terme, nous souhaitons que soit engagé une politique de relocalisation ciblée des filières stratégiques en France et en Europe, avec en priorité la santé », insiste Paul Seignolle qui espère aussi regonfler « l’airbag » afin de mieux protéger les entreprises et leurs salariés des aléas et des transitions.
Les représentants des branches demandent un allègement des impôts et un plan de relance. ©Jean-Luc Vezon
Les impôts de production comme la contribution sociale de solidarité des sociétés, particulièrement élevés en France (Ils représentent 3,6 % de la valeur ajoutée des entreprises en France, le plus haut niveau en Europe hormis la Grèce, contre 0,5 % en Allemagne.) ont fait l’objet d’une vive contestation de la part de Marcel Docteur représentant de la métallurgie (UIMM) : « En taxant les entreprises en haut du compte d’exploitation et non sur les seuls bénéfices comme l’impôt sur les sociétés, les impôts sur la production augmentent le point mort des entreprises et contribuent, avec d’autres facteurs, à la dégradation du secteur productif français en particulier des TPE et PME. »
Si le dispositif d’activité partielle de longue durée (aussi appelé « ARME ») pour limiter autant que possible les licenciements économiques est apprécié, les entreprises attendent du gouvernement un plan de relance à la hauteur des enjeux. Sabine Ferrand, présidente de l’UMIH 41 et CVL annonce ainsi la possible disparition de 30 % des établissements du secteur de l’HRT, en particulier les discothèques non autorisées à rouvrir.
Un rapport de l’UIMM du 23 juin dernier (Stratégy&) évoque pour sa part le nombre d’emplois directs menacés dans l’industrie manufacturière française à l’horizon 2020 : 110 000 à 382 000 emplois pourraient disparaître selon les trois scénarii envisagés. Il s’agirait alors d’un retour aux années sombres de la désindustrialisation d’un secteur qui pèse 202 milliards d’euros de VA (8,7 % du PIB et 2,1 millions d’ETP).
Jean-Luc Vezon
Épée de Damoclès sur Daher à Saint-Julien-de-Chédon
Le sujet de la fermeture du site de l’équipementier aéronautique Daher, qui fabrique des composites, était dans tous les esprits. Annoncée par la direction la semaine passée, cette fermeture induirait la perte de 350 emplois pour le bassin d’emploi montrichardais et le transfert de certaines activités vers les usines Daher de Nantes et Tarbes.
« Malgré l’obtention d’un PGE de 170 millions, Daher annonce la suppression de 1 300 postes en France [Sur un effectif total de 10 000 collaborateurs, NDLR] dont une grande partie à Saint-Julien-de-Chédon. Nous souhaitons la poursuite de l’exploitation mais si ce sombre scénario devait se réaliser, nous serons très attentifs à ce que cette restructuration se fasse avec le moins de conséquences sur l’emploi » explique Paul Seignolle, président du Medef 41.
Jean Marie Janssens et Damien Hénault maire de Montrichard s’opposent à la fermeture du site DAHER. ©Jean-Luc Vezon
Présent aux côtés des représentants du personnel à la salle des fêtes de Saint-Julien-en-Chédon le 29 juin, le sénateur centriste (UDI) Jean-Marie Janssens s’oppose vivement à la fermeture du site et à toutes suppressions d’emplois : « Des solutions doivent être trouvées sans délai pour préserver l’emploi et permettre à DAHER de surmonter sa baisse de charges. Le départ de Daher serait un drame social et une catastrophe pour un territoire déjà impacté par la fermeture du laboratoire Boiron ». L’élu, et ancien maire de Montrichard, vient aussi de saisir le Ministre de l’Économie et des finances, Bruno Le Maire, après avoir interpellé le gouvernement en séance publique.
Pour sa part Didier Kayat, directeur délégué du groupe Daher expliquait dans l’Usine Nouvelle du 25 juin que « le désengagement durerait environ deux ans et devrait avoir un impact léger sur l’emploi avec une cinquantaine de postes supprimés au maximum, grâce à la prolongation du dispositif d’activité partielle de longue durée pour l’aéronautique ».