Le moins que l’on puisse dire, c’est que la situation électorale à Orléans est pour le moins inédite, la triangulaire qui s’annonce pour le 28 juin, n’en déplaise au favori Serge Grouard, candidat à un quatrième mandat, est loin d’ être jouée. Ne serait-ce que à y regarder de plus prêt, son score au premier tour dans un contexte de confinement fait le plein des voix à droite et se révèle un recul particulièrement cuisant après son élection dès le premier tour en 2014. D’autant que, autre particularité orléanaise pour une grande métropole, l’absence pour ce premier tour un peu particulier d’un candidat RN dans ces municipales, absence qui permet à Serge Grouard de ratisser à droite de la droite, ce qui ne semble pas lui poser de problème avec sa nouvelle version de l’écologie de droite.
Pourtant, il n’est pas sûr que l’agitation effrénée du candidat LR de ces dernières semaines soient finalement payante avec à la clef un risque d’inéligibilité comme le constate nos confrères de France Bleu Orléans. D’autant qu’Olivier Carré se voit, quant à lui, créditer à quinze jours du scrutin d’un « à ce stade, il n’y a pas d’éléments susceptibles d’engager sa responsabilité pénale », par le procureur d’Orléans, Nicolas Bessone, certes sur le départ, mais qui n’a pas une réputation de laxiste. Une issue judiciaire inespérée pour Olivier Carré qui peut maintenant charger son ami de trente ans d’avoir balancé une lettre anonyme de dénonciation calomnieuse, procédé pour le moins lâche et peu flatteur pour l’intéressé.
Quant à la gauche qui se prend à y croire sur la base d’une arithmétique d’union des deux listes, certes bien tardive, mais qui espère encore surfer sur une vague verte promise au niveau national dans cet après coronavirus, le soutien de Jean-Pierre Sueur sous la forme d’une vidéo diffusée sur Facebook (dont on ne saurait trop commenter son rôle électoral) semble l’ultime carte pour convaincre l’électorat orléanais en rappelant les années fastes du double mandat Sueur. Quand bien même ce dernier voyait, il n’y a pas si longtemps, en Nathalie Kerrien la centriste qui saurait unir une large alliance vers sa gauche…
Cette séquence électorale, déjà bien particulière par son contexte sanitaire, aura sans aucun doute généré bien des rancœurs personnelles et des désillusions politiques, mêlant comme rarement, justice et règlement de compte au débat municipal. Quel que soit le verdict des urnes, la ville en restera meurtrie et l’avenir s’annonce compliqué pour la future équipe dirigeante issue de cette triangulaire inédite à Orléans, qui devra en toute vraisemblance gouverner avec une majorité réduite* face à une opposition qui pourra toujours revendiquer une majorité de fait dans les urnes.
GP
*Exemple : trois listes restent en course au 2d tour ; la liste A arrive en tête avec 40 % des suffrages, la liste B en obtient 32 % et la liste C 28 %. La liste A aura 50 % des sièges plus 40 % des 50 % restants, soit 20 %, et donc finalement un total de 70 % des sièges. La liste B aura 32 % de 50 % soit 16 % des sièges et la liste C en aura 14 %.