Sophie Deschamps © GP
Chères lectrices et chers lecteurs de Magcentre,
Face au confinement imposé à la France depuis le 17 mars, j’ai décidé d’écrire un journal de bord pour y exprimer, jour après jour, mon ressenti face à cette situation inédite qui nous oblige à réfléchir et surtout à revoir nos priorités. Vous y trouverez au fil de l’eau des infos pratiques en tous genres, selon l’humeur des conseils de sites, de lecture ou de cuisine ainsi que des coups de cœur ou des coups de gueule selon l’actualité du coronavirus. Mais surtout restons solidaires et zen les uns envers les autres !
Merci pour vos commentaires et vos encouragements, continuez vous aussi !
#restezchezvous
C’est une info publiée par France-Inter qui a retenue mon attention ce matin (4 avril). En effet, 58 parlementaires de tous bords lancent une plate forme numérique pour recueillir durant un mois les propositions de tous les citoyens qui le souhaitent parce qu’ils estiment « qu’un simple plan de relance ne suffira pas à faire redémarrer notre pays après la crise du coronavirus ». Ces élu-e-s de la République nous incitent à une grande réflexion collective pour amorcer « un grand plan de transformation de notre société et de son économie ». Jusque là rien à dire, l’initiative semble même judicieuse. Mais bien entendu, ces hommes et femmes politiques ont déjà des propositions dans leur besace, comme par exemple le fait que « les hôpitaux et les Ehpad devraient être placés en dehors de la loi du marché ».
Et là, on croit rêver parce qu’il y a longtemps que les usagers de la santé que nous sommes et les soignants hospitaliers disent et redisent sur tous les tons que l’on ne peut pas demander à un hôpital d’être rentable, mais de nous soigner et de nous maintenir en bonne santé afin, notamment, de faire tourner notre belle machine économique et accessoirement vivre heureux. Il aura donc fallu ce redoutable petit virus pour que les certitudes néolibérales qui entendent tout marchandiser, notre santé, et tout aussi choquant, la fin de vie de nos aînés, commencent à être questionnées, voire remises en cause. Et encore on notera le frileux « devraient » quand il faudrait dire « doivent être impérativement ».
L’usine Fagor-Brandt de Saint-Jean-de-la-Ruelle.©DR
Autre proposition : « Une partie de l’activité industrielle devrait être délocalisée dans notre pays. » Là encore la dénomination est curieuse. Toujours ce fameux « devrait » et « délocalisée » quand il faudrait dire « relocalisée ». Car c’est bien le patronat et les politiques qui ont décidé ensemble dans les années quatre-vingt-dix de délocaliser la majeure patrie de notre industrie dans les pays en voie de développement. Ainsi, en 2002, Guillaume Sarkosy, le frère de Nicolas, alors vice-président du Medef, président de l’Union des industries textiles était fier d’asséner que « la perte d’emploi, c’est l’évolution ». L’objectif affiché et assumé était de faire baisser les coûts de production et de garder dans les pays riches, la partie noble d’un produit, c’est-à-dire la recherche et le développement, le marketing et la publicité. Une stratégie parfaitement expliquée et détaillée déjà en 2000 dans le fameux essai anticapitaliste de Naomi Klein No Logo (Actes sud). Ainsi, la Chine a accepté de devenir l’usine du monde, ce qui lui permet par exemple de revendre aujourd’hui les précieux masques chirurgicaux, au prix fort et aux plus offrants.
Nos 58 parlementaires français préconisent encore de « sérieusement nettoyer les règles budgétaires européennes » ou encore « un congé parental plus équilibré entre femme et homme ». Sur ce dernier point, on peut rappeler qu’un rapport remis en 2011 à Roselyne Bachelot, alors Ministre des Solidarités préconisait déjà « un mois de congé paternité ».
Alors, à nous de nous emparer maintenant de cette plate-forme en y ajoutant nos contributions. Car dans l’après coronavirus, il y aura aussi la nécessité absolue de retrouver notre force citoyenne de critiques et de propositions, sinon nous ne pourrons que nous taire et accepter les décisions venues d’en haut.
A demain !