Le E-cinéma, un moyen pour passer la crise

Pour limiter les dégâts du COVID-19, les distributeurs et exploitants de films organisent des séances virtuelles. C’était le cas le 5 mai dernier aux Lobis à Blois (Loir-et-Cher) où le documentaire de Bastien Simon Les grands voisins était présenté avec le soutien de l’association Ciné’fil.

On doit cette initiative à plateforme www.25eheure.com qui a utilisé le concept de salles de cinéma virtuelle le 18 mars 2020, en réaction à la fermeture des salles de cinéma françaises suite à la pandémie de COVID 19.Socialement engagée, La Vingt-Cinquième Heure assure un partage de recettes entre distributeurs et exploitants et garantit une compensation carbone.

Sorti comme prévu le 1er avril, le documentaire de Bastien Simon Les grands voisins, la cité rêvée profite donc de ce système avec un calendrier de diffusion virtuel dans une cinquantaine de cinémas français souvent indépendants. Dans de nombreux cas, la séance est suivie de débats via chat vidéo et Facebook avec le réalisateur. C’était donc la formule proposée par le cinéma indépendant, labelisé Arts et Essais, Les Lobis de Blois.

« Les Grands voisins a déjà réuni plusieurs milliers de spectateurs. Merci pour le soutien en cette période difficile, grâce à vous le cinéma indépendant trouve sa place sur Internet et peut continuer à vivre », déclarait le réalisateur lors du débat qui a suivi la projection. Ce dernier a pu réaliser ce documentaire de 97 mn grâce à un financement participatif auquel ont contribué 443 donateurs.

Un film qui fait du bien

Coup de cœur Télérama, le film fait revivre au jour le jour l’aventure éphémère des Grands voisins, un projet citoyen qui a permis une expérimentation sociale au cœur de Paris entre 2016 et 2018 (1). Conduit par les associations Aurore, Yes we camp et Plateau urbain, il visait à faire cohabiter un centre d’hébergement social de 600 lits avec des activités liées à l’économie sociale et solidaire (ESS). Parallèlement, des activités projets sont construits, dans le cadre d’un conseil des Voisins, par les résidents et les travailleurs sociaux pour tisser des liens.

Au jour le jour, on découvre ainsi la vie dans ce véritable village de 3,4 ha au cœur de Paris où la liberté, le partage, l’entraide sont les maîtres mots. Jardinage, restauration sociale, ateliers, théâtre, camping … les initiatives fusent avec pour ambition de mixer les publics et de générer du lien social. Très vite, on s’attache aux personnages : William, le directeur des Grands Voisins, Maël le réfugié Mauritanien qui se bat pour la nationalité française ou encore Adrien, le jeune luthier, qui a créé un groupe de rock (Kacécode) avec des personnes hébergées. De beaux portraits émouvants, drôles, dignes et même parfois politiquement explosifs.

Sur ce lieu, ancien hôpital Saint-Vincent de Paul, mis à disposition par les Hôpitaux de Paris (AP-HP), on croise  des politiques comme le président François Hollande venu visiter les locaux de sa nouvelle fondation pour l’investissement social et le développement humain ou encore l’ex-ministre de l’environnement Nicolas Hulot accompagné d’Edouard Philippe, 1er Ministre d’un gouvernement qui n’hésitera pourtant pas à tailler dans les subventions aux acteurs sociaux (emplois aidés, hébergement d’urgence…). Au final, le documentaire défend, sans angélisme, mais avec conviction de nouvelles manières de faire société pour échapper à l’individualisme galopant.

Lors du débat animé par Romain Prybilski, directeur des Lobis, Anne-Lise Delabruyère et Pascal Martinet ont présenté un projet d’esprit analogue : Les métairies du Pont Saint-Michel qui a vu le jour à Blois Vienne en 2018. Sur un terrain de 2,7 ha mis à disposition par la ville de Blois, plusieurs partenaires conduisent ce projet agriculturel résolument citoyen dans lequel cohabitent groupement d’achat, jardins partagés, éducation à l’environnement, chantiers participatifs, fête annuelle… « Nous souhaitons créer un village qui soit un écosystème de l’économie sociale et solidaire pour mixer les publics et partager les valeurs de générosité, solidarité et respect de l’environnement », a souligné Anne-Lise Delabruyère.

Jean-Luc Vezon

(1) Depuis un écoquartier est en cours d’aménagement sur le site.

www.25heure.com

www.cinefil-blois.fr

 

E-cinéma : Essayez, c’est l’adopter  

L’expérience du visionnage d’un film à distance est passionnante. Nous avons été séduits par l’horaire fixe pour « se faire une toile » et surtout d’avoir pu interagir avec les protagonistes lors du débat organisé à la suite de la projection. Certes, ce principe ne remplacera jamais les séances physiques mais en cette période, il est agréable de garder le lien avec le monde du 7e art. N’hésitez donc pas à tester la formule, par exemple, avec les excellents Sankara n’est pas mort de Lucie Vivierou Papicha de Mounia Meddour disponibles sur la plateforme www.25heure.com.

 

Le e-cinéma, comment ça fonctionne ?

 ​La salle de cinéma virtuelle La Vingt-Cinquième Heure propose des films qui sont produits pour le cinéma c’est-à-dire avec des moyens conséquents, du casting, de la mise en scène… Après avoir choisi votre long métrage, documentaire ou film d’animation, vous payez votre place en ligne et vous vous placer devant votre écran préféré : télévision, tablette, PC ou Smartphone.

Le fonctionnement de cette salle de cinéma virtuelle repose sur les principes suivants :

  • ​L’accès à la salle de cinéma virtuelle est géolocalisé, seules les personnes situées dans un périmètre variantde 5 à 50 kms peuvent y accéder
  • La programmation est faite par les exploitants de cinéma et les recettes sont partagées entre exploitant, distributeur et le site hébergeant la salle virtuelle
  • les séances sont retransmises en direct, et ne sont plus accessibles à l’issue de la retransmission
  • Les séances peuvent être suivies d’une rencontre avec un membre de l’équipe du film ou des intervenants en liens avec sa thématique. Ces intervenants sont rémunérés par un pourcentage sur chaque ticket de cinéma. A l’issue de la séance, les spectateurs peuvent leur poser des questions grâce à un dispositif de chat vidéo intégré.
  • Chaque ticket fait l’objet du reversement d’une contribution carbone dont le montant a été évalué par la société Secoya à 10 centimes.
  • Chaque lundi, de nouveaux films sont proposés par les cinémas et les distributeurs partenaires et programmés à partir du mercredi

 

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