Les étudiants de la région Centre-Val-de-Loire font partie des grands oubliés du confinement. Obligés de rester dans leur chambre universitaire depuis le 17 mars 2020, sans pouvoir assurer les petits boulots qui permettaient leur subsistance, ils n’ont pas été épargnés par la précarité. Si des actions solidaires et bénévoles leur viennent en aide, les pouvoirs publics peinent à mettre la main à la poche.
Des bénévoles distribuent des biens de première nécessité et de la nourriture aux étudiants restés confinés dans les résidences universitaires orléanaises. Photo Mourad Guichard
La situation à peu près insupportable que vivent les étudiants du campus d’Orléans, mais aussi ceux de Tours, donne lieu à d’étonnants tirages de couvertures à soi. Depuis le début du confinement, ce sont environ 2 200 jeunes adultes, sur l’ensemble de l’académie Orléans selon le Crous, qui se retrouvent littéralement coincés dans l’étroitesse de leur chambre universitaire sans le moindre revenu, les jobs d’appoint étant suspendus et l’envoi d’argent rendu techniquement impossible.
À Orléans, ils dépendent des distributions alimentaires assurées, chaque mercredi matin, par les bénévoles d’un collectif de soutien aux étudiants, mission initiée par Hechmi Toumi, doyen du Collegium sciences et techniques. Les pouvoirs publics, eux, assurent un service minimum.
Une goutte d’eau
Ainsi, depuis le début du confinement, ce sont 40 000 euros d’aides qui ont été distribués, ce qu’a annoncé triomphalement Katia Béguin, la rectrice de l’académie d’Orléans-Tours, à l’occasion d’une audio-conférence, organisée ce jeudi 30 avril 2020. Sauf qu’à y regarder de plus près, il s’agit d’une aide pour l’ensemble de l’académie. Autant dire une goutte d’eau dans un océan de détresse. Pour acheter de la nourriture, 400 e-cartes de 100 euros ont également été distribuées par le Crous mais non renouvelées pour l’heure et valables uniquement dans les enseignes du groupe Carrefour. Enfin, deux enveloppes de 30 000 euros devraient être débloquées à l’attention des étudiants orléanais et tourangeaux. En comparaison, la ville de Saran (Loiret), avec ses 17.000 habitants, a débloqué une enveloppe de 100 000 euros pour ses administrés les plus impactés, dès le début du confinement.
L’État, de son côté, comme l’a confirmé le Préfet de la région Centre-Val de Loire, Pierre Pouëssel, à l’occasion de cette même audio-conférence, a procédé à la distribution de colis avec le concours de la Croix Rouge. Sauf qu’à y regarder de plus près là aussi, il ne s’agit que d’une petite centaine de colis, autant dire qu’elle fût symbolique. La direction du Crous, qui assure œuvrer dans l’ombre, aux côtés de la présidence de l’université, est toujours qualifiée « d’abonnée absente » par les acteurs de terrain.
Face à cette défaillance notable et aux différents discours cherchant à s’attribuer la palme du sauvetage des étudiants abandonnés à leur sort, un collectif de bénévoles a réagi. « Le collectif OSEM (Orléans soutient les étudiants du Monde) s’indigne de la lenteur de l’action institutionnelle. Communication n’est pas action », dénonce-t-il dans un communiqué. « L’aide d’urgence aux étudiants, d’où qu’elle vienne, se doit d’être rapide et immédiate. Les associations (Croix Rouge, Secours Populaire, Restos du Cœur, Secours Catholique) sont volontaires et mobilisées pour aider, permettez-leur d’agir! »
Olivier Carré, pour sa part, assure avoir été très tôt alerté de la situation des étudiants. « Que des étudiants puissent avoir faim en 2020 est profondément inacceptable », écrit le président d’Orléans Métropole qui indique avoir débloqué une subvention de 6 000 euros pour organiser un partenariat avec l’entreprise d’insertion par l’économie Saveurs et Talents. Ceci pour pallier l’absence de revenus des étudiants.
Mourad Guichard