Tu mourras dans la douleur…
En plus de son combat contre le cancer, un combat qu’il a mené avec courage, ténacité, détermination, Christian en a mené un second, pour une mort digne. Et comme le premier il l’a perdu.
Si le confinement n’avait pas fermé les frontières, il serait parti un mois plus tôt mourir en Suisse, une mort tarifée mais choisie. Pour mourir debout – avant que la déchéance ne s’impose, avant que le corps ne lâche, que l’esprit ne vacille et que la souffrance ne l’emporte.
Affaibli mais combatif, il n’a malgré tout pas lâché la partie. Trois semaines avant son décès, il a demandé à pouvoir bénéficier d’une sédation profonde. Mais il ne cochait pas les cases au regard de l’interprétation de la loi Leonetti Claeys.
Nous avons rapidement compris combien ce texte est hypocrite, inutile, inapplicable, tordu. Malgré son libellé, cette loi votée en 2016 ne donne aucun droit au patient, sinon, peut-être, celui d’être débranché lorsqu’on s’appelle Vincent Lambert.
Lorsque la mort s’est approchée, dans les derniers jours, là où tout bascule, là encore, la demande a été réitérée, et là encore, il n’a pu obtenir ce qu’il souhaitait auprès de la structure d’hospitalisation à domicile qui l’avait pris en charge.
La réponse a été celle d’un endormissement progressif, lent, douloureux, inefficace, avec un protocole bien balisé qu’il ne faut surtout pas dépasser car « on aurait risqué de tuer le patient ».
A l’heure où l’on plongeait à tour de bras les patients victimes du Covid-19 dans le coma artificiel en l’espace de quelques secondes, le répit d’un sommeil salvateur était refusé à un patient en phase terminale. Oui, c’est cela la réalité de la mort en 2020. Douloureuse. Et inhumaine.