Sophie Deschamps © GP
Chères lectrices et chers lecteurs de Magcentre,
Face au confinement imposé à la France depuis le 17 mars, j’ai décidé d’écrire un journal de bord pour y exprimer, jour après jour, mon ressenti face à cette situation inédite qui nous oblige à réfléchir et surtout à revoir nos priorités. Vous y trouverez au fil de l’eau des infos pratiques en tous genres, selon l’humeur des conseils de sites, de lecture ou de cuisine ainsi que des coups de cœur ou des coups de gueule selon l’actualité du coronavirus. Mais surtout restons solidaires et zen les uns envers les autre
Merci pour vos commentaires et vos encouragements, continuez vous aussi !
#restezchezvous
« Le monde d’après sera différent de celui d’avant », nous a averti Emmanuel Macron dès le 16 mars. Le tout est d’imaginer en quoi il sera différent et si nous allons y perdre ou y gagner. Ce que nous savons à la fin de ce confinement, c’est que des dossiers urgents attendent sur les bureaux du Président de la République, notamment celui des blouses blanches. Des soignants qui se sont retroussés les manches au cœur de la tempête. Ils n’accepteront pas toutefois, et ils l’ont déjà dit, la poursuite de la politique de dépouillement du service hospitalier public, auquel on demande depuis des années de faire plus avec moins. Un secteur qui est toutefois arrivé à son point de rupture et qui a bien failli être débordé au plus fort de l’épidémie.
Du coup, dans une note confidentielle de début avril (mais que se sont procurée plusieurs médias), les renseignements généraux craignent à l’automne une radicalisation de la contestation sociale et s’inquiètent « des risques de passage à l’acte de groupuscules radicaux lors de la sortie du confinement ». Dans leur collimateur, le mouvement “Refusons le retour à la normale”, parti de Rennes avec des slogans forts tels que “Notre colère ne sera pas confinée.”, “Retrouvons-nous dans la rue dès la fin du confinement ! ” ou encore “Mettons le pouvoir en quarantaine ! “.
Un mouvement qui a déjà fait des petits dans d’autres villes grâce aux réseaux sociaux (Dunkerque, Toulouse mais aussi en Italie et au Royaume-Uni). Un mouvement étonné lui-même de ce coup de projecteur médiatique dont il bénéficie mais qui tient à expliquer que ses membres ne sont pas « un petit groupe tapi dans l’ombre, les yeux gorgés de sang, la bave à la commissure des lèvres, prêt à surgir et qui souhaiterait voir la société plonger dans le chaos ». Leur profession de foi repose sur une analyse de la situation avant et pendant la pandémie : “« Nous sommes cette part grandissante de la population qui se révolte : nous ne tolérons pas que le monde qui nous a conduit à ce désastre reparte de plus belle à la sortie du confinement. Les dernières déclarations de Bercy ainsi que de l’insatiable MEDEF (qui invite d’ores et déjà à travailler plus, à supprimer des jours fériés et des RTT) dessinent déjà les contours de ces “jours heureux” à venir. »
Mouvement “Refusons le retour à la normale” (capture d’écran) © SD
Ce qui est sûr c’est qu’à l’issue de cette crise sanitaire qui s’accompagne inévitablement d’un crise économique et sociale (avec 12,1 millions de salariés au chômage partiel en France), les vrais dossiers devront être traités très vite par le gouvernement. Il y a bien sûr, et je l’ai dit plus haut, la situation précaire des hôpitaux, mais aussi tous ces salarié-e-s de l’ombre, souvent ignoré-e-s et mal payé-e-s, et qui malgré cela ont fait tenir la France debout durant le confinement. Si ces personnes ne sont pas entendues et prises en compte, les gilets jaunes descendront à nouveau dans la rue mais en plus grand nombre et avec les blouses blanches à leurs côtés.
Une colère exprimée dans une lettre ouverte de Vincent Lindon à l’invitation de Médiapart et dans laquelle rappelle que « les inégalités ont explosé avec la pandémie. Confinés dans des logements exigus ou contraints d’affronter les périls, les plus fragiles vivent des jours terriblement difficiles. Et leurs lendemains ne chantent pas. Après la crise sanitaire, ils seront sûrement les premières victimes de l’inévitable catastrophe économique et sociale ».
Du coup, l’acteur-citoyen préconise la création « d’une contribution exceptionnelle, baptisée “Jean Valjean”, conçue comme une forme d’assistance à personnes en danger, financée par les patrimoines français de plus de 10 millions d’euros, sans acrobaties, à travers une taxe progressive de 1 % à 5 %, avec une franchise pour les premiers 10 millions d’euros ».
Vincent Lindon, lettre ouverte, 6 mai 2020 (capture d’écran) © SD
A noter enfin qu’à New-York, sans attendre la fin du confinement, des milliers de personnes licenciées viennent de lancer une grève des loyers parce qu’elles sont tout simplement dans l’incapacité de le payer (30 millions d’américains sont au chômage avec des filets sociaux moins importants qu’en France). Du coup, les propriétaires, et ça c’est étonnant, menacent non pas de s’en prendre à leurs locataires mais de cesser de payer les taxes foncières. On appelle ça “l’effet papillon”.
A demain !