Les étudiants extra-communautaires du campus d’Orléans sont les victimes silencieuses du Covid-19. Ils continuent de payer les conséquences sociales de la pandémie, aidés par des institutions qui s’en lavent les mains.
Université d’Orléans, Loiret. Photo Mourad Guichard
Il y a les triples et les quadruples peines. C’est ce que vivent les étudiants extra-communautaires survivant sur le campus d’Orléans La Source depuis le début du confinement. Alors que leurs homologues hexagonaux avaient pu rejoindre leur foyer et exemptés des loyers, les étudiants piégés ont souffert de plusieurs injustices. Ils devaient tout d’abord payer leurs loyers alors qu’ils étaient assignés à demeure.
Ils étaient également privés de leurs faibles ressources, comme les jobs étudiants et les potentiels virements de leurs familles basées essentiellement en Afrique.De fait, ils n’avaient pas non plus les moyens de s’alimenter, comptant uniquement sur les distributions alimentaires organisées par des personnels bénévoles et financées par le club Inner Wheel d’Orléans, le Crous et la direction de l’université ayant relégué cette urgence au second plan.
L’incroyable différenciation des frais d’inscription
Enfin, et ce n’est pas la moindre des injustices, l’université d’Orléans a été l’une des très rares en France à appliquer l’incroyable différenciation des frais d’inscription, faisant passer celles-ci de 170 à… 2770 euros pour ces étudiants étrangers. Naturellement, les étudiants et leurs familles, face à cette position discriminatoire, réclament désormais le remboursement de ces sommes, afin qu’ils puissent retrouver un pouvoir d’achat a minima. Et ceci avant l’été alors que le Crous estime que le déconfinement lève tout besoin d’aide alimentaire. « Nous sommes totalement opposés à cette différenciation des frais d’inscription en fonction de l’origine », dénonce Alexis Boche, du syndicat FSU. « Lille a par exemple remboursé tous les étudiants, c’est clairement une décision politique. Selon moi, le rapport de l’université à nos étudiants extra-communautaires a des relents racistes ».
Contacté par MagCentre, Yann Mercier-Brunel, vice-président en charge de la vie universitaire, relativise : « Nous avons déjà remboursé un nombre important d’étudiants qui en ont fait la demande sur des critères sociaux ». Cependant, contre toute logique et malgré la crise de la Covid-19, le conseil d’administration a voté la reconduction de cette politique tarifaire. Alors que si l’université d’Orléans se privait des étudiants étrangers, son palmarès en master se réduirait au minimum syndical. « Ils représentent au bas mot de 60% de nos doctorants et de nos masters », confirme un professeur.
L’université va corriger le tir
Défiant l’entendement et alors qu’il avait quitté Orléans pour la Corse au moment du confinement, le directeur du Crous Orléans-Tours est toujours aux abonnés absents. L’université, elle, assure qu’elle corrigera le tir. « Nous allons traiter les dossiers au cas par cas en fonction des étudiants qui nous en feront la demande », explique Yann Mercier-Brunel qui assure que l’université a dépensé, cette année, 120 000 euros pour partiellement rembourser la différenciation des frais d’inscription.
Dans un communiqué, le Mouvement des Jeunes Socialistes du Loiret a dénoncé la situation des étudiants confinés. « Nous proposons que l’université et le Crous octroient une somme à hauteur de 350 euros pour chaque mois de confinement soit 700 euros et une exonération de loyer et un remboursement des mois de mars, avril et mai 2020 ». Le 10 juin dernier, une tribune publiée dans les colonnes de Libération dénonçait cette forme aboutie de discrimination.
Mourad Guichard