Il ne suffit d’un rien et tout est dit. Comme dans un arrêt sur image. Auteure de quasi cases solitaires de bande dessinée, cette scénographe solaire nous tient sensiblement et intimement en haleine. Agnès Thouvenin, artiste orléanaise qui nous avait offert en 2019 ses Poignées d’amour, retrouvailles où elle affirmait qu’il était « un véritable geste d’amour de se prendre par la taille », artiste qui avait aussi magnifiquement célébré le monde des migrants, sonde cette fois au plus profond de ses émotions, attentive à la vie qui va, solitaire ou partagée.
Agnès Thouvenin, le goût de l’autre jusqu’aux « Confins ». JDB
Une délicate conjugaison des temps
Cette fois encore, Agnès décoche de quelques lignes fidèles nos gestes à l’abandon et de doux portraits. Ils sont nés, cette fois, de ses « Confins » teintés de souvenirs, d’espérance et de simple tendresse. De « Confins » conjuguant avec une force délicate, juste le temps du retrait, le passé et le présent, le futur et le toujours. Alors ici, on lit, on se téléphone, on se pose, se repose, on se souvient des couples sages, des amis, des jeux ; on aime regarder, sur la pointe du souffle, le sommeil d’une autre, par-dessus son épaule.
Ce que nous aimons chez Agnès Thouvenin, c’est entre autre son humanité, son écriture simple, cette ligne d’air sur laquelle évolue sa mine funambule. Ce que nous aimons aussi, c’est sa peinture travaillée de manière dense, si personnelle, reflet d’une attitude à la fois sonore et fragile, d’une puissante comme intérieure intensité. Voilà tout.
Avec ces « Confins », parsemés de lumière, voici une belle œuvre qui se crée peut-être comme l’on respire, comme l’on aspire le merveilleux goût de l’autre. Voici la certitude confiante d’une poésie partagée. Spontanéité apprivoisée. Vivement une nouvelle exposition de cette artiste aux cimaises. Et toute notre reconnaissance pour ces heureuses confidences ouvertes dont nous n’avons cité que quelques entrevues.
Jean-Dominique Burtin