Il fallait y penser et surtout l’oser. Olivier Bal l’a fait. Il a introduit le polar dans le monde tellement à part du show- biz de haute volée, forcément américain et mondial. Entrons sans plus hésiter dans l’univers de Mike Stilth, rockstar mondiale, nouveau film, nouveau disque, nouvelle tournée mondiale, des interview chronométrés à la chaîne avec questions interdites. D’un côté, une face brillante, des fans à la pelle, le fric, le succès sans limite comme l’ont connu des Freddy Mercury, des Sting et quelques autres. De l’autre une face secrète, une phobie qui ressemble tellement à celle dont souffrait Michael Jackson et un entourage qui fournit tout ce que la vedette désire sans limite, qui cogne pour elle, qui tue pour elle. Ceci, c’est le cadre général mais que se passe-t-il certaines nuits dans Lost Lakes la propriété secrète de l’artiste ?
Un matin, à la surface du lac voisin un cadavre remonte à la surface. C’est le sixième en peu de temps dans ce lac des forêts du New Hampshire, au lieu maudit dans ce lac que la rumeur désigne par le lac aux suicidées.
L’un de ces cadavres fut celui de Clara Miller une journaliste. Comme Paul Green, le reporter du Globe qui débarque sur l’affaire. Il avait connu Clara étudiante, avait eu pour elle un coup de cœur. Il ne croit pas un instant à la thèse du suicide.
Au péril de sa vie Paul Green enquête. Il se heurte très vite aux méthodes peu orthodoxes de Joan Harlow, redoutable attachée de presse qui veille sur l’intimité de la star et se bat comme une lionne dès que l’empire Stilth est attaqué.
Mais Paul, lui, a tout son temps. Tel jadis Colombo, dans sa vieille 403 Peugeot déglinguée, il tourne inlassablement autour du domaine. Avec cette question : et si, du manoir, la route menait directement au lac ?
Cela aurait pu être un thriller classique si Oliver Bal n’avait utilisé la langue pratiquée par ce milieu, une langue rapide, réduite à l’essentiel, violente, qui s’exprime sans affect. Il faut du talent pour tenir la distance, pour camper les acteurs, leur vie, leur caractère. Plus qu’un thriller de qualité “l’affaire Clara Miller est la peinture d’un milieu où l’on perd vite le sens des réalités, où le génie artistique excuse tout et détruit tout”.
F.C.
« L’affaire Clara Miller »
Olivier Bal
XO Editions 476 pages 19,90€