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Article publié le 18 mai 2015 dans la rubrique Cité
“Parlons et écrivons son nom avec respect”. Tels sont les mots ensoleillés de jeunesse qui résonnent, en ce beau lundi après-midi, dans le parc Pasteur d’Orléans.
Jean Zay
A l’occasion de l’hommage rendu à Jean Zay, enfant d’Orléans, ministre de l’éducation nationale et des beaux-arts sous le gouvernement du Front Populaire, humaniste qui fut lâchement assassiné le 20 juin 1944 “pour ses valeurs et ses principes” par des miliciens et dont les cendres reposeront à tout jamais le 27 mai au Panthéon, les Orléanais ont manifesté leur ferveur à l’occasion de différentes cérémonies d’accompagnement.
Au Parc Pasteur
L’hymne fervent de la jeunesse
“Respect, tolérance, espoir, honnêteté, persévérance, gentillesse”, tels sont les mots qui figurent sur de petites banderoles que tendent aux regards les enfants de l’école Charles Péguy au parc Pasteur. Jolie fresque également du lycée Benjamin Franklin et des enfants de L’USEP qui dressent l’effigie de Jean Zay, celle que l’on avait pu découvrir sur le timbre créé en son temps par Huguette Sainson, artiste orléanaise.
En vérité le Lycée Jean Zay a bien fait les choses, invité le plus
Le maire adjoint d’Orléans, Olivier Carré, entre les deux sœurs Hélène et Catherine Zay.
grand nombre et Evelyne Richard, proviseur, a tenu aussi à ce que soient offerts les mots de Jean Zay, ce “voyageur étourdi d’idéal”.
Recteur de l’Académie Orléans Tours. Marie Raynier s’adresse ainsi aux lycéens: “ Jean Zay avait compris l’importance que vous représentez tous et avec lui, aujourd’hui, c’est l’Education nationale qui entre au Panthéon”.
L’arrivée du cercueil transportant les cendres de Jean Zay devant le monument aux morts.
“C’est l’éducation nationale qui entre au Panthéon”
Et madame Raynier de rappeler que Jean Zay s’adressait à chacun , “des plus petits aux plus grands” et qu’il était important pour lui “de s’ouvrir pour apprendre et de s’ouvrir pour comprendre”. Et le recteur de poursuivre, à l’adresse des élèves :” Il a compris l’importance que vous avez tous et nous invitait à avancer sans crainte du changement, ce changement que vous incarnez avec cette envie d’aller vers l’avenir en bousculant les conservatismes” Et enfin, à l’issue de cette belle prise de parole, le recteur ajouta : “Cet homme là voulait que l’on soit intelligent, ne le décevons pas, et accompagnons-le”.
Peu après qu’ait été diffusée une chanson rap, celle, superbe et composée par un jeune du collège Jean-Zay de Marseille pour rappeler que “la jeunesse est bien là et vivante”, l’hommage s’est déplacé vers le monument aux Morts. Peu avant, Catherine Martin Zay, sœur d’Hélène Mouchard Zay, filles de Jean Zay, fait montre, comme à l’accoutumée, d’une attentive disponibilité. “Je suis très bouleversée, heureuse et touchée de voir tant de personnes présentes à l’occasion de cette arrivée symbolique et concrète au Panthéon”. Et Catherine Martin, belle libraire à l’écoute de chacun, de poursuivre, avec une pudeur qui force, une fois encore le respect: “En même temps c’est mon père, et puis là c’est privé”.
Une manifestation émouvante, chaleureuse et saisissante
Sur le boulevard Alexandre Martin, au pied du Monument aux morts se déroule ensuite l’hommage militaire à Jean Zay, ce “patriote actif qui a œuvré dans la résistance”. Emouvante et saisissante est l’arrivée du cercueil de Jean-Zay, drapé d’un drapeau tricolore avant que ne s’élève, dans un silence d’une intensité palpable le Chant des partisans, interprété a cappella par Quentin Delépine.
Avant le départ pour la nécropole des grands hommes, le corps de Jean Zay traverse la cité, le temps d’un lent cortège recueilli , pour rejoindre la cour de l’Hôtel Groslot. Ici, une nouvelle fois, de beaux discours saluent l’oeuvre de l’humaniste et sa sagesse politique.
Vice-président de l’Université d’Orléans,
Pierre Allorant rappellera avec humanité combien cet hommage rendra
“moins douloureux l’assaut des souvenirs”. Michel Jau, préfet, dans un très beau discours, défendra la cause de la démocratie, la dignité humaine, celle de Jean Zay qui a su faire
“connaître et aimer les valeurs qui nous réunissent aujourd’hui”. “Il a fallu des années pour lui rendre justice” a-t-il poursuivi.
“Il a su se lever et refuser l’inacceptable au prix de sa propre vie” a-t-il encore déclaré.
Une ardente obligation du souvenir
Olivier Carré, maire adjoint de la ville d’Orléans, en l’absence de Serge Grouard, empêché pour raisons de santé, aura lui aussi de beaux mots rassembleurs soulignant
“le courage, la cohérence et l’honnêteté” de l’action de Jean Zay. Il soulignera encore ce
“fervent amour” qu’il avait pour sa ville et sa passion,
“par sympathie et par idéal” envers la jeunesse de son pays qui doit se montrer
“digne de se gouverner par sa propre raison”.
“Il est pour nous une ardente obligation de se souvenir” a poursuivi Olivier Carré avant que s’élève, une nouvelle fois,
le Chant des partisans, cette fois interprété par par les enfants de l’école Jean Zay. Faisant suite à cet hommage, des centaines d’anonymes seront venus déposer des fleurs au pied du cercueil , ou se recueillir quelques instants.
Peu avant , u
n trio de cuivres de musiciens orléanais faisait magnifiquement sonner, en hommage à Jean Zay, une oeuvre de Anthony Holborne intitulée
“Les fruits de l’amour”. Ceux que l’on n’en finit plus de cueillir à ce bel arbre nourricier qu’est l’œuvre d’un homme dont les enfants et leur famille illuminent avec une humble générosité la mémoire.
Jean-Dominique Burtin.
Le discours d’Olivier Carré, Maire adjoint d’Orléans