Sophie Deschamps © GP
Chères lectrices et chers lecteurs de Magcentre,
Face au confinement imposé à la France depuis le 17 mars, j’ai décidé d’écrire un journal de bord pour y exprimer, jour après jour, mon ressenti face à cette situation inédite qui nous oblige à réfléchir et surtout à revoir nos priorités. Vous y trouverez au fil de l’eau des infos pratiques en tous genres, selon l’humeur des conseils de sites, de lecture ou de cuisine ainsi que des coups de cœur ou des coups de gueule selon l’actualité du coronavirus. Mais surtout restons solidaires et zen les uns envers les autres !
Merci pour vos commentaires et vos encouragements, continuez vous aussi !
#restezchezvous
C’est un questionnement qui aurait fait un beau sujet pour le bac philo. En tout cas, le débat entre santé et libertés est lancé depuis quelques jours déjà en France, notamment autour du traçage numérique dit géotracking. Une géolocalisation qui si elle était autorisée dans notre pays permettrait de repérer les personnes atteintes du Covid-19 par détection thermique via nos smartphones. Une application commandée par le gouvernement est même en cours de création dans ce sens. Elle pourrait entrer en vigueur au début du déconfinement, sur la base du volontariat, pour éviter notamment une seconde vague de la pandémie.
Mais voilà, certains s’inquiètent d’un possible espionnage de nos déplacements qui pourrait alimenter des fichiers d’État. Une inquiétude qui n’est pas tout à fait sans fondement, si l’on se rappelle que la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) a été créée en France suite au scandale du projet Safari, révélé par le quotidien Le Monde en 1974. Un projet qui visait à interconnecter les fichiers nominatifs de l’administration française. D’ailleurs la CNIL donnera son avis sur cette future application.
Sans oublier les logiciels de surveillance (ou plutôt de malveillance) utilisés par certains employeurs via par exemple l’application sneek pour espionner leurs salariés en télétravail. Une pratique très répandue aux Etats-Unis et totalement interdite en France, mais ne nous faisons pas trop d’illusions.
Toutefois, ne soyons pas naïfs, nos données personnelles sont déjà largement siphonnées par les internet qui nous abreuve, et même plus pendant le confinement, de publicités ciblées, comme si notre préoccupation actuelle était de renouveler notre garde-robe, d’acheter les derniers outils high-tech, ou de remplir nos placards de produits cosmétiques. Ce qui n’a pas empêché la vente de produits de maquillage de baisser de plus de 80 % en mars, ce qui tend à prouver, et c’est plutôt rassurant, que notre temps de cerveau disponible n’est pas totalement soumis aux diktats du e-commerce.
Mais pour revenir au traçage numérique, il est très intéressant d’observer les autres démocraties qui l’appliquent déjà. L’exemple de Singapour pourrait bien inspirer l’Europe et la France comme l’explique l’Usine Nouvelle dans un article signé du 8 avril. Son application Trace together permet en effet de collecter des informations sans porter atteinte à la vie privée puisque les données restent dans chaque téléphone et ne sont pas stockées dans des fichiers centralisés. Mieux, en Corée du Sud ce traçage numérique a évité de confiner la population, ce qui n’est pas rien mais indique l’Usine Nouvelle « les informations communiquées ont été revues progressivement pour éviter une identification des individus, qui impliquait aussi le risque de dissuader la population d’aller se faire dépister ». Comme quoi la frontière reste mince entre nos libertés et notre santé. Une ligne rouge allègrement franchie par la Chine qui, selon Le New York Times, « s’est aussi servie de cette technologie pour partager des informations avec la police, permettant la création d’un modèle de nouvelle formes de contrôle social automatisé qui pourraient persister longtemps après la fin de l’épidémie ». Mais il est vrai que la Chine n’est pas une démocratie.
Le débat reste ouvert, à demain.