La disparition de Christian Bidault

Journaliste, créateur de MagCentre il était une personnalité médiatique appréciée et reconnue par tous. Il est mort aujourd’hui à l’âge de 71 ans

Christian aurait aimé écrire sur la Covid19, débusquer les demi-vérités, les mensonges, les infox. D’ailleurs Christian aimait écrire sur tout dès lors qu’il y avait un espace de vérité à combler, une lumière à allumer pour mettre en avant ce qui restait souvent dans l’ombre. Mais depuis plusieurs mois Christian n’écrivait plus, terrassé par une autre « saloperie », cette « longue maladie » qu’était ce cancer qui l’a patiemment rongé, détruit et finalement anéanti. Christian Bidault est mort ce lundi, serein, entouré de sa famille et de ses amis dans son pavillon de La Source. C’est peu dire qu’il laissera un grand vide.Et d’abord à MagCentre qu’il avait créé en 2012 avec pour ambition de « décrypter l’actualité politique, sociale et culturelle » mais « sur un ton impertinent et décalé ». En quelques années sous sa direction, rejoint par plusieurs journalistes, pigistes, billettistes, contributeurs divers ou critiques culturels il a réussi à construire un média qui a pris toute sa place dans le paysage médiatique local et régional.

Une carrière à La Rep !

Christian sur le terrain!

Christian aimait la vie, le vin, les femmes, le sport, les voyages, l’Afrique, le football (surtout les Verts depuis ses études à Saint Etienne), la lutte contre les injustices. Mais il aimait surtout écrire. Il avait l’information chevillée au corps et du journalisme une conception d’engagement, de contrôle des faits, mais avant tout de passion. Parisien d’origine Christian a fait, après une école de journalisme à Paris, toute sa carrière à la République du Centre d’abord à la locale de Dreux en 1978 puis à celle d’Orléans où il rejoignait début 1980 une équipe de jeunes localiers désireux de soulever la poussière de ce journal. Très vite il s‘affirmait comme un véritable limier de l’information gourmand de scoops pour débusquer ce qui avait du mal à transparaitre dans cette ville trop tranquille qu’était Orléans. Il devint un spécialiste des faits divers qu’il savait décrire comme des faits de société avec son talent qui ne laissait aucune place à la satisfaction des bas instincts. Son écriture à l’humour décapant et à la qualité unanimement reconnue aurait pu lui permettre d’accéder à des titres mieux reconnus dans le monde médiatique. Mais pour lui il n’y avait pas de petite ou de grande information, mais uniquement de l’information que l’on cherche et traite avec honnêteté et impartialité.

L’aventure MagCentre

Attaché à Orléans où il deviendra père à deux reprises avec Iris en 1981 puis Tom en 1995 dont il rencontra la mère, la journaliste Anne Lessard à La Rep, il aura mené toute sa carrière dans le journal local dont il devint grand reporter, ce qui le mènera aux quatre coins de la planète avec des chroniques ou des papiers de tourisme mais aussi de grands reportages d’actualité en Roumanie à la fin de l’ère Ceausescu ou au Rwanda juste avant le génocide.

Ses qualités seront d’ailleurs reconnues par ses pairs qui l’éliront secrétaire général de l’association des journalistes du tourisme (AJT) mais aussi président pendant plusieurs années du Club de la Presse Centre-Val de Loire.

A son départ de la Rep pas question pour lui de revendiquer le droit à la paresse ou à la retraite. C’est ainsi qu’il se lança dans l’aventure MagCentre entraînant dans son sillage une petite équipe tout aussi désireuse que lui de gagner ce pari.

Christian Bidault disparait donc à 71 ans. Nul doute si ses forces ne l’avaient pas quitté que sa signature serait encore quotidienne. Elle sera désormais absente. Elle nous manquera comme sans doute, nous avons l’ambition de le croire, à de nombreux lecteurs.

Adieu Christian

Jean-Jacques Talpin

Commentaires

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  1. Christian après Alain (Birnesser). Les mots sont souvent impuissants pour dire ce que l’on ressent. Alors, silence.

  2. Bonjour, C’est une bien triste nouvelle.
    Elu régional, je l’ai bien connu: sa plume acérée mais juste, son humour, sa franchise et la qualité de son travail de journaliste m’ont marqué… même quand il n’était pas tendre mais c’était le jeu et jamais en bassesse. Je retiendrai aussi comment il a ” débusqué ” Malaguti un des fondateurs du Front National condamné à mort par contumace pour avoir assisté les nazis lors d’un massacre de résistants à Cannes. Voir dans votre publication de son papier du mardi, 8 octobre 2013. Un vrai travail d’investigation, de recherche, qui nourrissait une écriture brillante.
    Les condoléances les plus sincères à sa famille.
    Marc Brynhole

  3. Merci à Christian de m’avoir proposé un jour, lors d’un rdv complètement fou entre lumière et plombs qui nous laissent dans le noir, d’écrire pour MagCentre.fr; aventures et espiègleries de la vie qui ne s’oublient pas. Il va nous manquer lui et ses e-mails/cafés. Repose en paix.

  4. Salut mon pote. Trop de bons souvenirs et un profond respect de ta plume. T’inquiètes! J’arrive on en reparle et on refera comme avant le monde. Le journalisme avec toi avait du sens.

  5. Lorsqu’ils sont peu inspirés, les journalistes ont coutume de dire que, ce jour là, “l’actualité n’avait pas de talent”. Avec Christian, l’actualité avait toujours du talent tant il savait trouver, le bon angle, le bon mot, la bonne chute, le bon titre.
    Christian était une plume. sa légèreté et son acuité vont nous manquer.

  6. Christian m’avait gentiment accueilli dans la petite communauté des journalistes, lors de mon arrivée à Orléans. Il a toujours été celui que l’on regarde avec gourmandise, qui avait le bon mot, la connaissance aussi, jamais avare d’un coup de main.
    Merci Christian…

  7. Sans Christian, le paysage médiatique régional n’aura plus jamais ni la même saveur ni le même intérêt. J’essaie de me consoler en pensant à tous les beaux et bons souvenirs de reportages et de voyages qu’il emporte avec lui.

  8. Je suis extrêmement attristée par cette nouvelle. La tendresse de Christian m’a laissé un souvenir impérissable. Et après près de 20 ans d’absence d’Orléans, j’ai le cœur lourd d’apprendre sa disparition.
    Une douce pensée pour ses proches, ses amis, ses collaborateurs.

  9. Salut Christian. Avec toi la Mort a voulu frapper haut. Elle a échoué. Car trop nombreux sont les souvenirs que tu as su poinçonner dans le vif de nos mémoires. L’ami et le talentueux Journaliste que tu as été resteront en nous bien vivants. “Le vrai tombeau des morts c’est le coeur des vivants” . Cocteau disait vrai. Adieu ami.

  10. Merci Christian de m’avoir permis de collaborer en tant que pigiste avec Magcentre pour les festivals jazz et autres…… Il me revient en mémoire tes “tiens, si tu peux pour le choper celui-là/celle-là” en désignant une des personnalités présentes lors des fêtes johanniques, entre autres, que tu souhaitais avoir en image.
    Pour les concerts, ce qui t’agaçais, c’était le temps limité aux photographes accrédités alors que pour le public c’était “OPEN”. Tu ne le supportais pas. Ça te mettait en colère, pour t’avoir vu ainsi.
    Je garderai de toi, Christian, l’image d’un homme passionné par le journalisme, déterminé dans ce que tu entreprenais mais aussi face à la maladie, amoureux des mots, des gens ; ta voix douce, chaleureuse, ton humour bien à toi, ta simplicité et ta grande gentillesse.
    Ton grand départ pour l’au-delà m’a beaucoup attristée. Tu es débarrassé de cette sale maladie qui s’accroche en espérant avoir le “dernier mot”. Et elle l’a eu, mais tes mots, eux, resteront !
    Et les souvenirs aussi.
    Que ton repos soit doux comme ton cœur fut bon.

  11. Alain Birnesser hier
    Christian Bidault aujourd’hui.
    Deux figures libres et brillantes de la presse .
    Une ville a besoin de journalistes comme eux.
    Un journal est lu parce qu’on y trouve des prises de paroles fortes.
    J’ai croisé Christian Bidault à plusieurs reprises dans mon parcours avec le Théâtre de la Tête Noire.
    Sa disparition me touche. Il y aura toujours quelqu’un qui manquera. Preuve que les engagements sont à jamais gravés dans la mémoire collective.
    Que les nouvelles générations suivent les chemins tracés ! Ceux de la force des convictions. Ceux de l’indépendance.

  12. Triste nouvelle. Des souvenirs et de bons moments remontent à la surface. Bon voyage Christian. Tout a été dit…Mes pensées aux tiens.

  13. Traquer les « anciens » nazis, l’internement des nomades, le Rwanda, l’Algérie des années noires, la tyrannie des mots, la bien-pensance, le danger des extrêmes, qu’il avait expérimenté jeune journaliste à Dreux, et de la novlangue, autant de sujets qu’il nous restituait après de long mois d’enquêtes. Et qui l’habitaient aussi dans son quotidien. Car journaliste n’était pas qu’un métier pour Christian.

    De plus, si certains ont l’indépendance de pensée triste, Christian c’est, c’était, aussi des colères bienfaitrices dans un monde de plus en plus lisse, mais aussi beaucoup de bienveillance, un regard tendre sur les gens, tous les gens, le bon mot, les amitiés solides, les inimitiés aussi. La seule chose qui nous séparait le foot ! Le cadeau qu’il nous laisse, malgré le grand vide de son départ, c’est Mag’Centre.
    Un Mag’Centre à son image, c’est-à-dire pétri d’une éthique journalistique et qui nous restitue, dans un joyeux éclectisme, la vie locale dans toute sa rigoureuse diversité.

  14. Merci Jean-Jacques pour ce portrait si juste de Christian. A Tours nous sommes nombreux à regretter le président fédérateur qu’il a été pour le CLUB DE LA PRESSE VAL DE LOIRE pendant deux mandats. Il a relié Orléans à Tours, nous avons pu embaucher notre premier permanent et développer ce réseau qui a compté jusqu’à 200 adhérents sous sa présidence pleine de panache !

  15. Christian Bidault avait suivi et écrit plusieurs articles sur MagCentre à propos de l’affaire Grouard/Fansolo.
    Merci à lui et mes sincères condoléances à sa famille et ses proches.

  16. Cher Christian,

    Je me souviens de ce triste jour de printemps à la table du bistrot face au tribunal d’Orléans non loin des locaux de Magcentre où tu me confiais avec la pudeur et la dignité qui te caractérisaient que tu étais atteint de cette saloperie qu’est le cancer. Tu venais semble-t-il de l’apprendre ,tu n’étais pas trop certain de la suite et surtout tu ne souhaitais pas en parler car tu n’as jamais aimé te plaindre! Quelques mois plus tôt nous nous étions retrouvés lors de mon retour à Orléans, 25 ans après notre première rencontre lors d’un voyage de presse avec le Conseil Régional du Centre et son Président de l’époque ce cher Maurice Dousset avec qui on rigolait régulièrement tous les deux. Depuis plusieurs mois déjà j’écrivais à ta demande quelques articles pour Magcentre et tu souhaitais vivement que je m’implique plus au sein de la rédaction aux côtés des belles plumes authentiques déjà présentes . Toutes celles qui te rendent hommage aujourd’hui. Malheureusement cela n’a pas pu se faire et j’ en suis navré. Mais je garderais longtemps en mémoire ces retrouvailles et ces quelques mois de collaboration, une quinzaine d’articles au total publiés sur Magcentre.fr et surtout, une certaine fierté pour moi d’avoir pu travailler ,moi aussi, à tes côtés. Alors bon vent cher Christian , continue d’écrire là où tu te trouves et surtout n’ oublie pas de saluer ce cher Maurice en arrivant. 🙂 Tu me manques déjà.
    Régis Bonlieu

  17. Beaucoup de tristesse…
    J’avais une réelle admiration pour lui.
    Mes pensées à ses proches.

  18. J’ai rencontré Monsieur Bidault dans un lieu peu recommandable puisque c’était à l’institut Curie. L’hiver dernier. Dans la même chambre, pour le même motif. J’ai moi aussi une carte de presse. Mais ma spécialité c’est plutôt le sport. Le sport qu’il avait lui aussi pratiqué avec une raquette. Cà nous a permis d’échanger. Il était lucide quant sa situation. Impressionnant. J’ai tenté de le convaincre d’essayer la chirurgie.De tenter. Mais non: Sa décision était prise. Vis à vis de lui-même, de ses enfants et de tous ses amis. Oui ce type m’a scotché par son courage et son humanité. Bon voyage et courage à ceux qui restent.

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