[Billet d’humeur]
Le scrutin se termine. Il est 18h55. Les derniers votants s’acquittent de leur devoir électoral, puis la salle se vide et le président du bureau de vote prononce les mots officiels : « Il est 19 heures, le scrutin est terminé. »
Très vite, une fourmilière se met en mouvement, dans un concert à plusieurs voix parfaitement orchestré.
Prélude : les assesseurs du bureau de vote vérifient les listes, comptabilisent les enveloppes, les rangent par paquets de dix puis enveloppes de cent. Le compte est bon, ouf ! Échanges de regards soulagés : le dépouillement va pouvoir commencer…
Acte I. Quatre personnes par table reçoivent les enveloppes et le ballet du comptage des voix peut commencer. Le silence s’installe, la mécanique est bien huilée : l’un ouvre les enveloppes et déplie les bulletins, l’autre annonce les noms, deux autres cochent.
Petits bruissements de papier, voix grave de l’annonceur, regards circulaires, la « Symphonie en Vote Majeur » se déroule sans surprise. Ah si… de temps en temps surgit un point d’orgue dans le tempo : celui des bulletins nuls. Quelques facéties glissées dans les enveloppes font sourire ceux qui les découvrent. Par exemple, cette photo de guignol en guise de bulletin ou deux bulletins différents bien pliés ensemble sur le recto desquels on lit « bonnet blanc » et au verso « blanc bonnet »
Acte II. Tout est vérifié, les voix sont additionnées. Les bordereaux sont remplis et les bulletins soigneusement conservés. Il reste à signer les documents avant de porter le tout à la mairie. Le président remercie son équipe, quelques applaudissements fusent.
Coda. Le dépouillement est terminé. Les langues se délient. Les commentaires vont bon train, de la satisfaction à la surprise en passant par les évidences. Mais les propos restent contenus, chacun gardant pour soi ses opinions politiques.
Le seul consensus exprimé concerne la participation. Le taux d’abstention est élevé, trop élevé et incompréhensible pour les personnes qui, par leur présence active au dépouillement, montrent et réaffirment leur attachement à la démocratie du suffrage universel.
C’est, hélas, un air connu qui résonne dorénavant lors de chaque élection…
Anne-Cécile Chapuis