Et de deux! Les personnels bénévoles de l’université d’Orléans viennent de procéder, pour le deuxième mercredi consécutif, à une distribution alimentaire à destination du millier d’étudiants confinés depuis le début de l’épidémie, parfois dans des chambres de 9 mètres carrés, sans sanitaire, ni wc propres. Pour ces jeunes gens qui n’ont pu rejoindre leurs proches au moment du confinement, la situation est simplement dramatique. N’ayant plus les revenus de leur job d’étudiant ou ne pouvant plus recevoir d’argent de leur famille, ils peinent à pouvoir s’alimenter.
Dans un premier temps, l’université leur a fourni des bons d’achat à utiliser en centre ville d’Orléans, avec la complexité de pouvoir gagner les lieux, le campus se trouvant à une douzaine de kilomètres du cœur de ville. Beaucoup sont contraints d’avoir recours aux Restos du Cœur, mettant souvent un voile sur leur fierté, comme Fatima qui a hésité à franchir le pas. Il aura fallu compter sur le volontarisme d’Hechmi Toumi, doyen du collegium sciences et techniques et de ses collègues bénévoles réunis sous la bannière du Collectif soutien étudiants Orléans, pour que l’aide alimentaire leur arrive enfin à proximité immédiate. Ces derniers, après inscription, se voient remettre des pâtes, des conserves, du savon, des boissons… De quoi tenir quelques jours et de pallier l’étonnante absence de réaction des pouvoirs en place.
“Ici, rien !”
« Dans n’importe quelle autre académie, le centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS) interagit avec les actions menées en direction des étudiants. Ici, rien », s’étonnent plusieurs enseignants interrogés par MagCentre. De son côté, la présidence a fait un geste en proposant des bons d’achat de 50 euros aux étudiants arrivés les premiers. Mais cette initiative ne gomme en rien, voire remet sur le tapis, la faramineuse augmentation des frais d’inscription qu’ont dû supporter les étudiants extra-communautaires, ceux-là même qui sont aujourd’hui majoritairement confinés en isolement total (https://www.humanite.fr/etudiants-etrangers-le-zele-coupable-de-la-faculte-dorleans-676761). Ils étaient passés de 170 euros à… 2.700 euros. Plusieurs syndicats, dont la puissante FSU, réclament le remboursement immédiat afin que les jeunes gens puissent subvenir à leurs besoins vitaux.
Et derrière cette crise, se profile également l’élection pour la présidence de l’université qui devrait avoir lieu en septembre prochain. Et qui s’annonce pour le moins saignante. En parallèle de ces initiatives de gestion de crise dans un France de 2020 aux reflets tiers-mondistes, la Maison des Ados 45 se met à la disposition des étudiants pour une écoute psychologique et bienveillante par le biais, notamment, des réseaux sociaux (maisondesados45.fr).
Mourad Guichard
Vidéo tournée le 22 avril 2020 lors de la précédente distribution alimentaire sur le Campus