Sophie Deschamps © GP
Chères lectrices et chers lecteurs de Magcentre,
Face au confinement imposé à la France depuis le 17 mars, j’ai décidé d’écrire un journal de bord pour y exprimer, jour après jour, mon ressenti face à cette situation inédite qui nous oblige à réfléchir et surtout à revoir nos priorités. Vous y trouverez au fil de l’eau des infos pratiques en tous genres, selon l’humeur des conseils de sites, de lecture ou de cuisine ainsi que des coups de cœur ou des coups de gueule selon l’actualité du coronavirus. Mais surtout restons solidaires et zen les uns envers les autres.
Merci pour vos commentaires et vos encouragements, continuez vous aussi !
#restezchezvous
Nous attendons avec impatience le déconfinement alors que nous entamons notre 7e semaine d’assignation à résidence forcée. D’où l’enjeu majeur du grand oral de ce 28 avril après-midi du Premier ministre devant l’Assemblée nationale. Un discours d’une heure, suivi d’un vote consultatif, sans débats, mais avec les réactions des présidents des partis politiques de l’Assemblée nationale. Beaucoup n’ont pas manqué de pointer, une fois de plus, la mauvaise gestion de l’État concernant les masques (avec un manque total de mea culpa d’Edouard Philippe, il est vrai). Des partis qui ont aussi regretté que ce vote, consultatif encore une fois, ne soit pas précédé d’une période de 24 heures, afin de permettre aux élus de peaufiner leurs interventions.
Mais au-delà de cette phase démocratique, indispensable dans un état de droit, que faut-il retenir de cette allocution publique à haut risque, sachant que 6 Français sur 10 ne font pas confiance au gouvernement pour mener à bien le déconfinement et sans oublier les 64 % qui ne vont pas renvoyer leur(s) enfant(s) à l’école entre le 12 et le 25 mai ?
Assemblée Nationale confinée le 28 avril 2020 (capture d’écran) © SD
Sur la forme tout d’abord. Edouard Philippe s’est exprimé calmement et sobrement, sans effets de manche devant un hémicycle clairsemé de 75 députés de tous bords et en présence des ministres de la Santé, du Travail et de l’Économie. Après un court résumé de la situation exceptionnelle et inédite que nous traversons et après avoir remercié le dévouement et le civisme des Français, le Premier ministre est entré très vite dans le vif du sujet du déconfinement « progressif et prudent », a -t-il indiqué d’emblée, conscient visiblement de la nécessité de clarifier les annonces gouvernementales, parfois contradictoires de ces derniers jours sur le port du masque, la réouverture des cafés et des restaurants, la reprise de l’école ou du travail dans les entreprises.
Rappelant également que cette crise sanitaire renvoie tout le monde à une certaine humilité, Edouard Philippe a indiqué que le 11 mai n’est pas encore tout à fait acquis, prévenant qu’un relâchement du confinement début mai pourrait retarder le déconfinement, et qu’une deuxième vague de l’épidémie serait difficile à contenir pour nos soignants, notre économie et nous tous, en fait. Il a expliqué par ailleurs que le virus n’a pas touché notre pays de manière uniforme. C’est pourquoi il y aura dès le jeudi 30 avril une présentation de l’épidémie tous les soirs, département par département, avec une couleur rouge ou verte, attribuée à chacun le 7 mai en fonction de sa situation épidémiologique, et donc des restrictions plus fortes dans les départements rouges. Des départements qui auront ainsi une certaine marge de manœuvre pour mettre en musique ce plan via les préfets et les maires.
Edouard Philippe, Premier Ministre, discours déconfinement (capture d’écran) © SD
Très pédagogue, le professeur Philippe a ensuite indiqué un plan de déconfinement qui tient en trois mots : protéger, tester, isoler.
La protection, c’est bien sûr la question des masques : “Il y en aura assez à partir du 11 mai” a affirmé le chef du gouvernement tout en expliquant que le discours des scientifiques ( et donc sous-étendu celui du gouvernement ) avait évolué sur son utilité avec “une prise en charge de 50% de leur coût pour ceux achetés par les collectivités locales à partir d’un prix de référence”. Des masques qui seront distribués gratuitement aux personnes démunies via les CCAS (centres communaux d’action sociale). Un masque qui sera obligatoire dans les transports en commun et pourra être exigé par les commerçants.
Concernant les tests, 700 000 tests virologiques seront effectués chaque semaine à partir du 11 mai, avec une prise en charge à 100 % de la Sécurité Sociale. En cas de test positif, la personne (si elle n’est pas hospitalisée) sera isolée chez elle ou dans un lieu dédié (un hôtel réquisitionné). Par ailleurs, les personnes de son entourage seront également testées, le but étant de « casser la chaîne de contamination ». Et justement à propos de l’application StopCovid de traçage numérique des personnes contaminées qui est en cours d’élaboration, Edouard Philippe a indiqué qu’il avait entendu les interrogations sur les libertés individuelles qu’elle pourrait poser avec un débat législatif et le vote d’une loi avant son entrée en vigueur.
Edouard Philippe, 28 avril (capture d’écran) © SD
Le Premier ministre a ensuite annoncé les nouveautés de ce déconfinement (qui sera réévalué le 2 juin) avec notamment la fin de l’attestation de sortie, mais l’interdiction de faire des déplacements de plus de 100 km sans motif valable. De plus, Edouard Philippe nous recommande la plus grande précaution au cours de nos visites privées, la poursuite du confinement de nos personnes âgées dans les Ehpad et l’interdiction des rassemblements publics et privés de plus de dix personnes.
La réouverture des écoles aura bien lieu entre le 12 et 25 mai selon le calendrier déjà annoncé assorti de règles sanitaires drastiques. Les crèches également avec la présence de 10 enfants maximum ou de groupes de 10 enfants pour celles qui ont de grands locaux. Seule la réouverture des lycées est reportée à fin mai. C’est aussi la date à laquelle les cafés et les restaurants pourraient enfin rouvrir alors que les commerces de proximité pourront accueillir à nouveau des clients dès le 11 mai avec un cahier des charges très strict de respect des gestes barrières.
En revanche, les centres commerciaux périphériques de 40 000 m² garderont leurs portes closes au moins jusqu’au 2 juin, comme les cinémas, théâtres, grands musées, salles des fêtes et de spectacles. Toutefois les petites bibliothèques, médiathèques et petits musées pourront rouvrir dès le 11 mai. Les parcs et les jardins pourront rouvrir dès le 11 mai dans les départements verts mais l’accès aux plages reste interdit jusqu’au 2 juin. Enfin tous les rassemblements de plus de 5000 participants sont interdits jusqu’en septembre.
Edouard Philippe (capture d’écran) © SD
Concernant la reprise du travail dans les entreprises, le télétravail est encore largement recommandé et les horaires décalés préconisés (et bien sûr la protection des salariés) afin d’éviter l’affluence dans les transports en commun, notamment en Île de France. Des transports, bus, tram, métro, train, avion qui devront respecter l’occupation d’un siège sur deux, un sérieux casse-tête en perspective.
Enfin, les lieux de culte restent ouverts mais les cérémonies sont toujours interdites, tout comme les obsèques réunissant plus de vingt personnes. Les mariages doivent toujours être reportés mais les cimetières rouvriront le 11 mai.
Autant de mesures dont le but est de « tenir sur une ligne de crête et de casser la chaîne virale qui doit être remplacée par une chaîne de solidarité », a expliqué le Premier ministre, conscient de mettre en place le 11 mai « un régime de liberté, avec des restrictions, mais il en va de notre santé à tous » a-t-il conclu. Le rendez-vous est déjà pris le 2 juin pour une nouvelle étape du déconfinement.
A demain !