Journal d’un confinement #27 Lettre du coronavirus

Sophie Deschamps © GP

Chères lectrices et chers lecteurs de Magcentre,

Face au confinement imposé à la France depuis le 17 mars, j’ai décidé d’écrire un journal de bord pour y exprimer, jour après jour, mon ressenti face à cette situation inédite qui nous oblige à réfléchir et surtout à revoir nos priorités. Vous y trouverez au fil de l’eau des infos pratiques en tous genres, selon l’humeur des conseils de sites, de lecture ou de cuisine ainsi que des coups de cœur ou des coups de gueule selon l’actualité du coronavirus. Mais surtout restons solidaires et zen les uns envers les autres !

Merci pour vos commentaires et vos encouragements, continuez vous aussi !

#restezchezvous

Bonjour, c’est moi, le coronavirus !

il y a encore quelques mois, j’étais pour vous un total inconnu. Puis, on a commencé à parler de moi en Chine. Vous vous êtes alors dit que c’était loin et que cette épidémie ne concernait que l’Asie comme les virus précédents. Vous avez même ricané lorsque vous avez vu des personnes porter des masques (en majorité des asiatiques qui eux me connaissent et savent que je ne suis pas un vulgaire petit virus à gripette), et pire une vague de racisme a commencé à déferler un peu partout y compris en France avec la Une du “Péril jaune” du Courrier Picard le 26 janvier (dont il ‘est excusé ensuite). Mais quand j’ai débarqué en Italie, vous avez commencé à vous poser des questions même si pour beaucoup d’entre vous, il y avait encore l’idée que décidément ces Italiens fantasques ne savent pas se protéger.

Ensuite, je suis arrivé dans l’Est de la France, à la faveur d’un rassemblement évangélique et il y a eu les premiers cas de Covid 19, très vite suivis des premiers morts dans les hôpitaux. Et là, vous avez tous soudain compris qu’il se passait quelque chose de grave et d’inédit. Mais là encore, vous avez voulu vous rassurer. Certes, les écoles, les bars et les restaurants ont dû fermer très vite leurs portes, mais vous pouviez encore sortir et vous rassembler en petits groupes. 

Et puis, le 17 mars, vous vous êtes brutalement retrouvés assignés à résidence sans bien réaliser que je vous tombais dessus. Moi, un petit virus invisible mais dont l’image a très vite fait le tour des écrans du monde entier et fier de ma couronne, je règne aujourd’hui comme le pire des despotes. Et vous me prenez enfin au sérieux. Enfin, pas tout le monde mais ceux qui ont pensé que l’immunité collective allait m’affaiblir s’en sont très vite mordu les doigts, à l’instar de Boris Johnson qui s’est retrouvé sous oxygène à Londres, après avoir fanfaronné et serré moult mains, sur l’air de “le virus ne passera pas par moi “. Raté.

Je ne suis pas là pour juger mais entre sauver des vies et préserver l’économie, certains dirigeants ont eu du mal à abandonner les sacrés saints principes de l’économie ultra-libérale, estimant qu’une crise économique allait aussi mettre beaucoup de monde sur la carreau, ce qui est totalement vrai avec aujourd’hui 8 millions de personnes en chômage partiel en France et 17 millions au chômage tout court  aux USA dès le 2 avril pour ne citer que ces deux pays. 

D’ailleurs ce qui vous a fait hésiter au départ, vous les dirigeants américains, anglais et encore aujourd’hui brésiliens, c’est que le recours à l‘Etat-providence ne fait partie de votre ADN, mais vous n’avez plus le choix et vous êtes obligés à présent de mettre sur la table des milliards pour limiter les dégâts et surtout éviter que “vos petites mains” ne tombent malades. Le fameux argent magique, qui d’un seul coup existe. Mais ne vous croyez pas meilleurs, vous les dirigeants français qui depuis de longues années bradez peu à peu le service public pour le privé et mettez à genoux votre système de santé, une fragilité sur laquelle je prospère aujourd’hui  et que, paradoxalement, je vais sûrement sauver, un comble.

Bon d’accord, je suis la cause de beaucoup de morts dans le monde et ce n’est pas fini, mais je ne m’attaque pas qu’aux plus faibles. De plus,  je tiens à vous rappeler que je ne suis qu’un virus, sans sentiments ni morale, alors que vous humains devriez être capables de compassion et de solidarité vis-à-vis des plus faibles et des plus pauvres. Non, vous, riches et puissants, faîtes exactement le contraire pour remplir toujours plus vos coffre forts. 

En revanche, j’ai de la mémoire et si vous ne tirez pas les leçons humaines, sociales, sanitaires et économiques de cette pandémie quand elle sera terminée, je reviendrai, soyez en sûrs, tôt ou tard mais sous une autre forme et pour vous tout sera à recommencer. Alors, si vous ne voulez plus jamais me voir réapparaître, vous savez à présent ce qu’il vous reste à faire.

D’ailleurs, j’ai même commencé le boulot pour vous en France en mettant à terre la réforme des retraites et de l’assurance-chômage, en stoppant votre projet de brader la quasi totalité des Ephad au privé, en diminuant la pollution… Donc, à vous de poursuivre et de profiter de mes “effets secondaires” comme le dit le joli texte de Grand Corps Malade (l’intégralité des revenus de ce morceau sera reversée à l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis (93) et l’hôpital François Quesnay de Mantes la Jolie (78) via la Fondation Hôpitaux Paris – Hôpitaux de France.)

Commentaires

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  1. Dans ce cadre du journal du confinement Ça serait bien d’arrêter ce ton moralisateur et infantilisant les professeurs de vertu ca devient fatiguant Le je ne juge pas …..et toujours suivi d’un jugement

  2. Merci d’avoir prêté votre plume au Covid19, et quelle sagesse Sophie (du grec sophia), sage dans vos propos mesurés, simples et montrant l’évidence de ce que nous vivons et ses origines.
    N’en déplaise aux adeptes du continuons comme avant, business as usual et autres paroles: “c’est le moment d’investir en bourse… on ne va pas polémiquer sur la mort d’une caissière… après il va falloir travailler plus …” (A.Pannier-Runacher Secrétaire d’état Economie et finances le 9 avril 2020).

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