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Article publié le 14 juillet 2013 dans la rubrique Cité
Faut-il construire de nouvelles lignes à grande vitesse (LGV) ou rénover et entretenir le réseau existant? La catastrophe ferroviaire de Brétigny sur la ligne Paris-Orléans-Limoges vient d’apporter une réponse cinglante et… sanglante à cette question. Pourtant, depuis des mois dans tous les cénacles démocratiques (conseils municipaux, régionaux, intercommunalités, associations de lobbying…), des centaines d’heures de débat, des grands messes, des pages de lobbying dans la presse, ont été consacrés à l’urgence de construire une ligne à grande vitesse entre Paris-Orléans-Clermont et Lyon. Afin de doubler la ligne Paris-Lyon, la première ligne de TGV, aujourd’hui saturée.
Des centaines d’heures et des millions d’euros en études, sous la houlette de RFF et de la SNCF (qui vont se remarier!), pour savoir s’il fallait passer à l’ouest, à l’est, au centre, éviter la Sologne, la Loire (difficile de ne pas la traverser), passer à droite et à gauche de tel platane… De grands élus comme Serge Grouard le maire UMP d’Orléans, le sénateur du Cher Rémi Pontereau, soutenu par les Socialistes, se sont faits les apôtres du projet à quinze milliards d’euros.
Des carences scandaleuses
Jean-Philippe Grand
Quelques petites voix se sont élevées pour dire “et si l’on s’occupait plutôt des lignes existantes d’abord?”. Il faut en convenir les écologistes ont été à l’avant garde pour lancer des signaux d’alerte, de même que les associations d’usagers, excédés par les carences scandaleuses du Paris-Orléans et du Paris-Chartres (retards, rames saturées) notamment. Ainsi Jean-Philippe Grand, élu EELV (Europe écologie les verts) à la ville d’Orléans et à la Région, avait-il lancé fin juin “quinze milliards d’euros pour le POCL ou des trains utiles pour tous?”
Entre des projets budgétivores, à l’heure où l’Etat et les collectivités ont les poches vides, et des “investissement ciblés vers les trains de tous les jours, la rénovation des lignes existantes et des trains qui arrivent à l’heure” comme le réclament les écologistes, le rapport Duron est venu apporter de l’eau au moulin de ces derniers.
Priorité aux trains de tous les jours
A travers le commission “mobilité 21”, celui-ci préconise de renvoyer à 2030 la plupart des projets de LGV (245 milliards d’euros au total) dont celui de Paris-Orléans-Clermont-Lyon (POCL)
Pour leur part, les écologistes régionaux avaient sortis un projet alternatif pour moderniser les lignes existantes Paris-Nevers-Clermont, Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (Polt) et Lyon-Bourges-Tours-Nantes. Avec un Paris-les-Aubrais à 40 minutes au lieu d’une heure, grâce à un Y renversé avec une branche vers les Aubrais et l’autre vers Montargis. Coût, 6 milliards d’euros.
Il faut être juste, des travaux sur les lignes ont été entrepris à grande échelle par RFF, allant jusqu’à interrompre le trafic sur Paris-Orléans notamment certains week-end. Cela suffira t-il à éviter d’autres Brétigny-sur-Orge, un accident manifestement du à un défaut d’entretien des voies? Il faut l’espérer, sinon le réseau ferré français risque de connaître une série noire ferroviaire, comme ce fut le cas en Grande-Bretagne après la privatisation.;
“La priorité à l’entretien des lignes existantes” a tranché François Hollande lors de son entretien télévisé du 14 juillet.
Ch.B
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Pour le Collectif Gares Val de Loire, “la sécurité n’est pas négociable”
“Les premières pensées du Collectif Gares Val de Loire sont pour les victimes et leurs familles, pour les blessés de cette catastrophe. Elles sont à partager avec les milliers de voyageurs quotidiens qui empruntent et emprunteront cette ligne…
Ne connaissant pas la cause exacte de ce déraillement, il convient d’être prudent sur l’analyse qui pourrait-être faite. Rappelons que depuis sa création, le CGVL n’a cessé d’alerter en toutes circonstances les différentes autorités compétentes sur « la sécurité des voyageurs et du personnel de la SNCF ».
Lors de la table ronde du 26 Juin 2012 qui s’était tenue à Orléans au Conseil Régional, Pascal FOULON Président du CGVL avait fait mention de différents problèmes de sécurité auprès de Guillaume PEPY, du Préfet, de RFF et de François BONNEAU, Président de la Région Centre. Le Président de la SNCF avait annoncé sur une ligne qu’il qualifiait de « malade », une vague de travaux de 2012 à 2017. Souhaitons juste que cet accident ne soit pas le fruit d’une absence de « traitement médical ».
Cette catastrophe doit impérativement rappeler s’il en était besoin à l’ensemble des acteurs du transport ferroviaire que la sécurité des personnes n’a pas de prix, qu’elle n’est pas négociable. Cela passe irrémédiablement par des moyens humains et matériels en adéquation avec le nombre de voyageurs quotidiens qui est croissant”.