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Article publié le 11 octobre 2016 dans la rubrique Culture
> « La vertu d’une inconscience ». C’est par ce bel aphorisme que Gérard Capazza décrit, dans un reportage télévisé, l’aventure artistique qui l’a conduit à créer à Nançay en Sologne l’une des plus belles et des plus prestigieuses galeries d’art contemporain en France.
De l’inconscience sans doute en fallait-il beaucoup lorsque l’on voit les images de cet immense bâtiment quasiment en ruines qu’il a fallu restaurer pierre par pierre, tuile par tuile, pour devenir ce magnifique lieu d’exposition, mais aussi une volonté et une profonde conviction de l’importance de l’art et de la création artistique comme puissant moteur de progrès pour la société humaine. Car si le projet de Gérard Capazza et de son épouse, Sophie, s’inscrit clairement dans les utopies des années soixante dix, le site créé à Nançay a su depuis s’inscrire dans le monde de l’art contemporain sans se renier.
L’enfant de Malraux et de mai 68
Béatrice Casanova et Gérard Capazza
Alors qu’à quelques kilomètres de là et quelques années auparavant, André Malraux avait inauguré la première maison de la culture à Bourges, conçue comme une cathédrale du XXe siècle pour accueillir une culture « décentralisée », Gérard Capazza lui rêvait d’un lieu artistique qui pourrait accueillir des artistes dans une rencontre directe avec le public.
Il crée en mars 1975 une sorte de communauté dont le premier projet prit forme sous le nom de Grenier de Villâtre dans une vieille ferme isolée dans le village de Méreau, où se croisaient peintres, sculpteurs, chanteurs ou poètes. Et de cette époque fondatrice, Gérard Capazza a gardé cette relation avec les artistes toujours bâtie sur un coup de cœur qui conduit à une amitié, mais aussi cet esprit d’ouverture vers le public dont la galerie reste le lieu de médiation. En 1978, le grenier de Villâtre migrera dans les écuries du château de Nançay, un corps de bâtiment de 2.000m² que le couple Capazza va entreprendre de totalement restaurer…
Une galerie initiatique
Aujourd’hui, ce qui fait le succès confirmé de ce lieu artistique c’est tout à la fois la qualité des artistes choisis et exposés par la Galerie, mais aussi la qualité « pédagogique » des accrochages qui a la merveilleuse faculté de rendre l’art contemporain accessible au plus grand nombre. Car Gérard Capazza n’a pas renié ses origines, son projet sans cesse renouvelé et amplifié de bâtir un lieu d’échange avec le public des visiteurs, un lieu dont la mission première avant même de faire commerce des œuvres d’art est bien de favoriser le développement humain par le contact direct, sans autre médiation que le regard contemplatif, avec la création artistique.
La Galerie Capazza est en quelque sorte un lieu initiatique, un peu comme le furent sans doute Lascaux ou les Eyzies, un lieu où l’individu se transcende par la découverte artistique. Il y a dans ces murs une sorte de mystique de la création artistique, et en ces temps où le religieux ressurgit puissamment dans nos sociétés, Gérard Capazza et sa galerie nous rappelle que l’art participe aussi et de façon essentielle à l’interrogation mystique de l’humanité. « Chaque artiste présenté à la galerie l’est parce que nous croyons en lui et en la force de son œuvre. La reconnaissance peut être plus ou moins longue pour chacun, ce n’est pas ce qui conditionne notre choix » Laura Capazza-Durand
Et l’aventure continue
Pour cette quarantième saison, Sophie et Gérard Capazza ont décidé de confier le destin de la galerie à leur fille Laura et à leur gendre Denis Durand. La voie est tracée et comme pour baliser l’avenir de ce « laboratoire de la création contemporaine », le film “Ensemble depuis quarante ans” réalisé par Béatrice Casanova, nous propose une rencontre avec le visage et la voix de quelques uns de ces artistes qui forment la famille “Capazza”, tous nous racontent, chacun à sa façon, ce qui l’unit à ce lieu magique et à celui qui l’a voulu ainsi.
Un bel hommage au génie de Gérard Capazza et à sa galerie, qui non seulement mettent le travail des artistes en beauté, mais aussi leur offrent un havre de réflexion, une famille, l’un même, parle dans ce film, d’un monastère où, comme au Moyen-âge, le beau était mis à l’abri des folies humaines…ou comme la station de radioastronomie (www.poledesetoiles.fr) tout proche, un lieu à l’écoute des vibrations du monde de la création contemporaine bien au delà de nos frontières.
“Goudji, fantastique métal”
Goudji est un artiste permanent de la galerie depuis 1977, et l’exposition qui lui est consacrée au première étage de la galerie est l’occasion de retrouver cet artiste orfèvre, avec ces créations fantastiques, mi-objet mi-animal, qui nous fascinent instantanément, tant par la beauté de leur réalisation que par cette étrange impression qu’elles sont habitées par une histoire qui peuple nos rêves d’enfance.
“Bien que mon désir de réaliser des objets de culte parut invraisemblable vu d’Union Soviétique, j’eus très jeune la conviction, après mes études aux Beaux-Arts de Tbilissi, qu’il me fallait créer, de mes propres mains, des objets uniques, en aucun cas reproductibles, dans un matériau noble pouvant défier le temps, des objets de beauté, à la gloire de Dieu.”
Gérard Poitou.
La Galerie Capazza
1 rue des Faubourgs 18330 Nançay / France +33(0)2 48 51 80 22
Samedis, dimanches et jours fériés 10h-12h30 14h30-19h 5 €
https://www.galerie-capazza.com/fr/
Les artistes exposés