Ce lundi après midi se tenait l’assemblée générale de la Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire Centre-Val de Loire en visio-conférence, covid19 oblige. L’occasion de faire non seulement le bilan de l’année 2019 des activités de la Chambre mais surtout de faire un point d’actualité en présence du Préfet de Région, Pierre Pouëssel, et du Président de Région, François Bonneau, venus apporter leur soutien à une économie qui se trouve en première ligne dans la solidarité nécessaire face à cette crise sanitaire. Occasion aussi de rappeler les valeurs de l’économie sociale et solidaire où l’humain trouve sa place pleine et entière, valeurs qui seront sans doute incontournables dans l’économie d’après-crise…
Interview de Dominique Sacher, Président de la CRESS Centre-val de Loire
MC Quelle place occupe aujourd’hui ;’économie sociale et solidaire ?
DS L’économie sociale et solidaire joue un rôle depuis très longtemps, c’est une approche qui paraissait jusque dans les années 2000 pour beaucoup un peu archaïque, dépassée dans le contexte de la mondialisation, de l’économie “sérieuse”. Déjà la crise de 2008 avait relativisé les choses et l’on avait vu que le tout pouvoir de la finance ne répondait pas exactement aux attentes de la société. L’économie sociale et solidaire a longtemps été limitée à un rôle de réparation, c’était tout ce que l’état ne voulait pas prendre en charge ou gérer en direct au niveau solidarité sociale: l’économie sociale jouait un rôle reconnu dans le retour à l’emploi pour les personnes exclues du monde du travail;
MC La crise sanitaire rappelle-t-elle l’importance de l’ESS ?
DS Beaucoup aujourd’hui semble redécouvrir l’intérêt de donner la priorité à l’être humain, ne pas avoir pour seule priorité le profit financier, la spéculation financière restant le pire moyen de s’enrichir, même si cela a toujours existé. Aujourd’hui plus personne n’oserait dire “l’économie sociale c’est dépassé”, et en dix ans , c’est une évolution importante qui s’ajoute à l’évolution due à la mise en danger de la planète et de ses habitants, animaux et humains. La crise financière de 2008, et le Covid 19, qui a démontré que l’on pouvait tout arrêter, nous montrent que l’économie sociale et solidaire doit faire alliance avec tous les acteurs qui veulent vivre sur notre planète d’une manière différente.
MC Qu’apportent particulièrement les entreprises de l’économie sociale et solidaire ?
DS Ce qu’apportent les entreprises de l’économie sociale, c’est d’abord de poser que le profit n’est pas la priorité, on prend conscience aujourd’hui que le profit et le marché sont devenus tellement prioritaires que tous les coups sont permis et tant pis pour le citoyen consommateur. Toutes les structures de l’économie sociale aujourd’hui, y compris les banques et les mutuelles, ont acquis indéniablement un respect du client comme valeur essentielle. 60% des français sont dans le réseau de l’économie sociale et solidaire via leur banque ou leur assurance. C’est pourquoi l’économie sociale est entrain de gagner les esprits et c’est pourquoi nous œuvrons au renforcement des structures nationales de l’ESS. C’est très important pour la défense de nos valeurs et c’est très important avec cette crise du Covid 19 de faire partager nos valeurs avec le plus grand nombre de français en montrant que l’on peut revenir à une économie plus responsable, plus respectueuse de la planète et de l’humain.
MC Et le rôle des associations ?
DS Les associations sont directement sur le terrain de la solidarité et c’est souvent très compliqué pour elle parce que il y a beaucoup de bénévoles qui peuvent être âgés et c’est eux qui souvent sont aux responsabilités, aux manettes de la distribution alimentaire, de l’organisation de la solidarité: j’ai régulièrement la responsable de la Banque Alimentaire au téléphone et c’est terrible ce qu’ils ont à assurer. La question des masques a été une vraie catastrophe pour nos trente mille salariés qui ont en charge les handicapés, des jeunes en difficulté ou des personnes âgées, à domicile, dans des établissements d’accueil ou dans des établissements d’hébergement d’urgence: ils travaillaient jusqu’à début avril le plus souvent sans protection. Et les salariés du secteur social ont aussi été admirables avec un dévouement formidable !
Propos recueillis par Gérard Poitou
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